Certes, ce ne sont pas les grosses pointures qui manquent cette année, aux Rencontres Internationales du Documentaire de Montréal : l'incontournable
Frederick Wiseman est de retour avec
At Berkeley,
Nicolas Philibert s'intéresse à Radio-France dans
La maison de la radio,
Rithy Panh signe avec
L'image manquante un nouvel essai sur la mémoire et le géant
Marcel Ophuls sera présent dans le cadre d'une rétrospective complète de son oeuvre…
Mais ce qui impressionne le plus, c'est de voir à quel point la programmation du festival gagne en profondeur et en diversité avec chaque nouvelle édition. Comme si, par le biais de sa programmation à l'année, le festival avait su développer une vision cohérente du cinéma documentaire que venait cimenter définitivement cette 16e édition.
Par le biais de sa rétrospective du travail du
Sensory Ethnography Lab, par exemple, le festival propose de faire suite à la révélation que fut la présentation l'année dernière du fameux
Leviathan de Julien Castaing-Taylor et Véréna Paravel. En plus de ce film, on pourra ainsi découvrir le
Sweetgrass réalisé trois ans plus tôt par
Castaing-Taylor et
Ilisa Barbash ou encore
Foreign Parts que signaient
Paravel et
J.P. Sniadecki en 2010. Neuf films, en tout, seront présentés dans le cadre de ce programme pour le moins prometteur.
Autre présentation à ne pas manquer : celle des trois films de
Yuri Ancarani, cinéaste italien dont les documentaires semblent en quelque sorte confronter les codes du cinéma de genre à une réalité extrêmement clinique. Dans
Piattaforma Luna, étouffante plongée dans les profondeurs de l'océan qui s'apparente à une expédition spatiale, la représentation extrêmement concrète du quotidien à bord d'un sous-marin remet en question notre définition de la science-fiction. Dans
Da Vinci, le corps humain vu de l'intérieur devient un étrange paysage cosmique que l'on explore avec un mélange de fascination et de révulsion rappellant à certains égards le
body horror.
Si le coeur vous en dit, ne manquez pas non plus la rencontre que j'animerai avec le cinéaste
le jeudi 21 novembre, au Quartier général du festival.
Les amateurs de cinéma de genre ne voudront pas manquer
A Masque of Madness de
Norbert Pfaffenbichler – réflexion plastique s'annonçant fascinante sur le faciès infiniment malléable de l'acteur Boris Karloff. On dit aussi, un peu partout, le plus grand bien du
Harry Dean Stanton : Partly Fiction de
Sophie Huber, portrait intime de ce modeste comédien qui a joué pour Wim Wender et John Carpenter, David Lynch et Ridley Scott.
Enfin, parmi les films québécois, notons au passage la présentation du
Bà Nôi de
Khoa Lê ainsi que du plus récent film de l'inclassable
Dominic Gagnon,
Hoax_Canular, nouvelle plongée dans le monde étrange et déroutant de l'internet. Qui plus est, un programme en hommage au regretté
Michel Brault regroupera quatre de ses films réalisés entre 1958 et 1969 :
Les raquetteurs,
Les enfants du silence,
Québec-U.S.A. ou l'invasion pacifique ainsi qu'
Éloge du chiac.
Bon cinéma!
Le blogue du festival