Pour une onzième année, la Cinémathèque québécoise réitère son importance sur la scène montréalaise en organisant in vitro son propre festival de cinéma d'animation et non le moindre. En effet, cette fois-ci encore, les « Sommets », comme on se plaît à les appeler désormais, présenteront la plus forte concentration en son genre au Québec... Une belle réplique au prestigieux Ottawa International Animation Festival du mois de septembre.
Cette année, ce sont donc 125 films d'animation qui défileront dans les salles de la cinémathèque du boulevard De Maisonneuve. Avec une compétition internationale de 27 oeuvres supervisée par les membres du jury (Patrick Doyon, Jo-Anne Blouin et Philippe Moins) qui remettront une bourse de 2000$ au grand gagnant de cette édition, cette compétition tenue pour une deuxième année de suite confirme l'ambition des Sommets. Autrefois largement perçus comme un blitz animé du mois décembre, une grande rétrospective « avec invités », on l'envisage aujourd'hui comme un festival à part entière qui a tous les éléments pour se développer et restituer au milieu du cinéma d'animation québécois de sa visibilité et de sa popularité d'autrefois.
En ouverture ce mercredi 28 novembre, les cinéphiles de la métropole auront d'abord l'occasion de découvrir
Le chat du rabbin de
Joann Sfar (probablement plus connu pour ses bandes dessinées et son
Gainsbourg, vie héroïque) et
d'Antoine Delesvaux. La projection sera précédée de la première mondiale du tout dernier court métrage du maître
Georges Schwizgebel,
1/3/10; ce coup d'envoi permettra aussi de découvrir deux nouvelles expositions à la salle Norman-McLaren (
Réflexion de
Sylvie Trouvé) et sur les murs du Foyer Luce-Guilbeault (
Portraits d'animateurs de
Robert Del Tredeci).
Autrement, il faut savoir que les Sommets se déclineront en plusieurs volets qui sauront intéresser autant les admirateurs de longue date que les néophytes, et ce, sans oublier la relève du métier qui saura y trouver des classes de maître à la hauteur du vocable.
Le vendredi 30 novembre à 21h à la salle Claude-Jutra, les Sommets recevront
David Oreilly (réalisateur de
The External World, mais aussi d'un vidéoclip de U2 et de M.I.A.) pour une séance de questions-réponses précédée d'une projection en rafale d'une poignée de ses films les plus célèbres.
Samedi, ce sera au tour des apprentis réalisateurs de présenter leurs projets aux membres de l'industrie dès 15h à la salle Fernand-Séguin. Toujours dans le cadre de Cours écrire ton court (spécial « animation » de la SODEC),
Franck Dion sera sur place accompagné de la productrice de l'ONF
Julie Roy (responsable, entre autres, du très beau
Bydlo de Patrick Bouchard, des films de Francis Desharnais, de Nicolas Brault et du
55 chaussettes de Co Hoedeman). Cette rencontre-ci aura lieu le jeudi 29 novembre à la salle Fernand-Séguin.
Enfin, le plat de résistance de cette édition, un gros plan sur le cinéma d'animation belge qui se démarquera par la projection d'
Alice au pays des merveilles (1949) de
Lou Bunin, mais surtout, une collaboration spéciale entre le festival et Vidéographe qui se sont associés pour présenter mensuellement à la Cinémathèque québécoise l’oeuvre d'un cinéaste d'animation.
Steven Woloshen ouvrira le bal tout en proposant une activité unique en son genre. Le dimanche 2 décembre de 11h à 18h, le Montréalais dont la réputation n'est plus à faire invitera le public à réaliser avec lui un film d'animation sur pellicule 35mm. Le collectif façonné sur le pouce sera ensuite présenté à 19h.
Travailler aux côtés de l'un des maîtres de l'animation sans caméra? C'est avec ce genre d'occasions uniques et de propositions couillues que les Sommets du cinéma d'animation de Montréal confirment, d'un même trait foncé et indélébile, leur originalité et leur raison d'être. Et puisque la saison automnale des festivals de cinéma montréalais est telle qu'elle nous exténue, rien de mieux que le plaisir de l'animation pour calmer ces dures angoisses de novembre.