DOSSIER : Le cinéma et ses conjurations
L’équipe Infolettre   |

Entrevue avec Roger Tellier-Craig : Le passé comme tremplin vers l'avenir

Par Alexandre Fontaine Rousseau


:: Le Révélateur, Gif animé créé par Sabrina Ratté

Membre de Fly Pan Am, de Godspeed You! Black Emperor et de Pas Chic Chic, Roger Tellier-Craig occupe depuis plus d'une décennie une place de choix dans le paysage musical montréalais. Avec son plus récent projet Le Révélateur, il explore en solo des horizons plus atmosphériques, inspirés de la musique cosmique allemande des années 70 et 80 ainsi que par les trames sonores synthétiques du cinéma de ces époques. Son plus récent album, Fictions, vient de paraître sur l'étiquette américaine Gneiss Things - fondée par Steve Hauschildt, membre de la célèbre formation Emeralds.

Sur scène, la musique du Révélateur est accompagnée par les projections vidéo de Sabrina Ratté. Cette dimension audiovisuelle en est d'ailleurs venue à définir l'identité du projet - qui se veut une sorte d'hommage au cinéma psychédélique de la fin des années 60 et aux productions Zanzibar, dont il avoue s'être énormément inspiré aux débuts du projet. Quelques semaines avant le concert du 12 novembre, en première partie de Steve Hauschildt, je l'ai rencontré pour parler des origines du Révélateur ainsi que du rapport privilégié qu'y entretiennent l'image et la musique. Nous avons aussi parlé d'esthétique électronique, de fétichisme analogique et de l'utilisation de sa musique au cinéma.

 

 

*

 



Alexandre Fontaine Rousseau : Peux-tu me parler un peu des origines du projet Le Révélateur? Je crois que le tout a commencé avec la présentation du film de Philippe Garrel, à la Cinémathèque québécoise…

Roger Tellier-Craig : Même pas! Je vais élucider un mystère à ce niveau… En fait, quand j'ai commencé ce projet-là, je n'avais pas de nom pour celui-ci. À l'époque, j'étais encore dans Pas Chic Chic. L'album venait à peine de sortir en avril 2008. Tranquillement, depuis un certain temps, je retournais vers le krautrock, le kosmische… je découvrais des trucs que, dans le temps, j'avais trouvé kitsch et que je n'avais pas osé explorer parce qu'il y avait trop de synthés avec du phaser… un peu « new age »… j'avais peur de ça. Des amis m'avaient fait découvrir avec plus de nuances la musique de Jean-Michel Jarre et Vangelis… ça avait ouvert tout un spectre, tout un pan de cette musique que j'avais ignoré et qui est plus étrange que Jarre ou Vangelis… des choses que j'avais ignorées à l'époque parce que je trouvais ça plus kétaine que Cluster.

Tranquillement, j'allais vers ces trucs là. Dans le temps de Pas Chic Chic, j'ai vite réalisé que je n'étais pas content avec les choses telles qu'elles se passaient, l'univers dans lequel on se trouvait… c'est-à-dire le côté « Québec franco », « scène locale émergente »… Je ne me suis jamais identifié à cela, ce n'est pas mon univers. Je trouvais ça lourd ce qui se passait avec le groupe. Ça n'avait rien à voir avec les autres membres de la formation ou avec Ram de Semprini, mais ça ne se passait pas comme j'avais pu l'imaginer et j'étais déprimé. Alors, j'ai commencé à faire de la musique seul, de mon bord, pour m'évader.

Finalement, en 2007, j'ai entendu l'album de ARP In Light, qui était dans cette lignée du new age et du kosmische… Je l'écoutais en me demandant pourquoi je n'avais jamais fait ça, alors que depuis que j'ai 18 ans j'écoute Cluster et des trucs comme ça! Je travaillais avec des guitares et je sentais que je m'étais perdu; alors, vers juin 2008, j'ai commencé à faire de la musique dans cette veine-là. Je suis entré en contact avec Jefre Cantu-Ledesma de l'étiquette Root Strata, que je connaissais parce qu'à l'époque Fly Pan Am avait fait des concerts avec son groupe Tarentel. Il aimait vraiment ce que je faisais et m'a tout de suite dit qu'il voulait sortir mon disque. Ça m'a motivé à continuer. L'année passe, Pas Chic Chic arrête. Mais moi, de mon côté, j'ai continué à travailler sur ce projet-là. Finalement, il y a cet événement « Le Révélateur » à la Cinémathèque. Le Révélateur est un film que j'aime depuis longtemps et j'avais toujours eu l'intention d'utiliser ce titre là pour une pièce… Mais quand est venu le temps de faire paraître la cassette, je n'avais toujours pas trouvé de nom pour le groupe et je me suis dit que j'allais simplement appeler ça Le Révélateur. Donc, ça n'a pas nécessairement un lien avec l'événement comme tel. Pendant un moment, je me sentais même un peu mal d'utiliser ce nom, parce que j'avais l'impression de le voler aux autres gens qui avaient été impliqués dans ce projet. Mais, au fond, c'est un nom qui n'appartient à personne.


