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Fantasia 2024 : Partie 2

Par Samy Benammar, Thomas Filteau, Mariane Laporte, Laurence Perron, Olivier Thibodeau et Claire Valade

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prod. Paradox House

THE BEAST WITHIN
Alexander J. Farrell  |  Royaume-Uni  |  2024  |  96 minutes  |  Sélection 2024

The Beast Within annonçait de belles choses avec sa scène d’ouverture, tout en atmosphère gothique et en évocation plutôt qu’en exposition. Cette forêt, avec ses arbres gris aux troncs décharnés et rectilignes, ces bancs de brume ou de vapeur qui pointent vers une froide humidité, cette torche qui brûle dans la nuit, ces grognements inquiétants d’une bête invisible, le visage surpris et terrorisé d’une vieille femme, cette pleine lune couleur de sang, tout cela donne indéniablement le ton. Rien de particulièrement nouveau comme traitement, mais de la beauté et de l’efficacité qui intriguent.

Bien que le synopsis annonce une histoire se déroulant de nos jours, ou à tout le moins dans un passé récent, nous voilà invité·e·s dans un conte de fées des frères Grimm. La suite, avec ses nuances de verts et de gris saturés des paysages sauvages d’arrière-pays, continue d’augurer pour le mieux alors qu’on nous présente la famille au cœur de ce drame d’horreur dans sa vaste maison de ferme ancestrale à moitié décrépite avec ses murs rouge et vert profond, mélange d’ancien et de contemporain qui brouille l’époque réelle. Adoptant presque immédiatement le point de vue de la fillette, double évident du Petit Chaperon rouge, le film plonge dans ce que tout bon conte de fées fait de mieux : servir de métaphore à une vérité du monde réel. Dans le cas présent : la famille dysfonctionnelle, les comportements abusifs, les secrets de famille qu’on tente de cacher. La « bête » au cœur de l’homme, quoi. Tout y est : un grand-père plutôt qu’une mère-grand, un père à la fois loup et bûcheron, une mère tant protectrice que complice des mauvais traitements. La photographie, les détails méticuleux, comme la maquette et le manoir en ruine, sont magnifiques, les interprètes sont excellents, à commencer par la jeune Caoilinn Springall qui incarne l’héroïne Willow. Mais la magie n’opère pas.

Si le film évoque par moments le fabuleux The Company of Wolves de Neil Jordan (1984), à un point qu’on pourrait même se demander si The Beast Within ne souhaitait pas être carrément un hommage, mais il manque au film d’Alexander J. Farrell ce que l’œuvre de Jordan possède en abondance : du merveilleux. La double finale donne le coup de grâce fatal, avec cette bombonne d’oxygène qui s’avère, juste au bon moment, un accessoire bien commode pour une fin plaquée, bien commode elle aussi, d’autant plus qu’il est relativement extraordinaire que Willow en connaisse les propriétés potentiellement incendiaires, alors que rien jusque-là n’indique qu’elle ait reçu une éducation scientifique quelconque. Si le film s’était arrêté là, le conte de fées aurait prévalu et, même sans magie, le récit aurait au moins été cohérent. Mais le réalisateur ne peut s’empêcher d’ajouter une deuxième finale qui suggère que le père ait été simplement abusif — un monstre ordinaire plutôt qu’un monstre mythique, quoi — détruisant du coup tout ce qu’il avait tenté de construire jusque-là, comme s’il avait annoncé que tout ça n’avait été qu’un rêve. Une conclusion bien dommage pour tant de promesses initiales. (Claire Valade)

 


prod. One Manner Productions

CARNAGE FOR CHRISTMAS
Alice Maio Mackay  |  Australie  |  2024  |  70 minutes  |  Underground

Lola anime un podcast de meurtre et mystère. Depuis sa plus tendre enfance, elle entretient un rapport de proximité avec l’occulte et les enquêtes médico-légales. Pour Noël, elle décide de retourner pour la première fois depuis sa transition dans la région rurale qui l’a vue grandir. Elle ne le fait pas sans réticence, puisqu’en plus des légendes urbaines glauques qui ont bercé sa jeunesse, la ville de Purdan est aussi habitée par ses anciens bourreaux transphobes. Ses réserves sont loin d’être infondées : dès qu’elle remet les pieds dans sa bourgade natale, une série de meurtres commis par le « Toy Maker », une figure de croquemitaine qui hante les rumeurs locales depuis plusieurs décennies, se met à faire des victimes parmi les queers de la ville, qui tombent un·e à un·e. Mais est-ce bien un spectre qui refait surface, ou les peurs refoulées, les secrets de polichinelle, les non-dits et les qu’en dira-t-on ? Dans une intrigue assez linéaire mais néanmoins très (trop) touffue, Maio Mackay répond à la question avec un film aussi gore que camp qui pastiche avec beaucoup d’affection les grands classiques de Holiday slashers en y injectant ce qu’il faut de commentaire social.

