Amateurs d'extravagances filmiques, explorateurs des marges les plus malfamées du septième art, mordus de gore et maniaques de cinéma asiatique, l'heure de votre rendez-vous annuel avec la crème de la crème du cinéma de genre tous genres confondus est venue. Pour les trois prochaines semaines, Montréal vibrera au rythme imprévisible du festival Fantasia.
Comme à l'habitude, le programme colossal qu'a préparé l'équipe de Fantasia s'avère impossible à résumer. Même si on a réduit le nombre de films projetés durant les semaines à venir de 160 à 120, force est d'admettre que l'offre a de quoi confondre même le spectateur le plus aguerri. On pourrait chercher des heures durant des lignes de force, tenter de définir des courants, souligner quelques incontournables… Mais la seule véritable conclusion qui s'impose est la suivante : année après année, l'explosion du genre se poursuit, sa définition s'élargissant au moment même où une critique qui y était autrefois réfractaire pose sur le phénomène un regard neuf.
Évidemment, la programmation compte quelques gros noms :
Edgar Wright (
Shaun of the Dead,
Scott Pilgrim vs. The World) viendra présenter son plus récent film
The World's End pour clore le festival, l'infatigable
Takashi Miike aura une fois de plus l'honneur de lancer le bal avec (l'un de ses multiples nouveaux films)
Shield of Straw et le cinéaste québécois
Robert Morin nous fera découvrir ses très attendus
4 soldats en première mondiale, le 5 août prochain. Tandis que
Johnnie To opère un retour à l'action avec
Drug War, suite à la décevante comédie romantique
Don't Go Breaking My Heart de 2011,
Hideo Nakata tentera de nous faire oublier le médiocre
Chatroom avec
The Complex. Quant à l'éclectique
Sion Sono, il revisite sa toute première oeuvre, réalisée en 1995, avec
Bad Film.
Du côté des découvertes, on s'attend à beaucoup des
Gouffres, premier long métrage du cinéaste français
Antoine Barraud mettant en vedette Mathieu Amalric, de même que du
Doomsdays de l'ancien critique américain devenu réalisateur
Eddie Mullins. Notons aussi la présence, dans la section Camera Lucida, du premier long métrage d'
Éric Falardeau,
Thanatomorphose, dont les effets spéciaux ont en partie été réalisés par nul autre que Rémy Couture - maquilleur montréalais dont l'oeuvre troublante avait fait l'objet d'une fameuse controverse l'an passé. On dit aussi beaucoup de bien d'
Helter Skelter, critique acerbe du culte de la célébrité signée par la photographe japonaise
Mina Ninagawa.
Cette année encore, le festival s'allie au FNC pour présenter une rétrospective en deux temps. Après la Nikkatsu, c'est donc au tour du western spaghetti d'avoir droit à ce traitement avec le «
Projet Django ». Fantasia présentera
On l'appelle Trinita (1970) et
On continue à l'appeler Trinita (1971), deux comédies d'Enzo Barboni mettant en vedette le fameux tandem Terence Hill/Bud Spencer, ainsi que
Le temps du massacre (1966) de
Lucio Fulci. Puis, en octobre, ce sera au tour du Festival du nouveau cinéma de présenter six films. Toujours du côté des rétrospectives, le festival rendra hommage au cinéaste polonais
Andrzej Żuławski en lui décernant un prix d'excellence pour l'ensemble de sa carrière et, pour l'occasion, présentera deux de ses oeuvres plus méconnues :
L'amour braque (1985) et
Szamanka (1996).
Soulignons, pour conclure, le lancement le dimanche 28 juillet du livre
Snuff Movies: Naissance d'une légende urbaine d'
Antonio Dominguez Levia et
Simon Laperrière - collaborateur occasionnel de Panorama-cinéma qui a, notamment, contribué aux ouvrages
Vies et morts du giallo et
Nikkatsu: 100 ans de rébellion. L'événement sera précédé d'une conférence sur ce sujet pour le moins scabreux et d'une projection du documentaire
The Killing of America de
Sheldon Renan.
Sur ce, bon cinéma!
>> Le blogue du festival
Critiques
The Complex (Hideo Nakata, 2013)
The Conjuring (James Wan, 2013)
Drug War (Johnnie To, 2012)
The Garden of Words (Makoto Shinkai, 2013)
Lesson of the Evil (Takashi Miike, 2012)
Shield of Straw (Takashi Miike, 2013)
The Weight (Jeon Kyu-hwan, 2012)
Entrevues
Aharon Keshales et Navot Papushado
Andrzej Zulawski
Satoshi Miki