DOSSIER : Le cinéma et ses conjurations
L’équipe Infolettre   |

Rendez-Vous du Cinéma Québécois 2012

Par Mathieu Li-Goyette
C’est la même fanfare chaque année : notre cinéma, le meilleur comme le moins bon, sera compressé durant une dizaine de jours en un festival qui aura toujours plus les atours d’un rendez-vous galant de l’industrie avec le public que d’un véritable festival à part entière. Cette occasion pour ladite industrie de faire faire un dernier tour de piste à ses productions est aussi - et a toujours été - une belle idée à cette période de l’année; la métropole semble toujours se reposer de la tempête auteuriste de l’automne tout en tapant du pied à l’attente d’un futur été à passer dans les bras de Fantasia. Ceci étant dit, le premier changement majeur qu’il faut noter pour cette 30e édition, c’est la fusion des RVCQ avec la remise des prix Jutra, qui se déroulera à la fin du festival. Bonne stratégie qu’est celle des organisateurs des deux événements, elle nous donne à nous spectateurs l’occasion de faire un peu de révision, de revoir des films ou de découvrir ceuxque nous avions manqués en prévision du gala québécois. Ces dix prochains jours ne seront pourtant pas de tout repos, car tout en comptant les projections d’un panorama complet de l’année 2011 du cinéma québécois, c’est plus de 300 films qui seront projetés, dont 86 premières et la présence d’une quarantaine d’événements et d’ateliers professionnels.

Il y a d’abord l’ouverture (Michèle Lemieux et son court métrage d’animation Le grand ailleurs et le petit ici, puis Denis Côté avec son très attendu Bestiaire) et la fermeture (Brigitte Poupart et Over My Dead Body) : du gros calibre, surtout des inédits. On ajoute à cette liste de nouveautés des documentaires (dont le dernier-né de Fernand Dansereau, Le vieil âge et le rire), du court métrage, du moyen métrage (on remarque le retour inattendu de Denis Chouinard avec Betsiamites ou bien Jean-Claude Labrecque avec Les enfants carton) et de l’animation avec, parmi une poignée d’autres artistes, le dernier Malcolm Sutherland (Bout), ce cinéaste canadien qui nous avait tant impressionnés à Fantasia il y a quelques années. Mettant le doigt sur l'un des plus importants bassins de créateurs exerçant leur art au Québec, un bloc a été mis de l’avant cette année en imposant d’ailleurs un ensemble de 25 films d’animation regroupant les derniers Hébert, Ushev, Driessen et Faubert.
Mais outre la programmation habituelle du festival, on se réjouit surtout de l’arrivée de cinq oeuvres interactives, dont Code Barre, qui sera présentée en première nord-américaine tout au long des RVCQ au coeur de la station de métro Berri-Uqam. Épopée.me, le projet dirigé par Rodrigue Jean dont on ne cesse de parler fait aussi partie de ce tout nouveau bloc, preuve que les organisateurs se sont bel et bien ouverts à l’arrivée des nouveaux médias et des idées qu’ils apportent, non sans s’opposer à la forme classique du cinéma, pour changer la face de l’image en mouvement.

Finalement, de nombreuses projections spéciales viennent s’ajouter à la grande rétrospective annuelle des RVCQ, des projections qui viendront précisément leur conférer toute leur saveur : Les fleurs sauvages de Lefebvre (pour commémorer le 35e anniversaire du festival), Chronique de la vie quotidienne de Leduc (pour fêter la Coop Vidéo), un « cabaret de curiosités » en hommage à Prim, la présence de Claire Denis et d’une rétrospective lui étant consacrée, une classe de maître avec Robert Morin, la projection du premier long métrage innu de langue française (Mesnak d’Yves Sioui Durand), des journées Transmédia portant sur les intermédialités (du 21 au 23 février), une leçon de la légendaire chef opératrice Agnès Godard, beaucoup de fêtes et encore plus de petits à côté en tous genres.

Entre le cinéma ONF, la Grande Bibliothèque, le cinéma du Quartier Latin, la place Pasteur et l’Impérial, la plus ambitieuse édition à ce jour des Rendez-Vous du Cinéma Québécois se tiendra donc du 15 au 26 février prochain.

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

QUELQUES FILMS QUÉBÉCOIS SORTIS EN 2011

ANGLE MORT
de Dominic James (2011)
CAFÉ DE FLORE de Jean-Marc Vallée (2011)
COTEAU ROUGE d’André Forcier (2011)
DÉCHARGE de Benoît Pilon (2011)
EN TERRAINS CONNUS de Stéphane Lafleur (2011)
FRENCH IMMERSION de Kevin Tierney (2011)
FRENCH KISS de Sylvain Archambault (2011)
FUNKYTOWN de Daniel Roby (2011)
GERRY d’Alain DesRochers (2011)
GOOD NEIGHBOURS de Jacob Tierney (2010)
INSIDE LARA ROXX de Mia Donovan (2011)
MARÉCAGES de Guy Édoin (2011)
MONSIEUR LAZHAR de Philippe Falardeau (2011)
NUIT #1 d’Anne Émond (2011)
POUR L’AMOUR DE DIEU de Micheline Lanctôt (2011)
LE SENS DE L’HUMOUR d’Émile Gaudreault (2011)
STARBUCK de Ken Scott (2011)
UNE VIE QUI COMMENCE de Michel Monty (2010)
LE VENDEUR de Sébastien Pilote (2011)

LE CINÉMA DE CLAIRE DENIS

WHITE MATERIAL de Claire Denis (2009)

Envoyer par courriel  envoyer par courriel  imprimer cette critique  imprimer 
Article publié le 15 février 2012.
 

Festivals


>> retour à l'index