68 KILL
Trent Haaga | États-Unis | 2017 | 96 minutes
Sanglant
road movie, relecture de la Bible, réflexion sur l’argent…
68 Kill est peut-être un peu de tout ça.
Le film de Trent Haaga nous conduira d’un point A à un point B — tout en multipliant les détours, les accidents de parcours et autres gênants obstacles — sur les routes maculées de sang de la Nouvelle-Orléans. Chip, un attachant antihéros dont la tâche est de déboucher les chiottes, entretient une relation quelque peu tordue avec Liza, une explosive bombe sexuelle. À la fois pute de luxe, danseuse nue et nymphomane sadique, Liza tient par les couilles son mec qui, totalement soumis, ne semble pas trop se plaindre de la besogne conjugale qu’il doit sans cesse accomplir. Mais voilà qu’un jour Liza bave d’envie pour une autre bourse, contenant 68 000$, dormant dans le coffre-fort d’un détestable client. Elle convainc alors son Jules, grand trouillard devant l’Éternel, de prendre les armes et de l’aider à le cambrioler. Malgré ses protestations, il finira par plier. Première erreur. Dès lors, se trouvera sur le chemin de ce sympathique pleutre une infinité de carrefours dont il ne fera qu’emprunter le mauvais virage, tâchant de laver le sang qu’il a sur les mains par le sang qu’il fera encore couler, en multipliant les «
I’m so sorry… », les «
I didn’t want to… » et les «
If only I had a Time machine… » craquants de sincérité. Bref, l’adaptation du roman de Bryan Smith nous donne à voir l’émouvante — mais néanmoins comique — descente aux enfers d’un personnage dont on se plaît à penser qu’il s’est embarqué dans une histoire que nous aurions su éviter.
Pourtant, quiconque a lu la Genèse sait bien qu’il ne faut pas faire confiance aux femmes. Car Liza est vraiment une Ève moderne tentant de corrompre son pusillanime Adam. C’est elle qui, titillée par la pomme de 68 000$ accrochée dans le coffre-fort de son serpent de client — lequel d’ailleurs se plaît à empailler tous les animaux de la Création que notre Adam de pacotille aurait eu du mal à nommer — tente, mielleuse, perfide, pateline, de convaincre l’ingénu. C’est elle qui mène, c’est lui qui obéit. C’est elle qui tape, qui tire et qui tue, c’est lui qui assiste et pleurniche comme une gonzesse. Car les pleurs — mais aussi les coups, les ecchymoses et les cicatrices — ravageront le mignonnet minois de l’éphèbe. Tout au long de son chemin (de croix), bien décidé à couper le cordon avec son Ève castratrice, à se défaire de la courroie qui le tient en laisse, Chip cherchera à devenir un homme. Objet sexuel contraint d’offrir un cunnilingus à la toutoune malpropre de la station-service où il quémande des informations, il devra enfin admettre que son confrère de travail avait raison : il faut se méfier des chattes. À la fin de cette épopée, Chip, exsangue et ironiquement maculé de sang, roulant seul à bord de sa Mustang rouge, un sac plein de fric sur le siège du passager, hésitera à venir en aide à une pulpeuse bimbo en panne sur le bord de la route. Pensant à tout ce qu’elles lui ont fait subir, il continuera, enfin affranchi du sexe, pensant avec sa tête et non avec sa queue, sa route. Si seulement Adam avait eu une Mustang…
Mais au terme de ce sanglant
road movie, à la fin de cette petite apocalypse, il nous reste aussi, peut-être, une réflexion sur l’argent. Ce magot tant convoité — auquel il n’aurait manqué d’ailleurs qu’un autre million pour faire un joli 69 — ne permettra à aucun personnage d’acheter ce dont il aurait pu rêver. Non. Cet argent passera de main en main en permettant d’assouvir des pulsions d’un tout autre ordre. Car l’argent, dans
68 Kill, ne permet pas d’acheter, de posséder, de flasher ou de s’afficher, mais d’être et de faire, de se réaliser et d’aller au bout de ses pulsions, même les plus morbides. En effet, l’argent permet à chacun qui le tient (pour un temps fugace) — parce qu’il est convoité par celui qui ne le tient plus — de menacer, d’invectiver, d’opprimer, de torturer, de battre, de tuer… et de jouir. Voilà, peut-être la réelle morale de l’histoire : l’argent fait que celui qui le possède ne se possède plus.