Si vous êtes queer, il y a de bonnes chances pour que vous sachiez à quel point il peut être pénible de retourner dans sa ville natale pour les vacances des fêtes. Carnage for Christmas nous rappelle que l’horreur, c’est parfois un père Noël sanguinaire qui sévit sur la ville, mais plus souvent qu’autrement, ce sont les commentaires déplacés, le mégenrage des mononcles, l’expression décomplexée de politiques réactionnaires et la transphobie rampante de nos milieux d’origine qui donnent véritablement froid dans le dos. Le dernier opus de Maio Mackay trace une continuité entre ces deux sources de terreur en allant déterrer, dans l’étroitesse du discours social, l’ostracisation et la haine de soi, les véritables racines de la violence meurtrière. (Laurence Perron)

 Prochaine projection : 24 juillet à 17h00 (Salle J.A. DeSève)

 


prod. KITSCHS PRODUCTION

MASH VILLE
Hwang Wook  |  Corée du Sud  |  2023  |  126 minutes  |  Compétition Cheval noir

La première mondiale de Mash Ville m’a donné l’impression de retourner sur les bancs du cégep et de cocher chaque élément présent sur la liste des «péchés capitaux du 7e art» que notre enseignant nous avait distribué avant même que nous puissions toucher à une caméra. En voici quelques-uns :

Utiliser le noir et blanc pour évoquer des flashbacks ; même une fois c’est trop.

✔ Une coloration sépia injustifiée ; les airs de flamenco, le chant des grillons, la sueur qui perle sur les tempes et la mode casablancaise suffisaient à saturer la tension sans abus chromatiques.

✔ Négliger le montage audio ; quelques petits fondus enchaînés auraient plu à l’oreille.

Une femme qui meurt en introduction ; au moins elle ressuscite.

La surconsommation de substances illicites comme stratégie d’évitement ; la caricature perpétuellement grotesque des facultés affaiblies mène inévitablement à l’irritation.

La trame narrative principale est celle de Joo Se-jong et de ses deux frères ingénus, contrebandiers d’un alcool épicé aux notes de pisse dont on se pourlèche, qui se dirigent vers Hwaseong afin de récupérer les bouteilles de leur fabrication artisanale dont la consommation entraîne l’écume aux lèvres puis la mort. Leur mission est compromise par deux hommes vêtus de chima jeogori, un habit traditionnel féminin. Cette formule slapstick a fait ses preuves. Pensons à Some Like it Hot (1959), à Tootsie (1982), à Mrs. Doubtfire (1993). Mais est-ce que se moquer de mecs «déguisés» en femmes est encore d’actualité? Poser la question c’est déjà y répondre. Il sera dévoilé que ces types androgynes appartiennent à une secte occulte et tirent à brûle-pourpoint de pauvres quidams dans le but de compléter un rituel qui leur donnera accès à l’amour dans sa forme la plus pure.

L’excitation de rencontrer cette curiosité  un western asiatique comique  s’essouffle vite, malgré l’ouverture champêtre d’une violence gratuite, saisissante et, avouons-le, réjouissante. Bien que je n’aie pas été convaincue par le jeu de la distribution, le sergent Jae-won a su m’accrocher instantanément. Communiquant quasi exclusivement par esclaffements de rires gras, il m’a systématiquement extirpée de l’ennui dans lequel je me replongeais dans son absence. Une certaine habileté se révèle toutefois dans la construction de personnages, dont l’appartenance tangue entre le camp des bons, des brutes et des truands. Ici, il est impossible de les discerner par la couleur de leurs chapeaux.

Échanges de regards en plans serrés, contre-plongées intentionnellement accentuées pour glorifier les protagonistes, portes à double battant, fusils et tonneaux, cigares qui se consument lentement dans les cendriers, jolie demoiselle en détresse avide d’un réconfort masculin, poursuite débridée littéralement tirée par les cheveux, vous prendrez plaisir à identifier les codes. Mais sans plus. Mon constat : un pastiche juvénile qui sombre dans un humour macho manquant d’originalité et qui échoue à renouveler substantiellement le western. (Mariane Laporte)

 


prod. Goodbye Productions / Taletime Pictures

KRYPTIC
Kourtney Roy  |  Canada  |  2023  |  96 minutes  |  Septentrion Shadows

Derrière son titre vaguement évocateur, vaguement rusé, qui préfigure la présence de cryptides dans son énigmatique récit, Kryptic se révèle comme une œuvre particulièrement ingénieuse, unique dans sa sensibilité et universelle dans sa portée, sorte de version féminine du Mysterious Skin (2004) de Gregg Araki, où les monstres cryptozoologiques viennent remplacer les extraterrestres. Un film qui se laisse apprivoiser comme l’enfant sauvage qu’il est, s’avérant de plus en plus abordable au fil de l’enquête hélicoïdale sur laquelle repose son scénario, puisant dans un lexique symbolique foisonnant (parfois subtil, parfois grossier) pour déployer une vision cauchemardesque de la sexualité qui sied parfaitement à son propos. Et d’où, pour utiliser la métaphore florale de l’œuvre, germe naturellement une critique plus large des relations hommes-femmes dans un monde où la question féministe est plus pressante que jamais.

