DOSSIER : Le cinéma et ses conjurations
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RIDM 2013

Par Alexandre Fontaine Rousseau




Certes, ce ne sont pas les grosses pointures qui manquent cette année, aux Rencontres Internationales du Documentaire de Montréal : l'incontournable Frederick Wiseman est de retour avec At Berkeley, Nicolas Philibert s'intéresse à Radio-France dans La maison de la radio, Rithy Panh signe avec L'image manquante un nouvel essai sur la mémoire et le géant Marcel Ophuls sera présent dans le cadre d'une rétrospective complète de son oeuvre…

Mais ce qui impressionne le plus, c'est de voir à quel point la programmation du festival gagne en profondeur et en diversité avec chaque nouvelle édition. Comme si, par le biais de sa programmation à l'année, le festival avait su développer une vision cohérente du cinéma documentaire que venait cimenter définitivement cette 16e édition.

Par le biais de sa rétrospective du travail du Sensory Ethnography Lab, par exemple, le festival propose de faire suite à la révélation que fut la présentation l'année dernière du fameux Leviathan de Julien Castaing-Taylor et Véréna Paravel. En plus de ce film, on pourra ainsi découvrir le Sweetgrass réalisé trois ans plus tôt par Castaing-Taylor et Ilisa Barbash ou encore Foreign Parts que signaient Paravel et J.P. Sniadecki en 2010. Neuf films, en tout, seront présentés dans le cadre de ce programme pour le moins prometteur.

Autre présentation à ne pas manquer : celle des trois films de Yuri Ancarani, cinéaste italien dont les documentaires semblent en quelque sorte confronter les codes du cinéma de genre à une réalité extrêmement clinique. Dans Piattaforma Luna, étouffante plongée dans les profondeurs de l'océan qui s'apparente à une expédition spatiale, la représentation extrêmement concrète du quotidien à bord d'un sous-marin remet en question notre définition de la science-fiction. Dans Da Vinci, le corps humain vu de l'intérieur devient un étrange paysage cosmique que l'on explore avec un mélange de fascination et de révulsion rappellant à certains égards le body horror.

Si le coeur vous en dit, ne manquez pas non plus la rencontre que j'animerai avec le cinéaste le jeudi 21 novembre, au Quartier général du festival.

Les amateurs de cinéma de genre ne voudront pas manquer A Masque of Madness de Norbert Pfaffenbichler – réflexion plastique s'annonçant fascinante sur le faciès infiniment malléable de l'acteur Boris Karloff. On dit aussi, un peu partout, le plus grand bien du Harry Dean Stanton : Partly Fiction de Sophie Huber, portrait intime de ce modeste comédien qui a joué pour Wim Wender et John Carpenter, David Lynch et Ridley Scott.

Enfin, parmi les films québécois, notons au passage la présentation du Bà Nôi de Khoa Lê ainsi que du plus récent film de l'inclassable Dominic Gagnon, Hoax_Canular, nouvelle plongée dans le monde étrange et déroutant de l'internet. Qui plus est, un programme en hommage au regretté Michel Brault regroupera quatre de ses films réalisés entre 1958 et 1969 : Les raquetteurs, Les enfants du silence, Québec-U.S.A. ou l'invasion pacifique ainsi qu'Éloge du chiac.

Bon cinéma!


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Article publié le 14 novembre 2013.
 

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