(Jean-Marc Limoges)
L’ANGE ET LA FEMME
Gilles Carle | Québec | 1977 | 88 minutes | Genres du pays
On la croirait éjectée du précédent film de Gilles Carle,
La tête de Normande St-Onge (1975), où elle finissait emmitouflée dans l’imaginaire : Carole Laure, vêtue ici d’un grand manteau d’hiver, déboule à tout rompre une colline enneigée au premier plan de
L’ange et la femme, deuxième fantaisie de suite, celle-là plus insidieuse encore. Se jette sur elle Lewis Furey, qui sera bientôt son compagnon de vie et qui, à l’époque, joue pour la première fois sous Carle, l’ex-amant de l’actrice. À l’écran, une relation mystérieuse, entre cette femme qui a perdu la mémoire et cet homme qui se nomme Gabriel (comme l’ange). Derrière, un triangle amoureux, cruel, où un cinéaste se résout à filmer son ancien amour tomber de nouveau amoureuse. Cumulées, ces tensions s’emparent du film, qui devient autant un film la posture de Carle comme cinéaste que sur ce couple qui médite sur la pureté de l’amour.
D’abord la posture. Celle de Carle, comme d’habitude, a quelque chose d’irréprochable. La franchise domine ses plans, celle des sentiments amoureux, d’une femme qui ne doit pas se souvenir d’où elle vient, de la fébrilité des corps qui se découvrent, le tout dans un noir et blanc feutré de François Protat qui aiguise les silhouettes et leur rend leur sensualité primitive (à ce sujet, saluons la copie parfaite dénichée pour l’excellente programmation de « Genres du pays »). Le couple se tourne autour, dans ce qui s’avère somme toute un huis clos, sans espace pour ventiler, sans aucune scène pour laisser le champ libre à la construction d’un quotidien structuré.
L’ange et la femme est un film sur le sublime, donc sur la rencontre entre le sacré et le profane, entre un ange et une femme (qui, la finale nous le dit, refait toujours les mêmes erreurs, se retrouve toujours dans le même pétrin), un film sur l’inéluctabilité de certaines choses dans l’amour et sur ce que ce poids, cette destinée manifeste, fait faire aux gens qui y croient. Ces sujets font travailler Carle sur des territoires qui lui sont alors moins connus, à soigner une mise en scène onirique, ouvertement influencée par le cinéma des premiers temps, par les films de Bergman et les intérieurs à l’ambiance flottante de Cocteau. Quant à l’amour, sans surprise, il s’en tire et donne à Laure et Furey un parfait conte de fées à l’image du trio créateur. Pendant que Carle équilibre un ton fantasmagorique sans trop le prendre au sérieux, avec quelques gags, rares mais sentis pour l’éloigner de tout pathétique, Furey livre une bande sonore qui rend palpable la force d’envoûtement du couple ; les deux hommes, par l’image et la musique, rendent tour à tour hommage à leur passion commune. Comme dans
La Mort d’un bûcheron (1973), Laure cherche à comprendre d’où elle vient, à mettre le doigt sur ce qui fait d’elle la femme qu’elle est au présent. Or si elle menait auparavant l’enquête, ici elle se laisse emporter et peine à définir sa propre trajectoire ou encore à s’y arracher, tellement que s’il y a une chose à reprocher à
L’ange et la femme, c’est qu’entre le cinéaste et le compositeur, Laure est la seule qui semble réellement condamnée.