Suivant une introduction confondante où la protagoniste rencontre un monstre poilu dans la forêt après s’être éclipsée d’un groupe de randonneuses, se retrouvant dès lors amnésique, le film se déploie comme une histoire d’enquête qui nous amènera plus profondément dans la psyché et l’histoire personnelle de son personnage, puis dans un terrier de lapin rempli d’écueils à l’épanouissement de la sexualité féminine. La photographe et réalisatrice Kourtney Roy, née dans le nord de l’Ontario, connue pour ses « paysages lynchiens rétro» (Molly Hugues, Metal Magazine) nous amène ainsi dans un périple à la fois prenant et étouffant dont l’esthétique envoutante cache son lot d’horreurs. Des inserts furtifs de chairs ondulantes, suintantes de mucus verdâtre, nous assaillent constamment au fil du récit, alors que les souvenirs de la femme refont surface, rappelant l’expérience fragmentaire du trauma vécu par le protagoniste de Fire in the Sky (Robert Lieberman, 1993). Roy parvient surtout ici à développer une aura de menace constante, parfois insubstantielle (dans ses zooms sans apparent objet et la présence écrasante de la chaîne de montagnes où se cache la créature, sorte d’Olympe remplie de dieux pervers), mais parfois très réelle (dans la présence d’hommes dont la nudité possède également une puissance monstrueuse). La musique électro de Cayne McKenzie donne à l’atmosphère une qualité onirique, mais grinçante, tandis que l’oppressante lumière rouge qui auréole le visage des personnages évoque un univers qui a des airs de fin du monde, peuplé de personnages féminins meurtris, coincés dans des auberges vides, des bars glauques et des parcs de maisons mobiles de bout de route, toujours la bouteille à la main, toujours en quête d’oubli de leurs rencontres avec le monstre ou tous ses substituts masculins qui peuplent la diégèse. Même la banlieue proprette où l’héroïne retrouve son mari, éplorée de sa disparition, se transforme vite en espace cauchemardesque lorsque ce dernier montre ses vraies couleurs. Celui du violeur ordinaire dont le mépris pour les pétales de fleurs sur sa pelouse cache à peine son mépris pour un yoni douloureusement mis à mal dans ce film difficile, dont le triomphe réside principalement dans l’impudence politique de sa démarche. (Olivier Thibodeau)

Prochaine projection : 24 juillet à 12h15 (Salle J.A. DeSève)

 


prod. Globo Rojo Films

ANIMALIA PARADOXA
Niles Atallah  |  Chili  |  2024  |  82 minutes  |  Underground

Dans son Systemae naturae de 1735, le naturaliste Carl von Linné proposait un système de classification des êtres vivants, organisant les espèces animales en sept catégories distinctes qui divisaient oiseaux et poissons, mammifères et insectes. Le septième de ces ordres taxonomiques, animalia paradoxa, avait la particularité de désigner quant à lui des créatures à l’existence discutée : dragons, hydres et autres bêtes de légende. En empruntant cette part spéculative de la taxonomie linnéenne, le cinéaste chilien Niles Atallah offre finalement une forme de renversement de l’impulsion classificatrice du Systemae naturae. Sa patiente observation d’une dystopie poussiéreuse campée dans des décombres industriels vise moins la hiérarchisation du vivant que la création d’un univers où toute vie s’annonce hybride. Même les corps qui s’apparentent le plus à une forme d’humanité, semblent ici le produit d’un habile rafistolage, telle sa protagoniste mi-sirène mi-marionnette, personnage en quête d’eau dans un monde de sécheresse et d’air vicié.

