DOSSIER : Le cinéma et ses conjurations
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REGARD 2022 : Territoire du court

Par Mathieu Li-Goyette, Olivier Thibodeau et Maude Trottier



Je devais avoir sept ou huit ans la dernière fois où je suis allé au Saguenay. Je me souviens surtout des bleuets et du bottin téléphonique avec ses vingt pages de Tremblay. Je n’y suis jamais retourné en tant qu’adulte par contre, pas plus que j’ai fréquenté le festival REGARD. Le voyage promet donc d’être révélateur. Cathartique peut-être. Surtout pour quelqu’un qui commence tout juste à pointer le nez hors de sa coquille pandémique, prêt à redécouvrir du pays, à redécouvrir les êtres humains, à redécouvrir la pluralité des points de vue qui font du monde un monde. C’est à la rencontre des gens que nous partons, à la rencontre d’un maximum de gens, de films, d’idées, de sujets, de lieux, de perspectives. Un macrocosme dans un microcosme où l’hospitalité reste le mot d’ordre. (OT)

Ce sont trois premières fois : première couverture de festival en présentiel (tous les festivals couverts l’ont été, depuis mon arrivée à Panorama-cinéma, à distance) ; premier passage à REGARD et premier séjour à Chicoutimi. Chicoutimi dont le nom s’agite dans la bouche comme un petit chat agile et espiègle et dont le sens précise un changement dans la profondeur de l’eau, en langue ilnu. La carte ténue de mon imaginaire du Saguenay se fond dans Louis Hémon, seulement de cette Maria Chapdelaine découpée par l’artiste Meb laquelle, à son tour, m’a découvert les territoires de Marie-Andrée Gill : « combien de fêtes à épuiser / ouvrir la tête et planter nos ombres », écrivait la poète dans Béante (2012). Quelque chose alors comme une entrée dans des temps différés qui se conjoindront : fusée du court métrage de par le monde et d’ici ; présent long de la présence in situ ; impromptus festivaliers ; et avec un peu de chance, quelques aperçus vivaces d’un changement de profondeur de l’eau. (MT)

Un Parc des Laurentides traversé, un dégel montréalais abandonné et un hiver saguenéen retrouvé (d’autant que j’y suis né) pour se taper 165 courts métrages. Un chiffre impressionnant et minuscule, car on connaît d’expérience la rigueur de sélection de l’équipe de REGARD, qui offre cette année encore une programmation allant du régional à la crise internationale. 165 courts métrages, ç’a aussi quelque chose de minuscule lorsqu’on imagine que le festival en a reçu bien davatange, lorsqu’on sait que les sorciers et sorcières de ce domaine en visionnent des centaines, voire des milliers par année. Mais comme personne ne peut tout voir ni tout sélectionner, on comprendra par ces chiffres que c’est riche, le court métrage ; foisonnant, diversifié, infini en quelque sorte, et que si les longs ont leur hype festivalier habituel, les courts sont en général plus discrets, car plus mobiles, plus évanescents, et qu’ainsi tout rapport au court métrage repose sur une éthique du choix que j'ai hâte de scruter. (MLG)

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Article publié le 24 mars 2022.
 

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