Un peu moqueur, jusque dans sa finale qui boucle sa boucle,
L’ange et la femme apparaît finalement comme une sombre farce que Carle fait à l’amour (qui l’a trahi) et au cinéma (qu’il aime trahir). Une manière de prendre de la distance, de saisir, dans cette expérience formelle sans commune mesure dans son œuvre, comment les sentiments se rencontrent et en quoi la naissance du cinéma (du plaisir du cinéma) est intimement liée au plaisir de filmer l’amour.
(Mathieu Li-Goyette)
FABRICATED CITY
Park Kwang-hyun | Corée du Sud | 2016 | 126 minutes
Une ville en flammes, des hélicoptères qui attaquent, des commandos qui sautent, des fusillades qui éclatent, des tanks qui explosent… qu’on se rassure, un déboîtement nous apprend que nous sommes dans un jeu vidéo multijoueurs dont un des talentueux protagonistes vient de « mourir » puisque, à défaut de sauver ses fesses, il cherche à sauver celles de ses pairs, qu’il n’a jamais physiquement rencontrés. L’altruisme aura toutefois raison de Kwon Yoo qui, rendant service — dans la vraie vie — à une jeune inconnue, sera bientôt (injustement) accusé du viol et du meurtre de celle-ci et conduit en prison, là où l’entraide est un concept inconnu et où le moindre écart peut être funeste. L’enfer qu’il vit — raconté à coup de caméra agitée et de montage nerveux — nous fait espérer que ce segment connaîtra aussi son déboîtement. Or, il n’en sera rien. Contrairement à l’univers ludique, l’univers carcéral ne multiplie pas les « vies ». Aussi Kwon Yoo doit-il apprendre à se battre pour vrai s’il veut survivre dans ce microcosme et faire preuve d’ingéniosité s’il veut réussir à s’en enfuir.
Néanmoins aidé par un vieux prisonnier qui se doute bien que le jeune n’est pas coupable, il retrouvera sa liberté, tentera d’obtenir réparation, et découvrira le vrai visage de ses compagnons de jeu, lesquels ont laissé tomber leur anonymat pour venir en aide réellement à celui qui les a si souvent aidés virtuellement. Ceux-ci, cependant, à l’instar de leur personnage, devront chacun faire valoir leurs «
skills », qui leur permettra — en unissant leurs efforts — de démasquer le vrai coupable (lequel, d’ailleurs, continue de multiplier ses mauvais coups). Et c’est ici que le message du film apparaît le plus clairement : l’informatique aurait créé, à la fois, des
gamers qui, contrairement à ce que l’on croit, ne sont ni individualistes ni asociaux (car ce sont eux, dans cette histoire, qui apportent concrètement leur aide), et des technocrates mégalomanes qui, profitant d’un pouvoir qu’on leur a pourtant prêté, vivent, quant à eux, comme dans un jeu vidéo, tirant les ficelles, manipulant les personnages, décidant des destins, bref, contrôlant tout ce qui grouille dans une ville qu’ils ont eux-mêmes « fabriquée ».
Qui aurait cru que la liberté fût pire que l’emprisonnement ? Et que l’univers virtuel fût plus juste et plus clément — voire moins dur et moins violent — que l’univers réel ? Le déboîtement du début (on y revient) continue de nous hanter. Nous souhaiterions que tout cela ne fût qu’un rêve. Mais non. L’informatique a généré deux types de « monstres » avec lesquels il faut désormais apprendre à vivre : les uns s’ingéniant à rendre justice dans un monde factice, les autres qui, plutôt que de l’appliquer dans le monde réel, mettront en scène des crimes qui conduiront de faux coupables dans de vraies prisons.
(Jean-Marc Limoges)
MAYHEM
Joe Lynch | États-Unis | 2017 | 88 minutes
Voici une « maison des fous » qui vire mal. Joe Lynch part d’un embryon atrocement simple, lequel promet toutefois de générer les plus imprévisibles dérapages. Imaginons un virus qui peut annihiler, chez celui qui le chope, toute inhibition, toute retenue, toute censure. Introduisons maintenant ce virus dans une firme d’avocats où l’injustice — c’est bien connu — fait loi.