Par contorsions chorégraphiques et mouvements désarticulés, l’héroïne navigue cet univers cauchemardesque à la recherche des reliques d’une humanité disparue. Lorsqu’elle n’est pas occupée à des interactions cryptiques avec des figures monstrueuses, on l’observe glaner, à même les débris, des têtes de poupées et des bandes de négatifs, de quoi composer de nouvelles sculptures chimériques. Cette attention aux traces résiduelles d’une vie passée transforme Animalia Paradoxa en un portrait de la subsistance des gestes d’archivage et de création à la suite d’une apocalypse écologique. Ce qui frappe chez Atallah, c’est justement la proximité qu’il introduit entre le vivant et le non-vivant, une frontière qui s’efface immédiatement dans la coprésence de ses scènes en prises de vues réelles et de ses séquences animées. Les corps, qui se mouvaient déjà comme s’ils étaient tendus par des ficelles, ne tardent pas à se transformer en marionnettes en bonne et due forme. Surprenant par son dénuement narratif et son charme visuel crépusculaire, le film d’Atallah devient la performance d’une clownerie funèbre, où la beauté du mouvement et de la pose autorise à percer, le temps d’un moment, le désespoir de son imaginaire de la ruine. (Thomas Filteau) 

Prochaine projection : 25 juillet à 14h50 (Salle J.A. DeSève)

 


prod. Potterton Productions

TIKI TIKI
Gerald Potterton  |  Canada  |  1971  |  111 minutes  |  Fantasia Rétro / Genres du pays

Coupons court à toute formulation alambiquée, à toute tentative de glisser à l’intérieur du film pour toucher ses limites, laissons faire l’élégance d’un geste critique refusant de condamner a priori les œuvres pour ouvrir un dialogue. La projection de Tiki Tiki de Gerald Potterton lors de cette édition 2024 de Fantasia était en tous points inadmissible, abjecte et d’une arrogance prise entre profonde inconscience et violent mépris. Notre cap étant établi, réunissons les morceaux. Après quelques réalisations au sein de l’ONF, notamment des spots publicitaires pour Channel 6 réunis dans Hors-d'œuvre (1960) qui ouvrait le programme, l’animateur est invité par le distributeur Films Faroun à adapter le film russe Aïbolit-66 (Rolan Bykov, 1966) pour le marché québécois. Potterton introduit des séquences d’animation qui mettent en scène un réalisateur sous influence (référence à Dennis Hopper) proposant un scénario à son producteur que viennent illustrer les images du film russe. En résulte une œuvre condescendante dont la posture satirique vis-à-vis de la production de l’époque s’enferme dans une vaine complaisance pour produire une œuvre plus médiocre encore que celle qu’elle adapte. Les gags de comptoirs sont aussi attendus qu’inefficaces, embourbés dans les nuages d’une fumée puérile.

Rien d’abject cela dit dans cette médiocrité que quelques sursauts visuels viennent rattraper jusqu’à ce que le récit d’Aïbolit-66 reprenne le dessus. On suit alors une bande de pirates et un médecin dans une mission coloniale de sauvetage d’une tribu africaine. Cette dernière est incarnée à l’écran par des enfants déguisés en singe dont l’apparition à l’écran me serre le cœur alors que des professeurs dégarnis s’esclaffent au premier rang et que leurs répondent de vieux bonhommes blancs à l’arrière de la salle. Il m’apparaît absurde de continuer à se battre contre les infamies cinématographiques des années 1970 et j’arrive à concevoir que Tiki Tiki soit issu du mariage dégénéré entre une bande de colons inconscients et une époque aveugle aux enjeux qui commenceront bientôt à sortir le pays de son mensonge fondateur.

Le cœur de la monstruosité réside plutôt dans l’évènement du 20 juillet dernier. Le discours du programmateur de Fantasia se contentait de faire l’éloge de cet « ovni cinématographique », vantant le statut de première de cette version 4K réalisée par Téléfilm Canada dans le cadre du projet « Cinéma canadien — Raviver la flamme », sans énoncer le moindre avertissement sur le contenu du film. En 2024, aucun maillon de la chaine Téléfilm-Fantasia-Cinémathèque n’a jugé pertinent de signaler la violence politique de ce film. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. En même temps, l’initiative « Cinéma canadien » a également permis de restaurer Incendies (2010) de Denis Villeneuve, ignorant les critiques adressées au film par les communautés arabophones du Canada. On semble nous rappeler, entre deux initiatives pour la diversité, que le colonialisme et l’instrumentalisation identitaire sont autant d’éléments constitutifs de l’héritage cinématographique canadien. (Samy Benammar)


 

Vivre d'amour et d'eau fraîche

PARTIE 1
(4PM, The Rubber Gun,
A Chinese Ghost Story II,
The A-Frame, Vulcanizadora)

PARTIE 2
(
The Beast Within,
Carnage for Christmas, Mash Ville,
Kryptic, Animalia Paradoxa, Tiki Tiki)

PARTIE 3
(Confession, The Chapel,
FAQ, Frankie Freako,
Hollywood 90028)

PARTIE 4
(Kizumonogatari -Koyomi Vamp-,
Dead Dead Full Dead, Steppenwolf,
Cockfighter, Penalty Loop)

PARTIE 5
(Killer Constable, Electrophilia,
The Tenants, Love & Pop,
Twilight of the Warriors: Walled In)

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Article publié le 23 juillet 2024.
 

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