DOSSIER : Le cinéma et ses conjurations
L’équipe Infolettre   |

Festival Fantasia 2013

Par Alexandre Fontaine Rousseau




Amateurs d'extravagances filmiques, explorateurs des marges les plus malfamées du septième art, mordus de gore et maniaques de cinéma asiatique, l'heure de votre rendez-vous annuel avec la crème de la crème du cinéma de genre tous genres confondus est venue. Pour les trois prochaines semaines, Montréal vibrera au rythme imprévisible du festival Fantasia.

Comme à l'habitude, le programme colossal qu'a préparé l'équipe de Fantasia s'avère impossible à résumer. Même si on a réduit le nombre de films projetés durant les semaines à venir de 160 à 120, force est d'admettre que l'offre a de quoi confondre même le spectateur le plus aguerri. On pourrait chercher des heures durant des lignes de force, tenter de définir des courants, souligner quelques incontournables… Mais la seule véritable conclusion qui s'impose est la suivante : année après année, l'explosion du genre se poursuit, sa définition s'élargissant au moment même où une critique qui y était autrefois réfractaire pose sur le phénomène un regard neuf.

Évidemment, la programmation compte quelques gros noms : Edgar Wright (Shaun of the Dead, Scott Pilgrim vs. The World) viendra présenter son plus récent film The World's End pour clore le festival, l'infatigable Takashi Miike aura une fois de plus l'honneur de lancer le bal avec (l'un de ses multiples nouveaux films) Shield of Straw et le cinéaste québécois Robert Morin nous fera découvrir ses très attendus 4 soldats en première mondiale, le 5 août prochain. Tandis que Johnnie To opère un retour à l'action avec Drug War, suite à la décevante comédie romantique Don't Go Breaking My Heart de 2011, Hideo Nakata tentera de nous faire oublier le médiocre Chatroom avec The Complex. Quant à l'éclectique Sion Sono, il revisite sa toute première oeuvre, réalisée en 1995, avec Bad Film.

Du côté des découvertes, on s'attend à beaucoup des Gouffres, premier long métrage du cinéaste français Antoine Barraud mettant en vedette Mathieu Amalric, de même que du Doomsdays de l'ancien critique américain devenu réalisateur Eddie Mullins. Notons aussi la présence, dans la section Camera Lucida, du premier long métrage d'Éric Falardeau, Thanatomorphose, dont les effets spéciaux ont en partie été réalisés par nul autre que Rémy Couture - maquilleur montréalais dont l'oeuvre troublante avait fait l'objet d'une fameuse controverse l'an passé. On dit aussi beaucoup de bien d'Helter Skelter, critique acerbe du culte de la célébrité signée par la photographe japonaise Mina Ninagawa.

Cette année encore, le festival s'allie au FNC pour présenter une rétrospective en deux temps. Après la Nikkatsu, c'est donc au tour du western spaghetti d'avoir droit à ce traitement avec le « Projet Django ». Fantasia présentera On l'appelle Trinita (1970) et On continue à l'appeler Trinita (1971), deux comédies d'Enzo Barboni mettant en vedette le fameux tandem Terence Hill/Bud Spencer, ainsi que Le temps du massacre (1966) de Lucio Fulci. Puis, en octobre, ce sera au tour du Festival du nouveau cinéma de présenter six films. Toujours du côté des rétrospectives, le festival rendra hommage au cinéaste polonais Andrzej Żuławski en lui décernant un prix d'excellence pour l'ensemble de sa carrière et, pour l'occasion, présentera deux de ses oeuvres plus méconnues : L'amour braque (1985) et Szamanka (1996).

Soulignons, pour conclure, le lancement le dimanche 28 juillet du livre Snuff Movies: Naissance d'une légende urbaine d'Antonio Dominguez Levia et Simon Laperrière - collaborateur occasionnel de Panorama-cinéma qui a, notamment, contribué aux ouvrages Vies et morts du giallo et Nikkatsu: 100 ans de rébellion. L'événement sera précédé d'une conférence sur ce sujet pour le moins scabreux et d'une projection du documentaire The Killing of America de Sheldon Renan.

Sur ce, bon cinéma!


>> Le blogue du festival


Critiques

The Complex (Hideo Nakata, 2013)
The Conjuring (James Wan, 2013)
Drug War (Johnnie To, 2012)
The Garden of Words (Makoto Shinkai, 2013)
Lesson of the Evil (Takashi Miike, 2012)
Shield of Straw (Takashi Miike, 2013)
The Weight (Jeon Kyu-hwan, 2012)

Entrevues

Aharon Keshales et Navot Papushado
Andrzej Zulawski
Satoshi Miki
Envoyer par courriel  envoyer par courriel  imprimer cette critique  imprimer 
Article publié le 18 juillet 2013.
 

Festivals


>> retour à l'index