Mayhem (traduction : grabuge, pagaille, désordre, mais aussi mutilation) ouvre ses portes capitonnées sur le résultat de cette greffe. On suit Derek Cho, jeune avocat idéaliste (comme ils le sont souvent au début de leur carrière) qui, d’un côté, justifie au nom de sa firme auprès de Melanie Cross, une cliente flouée, une décision qu’il juge pourtant injuste et qui, de l’autre, se retrouve lui-même victime d’une injustice commise par cette même firme. Jusque-là, la boîte est filmée par une caméra fixe qui capte le tout en plans d’ensemble. Les cadrages sont soignés. Tout est gris, blanc, aseptisé. Le regard demeure froid, dégagé, chirurgical. Puis le virus affecte les cadres. La caméra s’agite. Les gros plans pullulent. Le montage s’énerve. Le rouge prédomine. Bref, le chaos règne. Tout le monde s’envoie ses quatre vérités et des poings sur la tronche. Mais pourquoi toute cette violence ? Il n’y a pas de responsables, et encore moins de coupables : c’est la « firme » qui décide.
À l’heure où de riches entreprises peuvent elles-mêmes poursuivre de pauvres larbins sous le titre de « personne morale », ce film n’apporte pas de solutions, mais procure tout de même un plaisir cathartique. Comme Cho, nous voudrions bien, nous aussi, que cette « personne morale » prenne corps dans une « personne physique » pour au moins pouvoir, une seule fois, lui « botter le cul » (ou lui enfoncer des clous dans le crâne).
(Jean-Marc Limoges)
THE TOKYO NIGHT SKY IS ALWAYS THE DENSEST SHADE OF BLUE
Yuya Ishii | Japon | 2017 | 108 minutes
Le titre du film annonce les couleurs : ce sera un film poétique, assurément, mais surtout un film de l'observation, avec ces détails subtils qui peuvent apparaître ou nous être cachés, selon l’angle de l’observateur. Mika et Shinji ne se connaissent pas, pas encore. Ils sont deux âmes solitaires qui observent le monde autour d’eux à leur manière et y perçoivent des subtilités qui échappent aux autres (ces dirigeables qui traversent une partie de ciel entre deux immeubles). Mika et Shinji vont se croiser régulièrement sans se parler, échanger quelques regards, puis quelques paroles, pour finalement développer ce qui ressemble à une relation. Cependant est-ce que leur vision du monde peuvent permettre à une telle relation d’exister ? Est-ce que le défaitisme relationnel de Mika peut être renversé et l’anxiété chronique de Shinji atténuée ? Est-ce que leurs âmes solitaires peuvent cohabiter ? C’est au rythme de leurs rencontres dans ces nuits de Tokyo et au son des magnifiques poèmes de Tahi Saihate (d’où le film puise son inspiration) que le réalisateur Yuya Ishii dresse un portrait des angoisses de cette jeune génération nippone vivant dans la capitale. On y découvre une classe ouvrière qui peine à survivre financièrement, une jeunesse inquiète des conséquences du désastre nucléaire de Fukushima, déçue par le manque ou le détournement d’informations, se questionnant sur l’impact des Jeux olympiques de 2020 et, surtout, cherchant à communiquer entre eux malgré un certain mal de vivre. On y perçoit une solitude dans un bassin de millions d’individus. Le cinéaste se permet tout de même de résister au ton grave que pourrait prendre son film en ne lui collant pas une humeur en particulier mais en le laissant respirer au rythme des chemins que prennent les protagonistes dans les rues de Tokyo, de passer de la tristesse au rire, de l’angoisse à l’espoir, se permettant au passage quelques fantaisies visuelles et des scènes d’animation. Imprégné d’une douce mélancolie, le film, à l’image de Shinji qui est borgne, renvoie à l’image de cette jeunesse, du monde, de la nôtre, qui ne perçoit qu’une partie du portrait, de leur ville, des gens, de la vie. Reste cette chanteuse de rue qui, après nous avoir accompagnés durant le film, voit sa carrière décoller et devenir d’une certaine manière porteuse d’espoir pour Mika et Shinji. Après avoir donné au public de Fantasia d’autres très bons films comme
Mitsuko Delivers,
Sawako Decides et
The Great Passage, le cinéaste Yuya Ishii nous offre avec
The Tokyo Night Sky Is Always the Densest Shade of Blue son meilleur coup, empreint d’une grande sensibilité
. (David Fortin)
TIGER GIRL
Jakob Lass | Allemagne | 2017 | 90 minutes
Tiger, adolescente aux courts cheveux noirs, est une marginale vivant dans un autobus désaffecté stationné en permanence sur une rue de Berlin et empilant son fric en commettant divers larcins. Maggy — qu’elle surnommera Vanilla — est une jeune fille aux longs cheveux blonds qui veut entrer dans la police. Quand leurs chemins se croisent, dans le stationnement d’un centre commercial où Vanilla, trop timorée pour se faire entendre, vient de subir une petite injustice, Tiger lui apprendra à se faire respecter (on ne pique pas les places de stationnement impunément !). D’abord timide, Vanilla prendra de plus en plus d’assurance dans ses actes de vandalisme. Mais si les motivations de Tiger nous demeureront obscures, celles de Vanilla prendront tranquillement corps. En effet, sans cesse humiliée par son professeur à l’école de police, voilà qu’elle canalise sa vengeance sur la société qu’elle voulait cependant protéger.
L’abondance de «
jump cuts » faisant sautiller l’épopée urbaine de ce tandem féminin affiche le parti pris résolument documentarisant de
Tiger Girl. Filmé, en somme, comme une télé-réalité, dont la caméra à l’épaule aurait roulé sans arrêt pour capter les moments les plus truculents que le monteur aurait conservés, le film de Jakob Lass nous offre un portrait à la fois comique et touchant qui nous laisse néanmoins avec un goût amer dans la bouche. Qu’arrive-t-il quand deux filles, que tout oppose, se rencontrent ? Voilà la prémisse, toute simple, à partir de laquelle le réalisateur laissera évoluer ses deux protagonistes. Au terme du film, Vanilla est devenue plus aigrie — et donc plus violente — que Tiger, qui lui a simplement montré la voie. Mais derrière les actes commis par Tiger, il semblait toutefois se cacher quelques règles que Vanilla ne semble plus respecter. Effrayée par le visage méconnaissable de son épigone, devenue incontrôlable, Tiger — reconnaissant sans doute sa propre laideur — s’en ira, à reculons. Mais cette laideur-là, c’est la société elle-même, semble nous dire Lass, qui l’a créée.
(Jean-Marc Limoges)
PRÉSENTATION
JOUR 1
(The Vilainess, JoJo's Bizarre Adventure: Diamond is Unbreakable – Chapter 1,
Super Dark Times)
JOURS 2-3
(A Ghost Story, The Honor Farm, Museum)
JOURS 4-5
(Animals, Brigsby Bear, Confidential Assignment, Liberation Day, My Friend Dahmer)
JOURS 6-7
(Bitch, The Little Hours, Origami, Radius, Poor Agnes,
Valerian and the City of a Thousand Planets)
JOURS 8-10
(78 / 52, The H-Man, House of the Disappeared,
The Night of the Virgin, The Senior Class)
JOURS 11-12
(A Day, Cold Hell, Have a Nice Day,
Ron Goosens, Low-Budget Stuntman)
JOURS 13-15
(Good Time, King Cohen, The Laplace's Demon,
Most Beautiful Island)
JOURS 16-19
(68 Kill, L'ange et la femme, Fabricated City, Mayhem,
The Tokyo Night Sky is Always the Densest Shade of Blue, Tiger Girl)
ENTREVUE AVEC LARRY COHEN
JOURS 20-21
(Bushwick, Fritz Lang, Geek Girls, Tragedy Girls)