:: Le Révélateur [image : Sabrina Ratté]

AFR : Cette idée d'accompagner des films, comme vous l'avez fait lors de cette projection là, est-ce quelque chose qui t'intéresses? S'agit-il d'un défi différent, comparativement à celui d'un concert plus « classique »?

RTC : Accompagner des films qui existent déjà, c'est une idée qui m'intéresse énormément. Le seul problème, c'est que je n'ai pas encore trouvé de manière de le faire de façon spontanée. Donc, puisque c'est très planifié, c'est quelque chose qui consomme beaucoup de temps pour un résultat somme toute très éphémère qui ne laisse aucune trace, aucune documentation. Je suis vraiment intéressé par le fait de créer pour qu'il existe un document. Je me sens plus proche de l'artiste qui fait de la peinture, de la sculpture, de la littérature ou du cinéma que du musicien qui fait une performance. La performance, à la limite, ça ne m'intéresse pas. En concert, en ce moment, j'utilise de nombreuses pistes préenregistrées. Je joue un peu, mais pas tout, à la main… et je n'ai pas envie de faire semblant que je fais une performance. Alors j'ai décidé de ne pas mettre le focus sur cet élément et je me suis dit : « ça va devenir une expérience audiovisuelle ».

AFR : Par l'entremise de ton travail avec Sabrina Ratté, la musique et l'image en sont venues à s'entremêler. Le groupe possède une esthétique très nettement définie. On pourrait à la limite dire que Sabrina est devenue la deuxième membre du Révélateur. Dans quelle mesure penses-tu aux images en composant la musique? Les images, au contraire, t'inspirent-elles la musique? Dans quel ordre les choses se passent-elles?

RTC : C'est vraiment un va-et-vient constant. Sabrina et moi, on habite ensemble donc on regarde beaucoup de films ensemble, on discute de toutes sortes de trucs reliés à ce qu'on fait sans nécessairement en parler ouvertement. Mais disons, par exemple, qu'elle découvre un vidéaste ou quelqu'un qui faisait de la programmation 3D en 1986… c'est sûr qu'elle va me montrer son travail. Alors, peut-être qu'à mon tour je vais aimer la musique qui accompagne ces oeuvres et que ça va me donner des idées. Des fois, elle va produire des images pour ses projets à elle et ces images vont m'inspirer; et, de mon côté, je vais composer des pièces qui vont l'inspirer. En ce moment, je travaille sur du nouveau matériel et, éventuellement, elle va réaliser un vidéo pour ça. Alors, dans ce cas, c'est elle qui va s'inspirer directement de cette pièce. Mais moi, par contre, je me suis quand même inspiré de tout ce qu'elle a pu faire pour moi - même des photos qu'elle fait, parfois, influencent ma musique. C'est un univers proche de la science-fiction, de la vidéo électronique. Ce à quoi on aspire, c'est un croisement parfait entre des sons et des images « électroniques ».

AFR : Tu étais guitariste avant. Qu'est-ce qui t'intéresse dans l'esthétique électronique?

RTC : J'ai l'impression qu'avec Le Révélateur, je fais un 180°. Avant que je sois dans Fly Pan Am et avant même que je joue dans Godspeed You! Black Emperor, je faisais de la musique concrète « de pauvre », vraiment cheap, chez moi. Dans ce temps-là, j'écoutais beaucoup Oval, Mouse On Mars, Cluster… alors je faisais des trucs avec un Casio et un 4-Pistes. Je suis devenu guitariste un peu par défaut, pour me prouver aux yeux des autres. J'avais l'impression que je ne pouvais pas faire de la musique comme ça sans prouver aux autres que j'étais un musicien. Alors j'ai appris à jouer de la guitare vers l'âge de vingt ans et, un an après, je faisais déjà des tournées parce que… c'est comme ça que les choses sont arrivées. « La chance. » Je me suis donc concentré là-dessus pour un moment. Mais il y a toujours eu de l'électronique dans tout ce que j'ai fais. Dans Fly Pan Am, par exemple, il n'y avait pas autant de claviers, mais il y avait quand même ce côté qui était très présent. Donc, dans le fond, j'ai assumé le fait que la guitare ne m'avait jamais vraiment intéressé, car c'est quelque chose avec quoi je ne suis pas à l'aise, et j'ai plongé dans ce pour quoi j'ai toujours eu une affinité. Mon premier synthétiseur, je l'ai acheté en 1995. C'était un Maxikorg à 120$ dans un pawn shop.

AFR : De 1998 à 2003, tu as été guitariste dans Godspeed You! Black Emperor - l'un des premiers groupes montréalais à avoir été reconnu pour ce mariage entre cinéma et musique… Est-ce que, dès ton arrivée, c'était une dimension importante de l'identité du groupe?

RTC : Quand je les ai vus jouer la première fois, ils avaient déjà des films. Ils ont toujours eu ça. Alors, quand je suis entré dans le groupe, quelqu'un s'occupait déjà de faire des projections live, sur scène. Donc, oui, ça a toujours fait partie de l'identité du groupe. Pendant un certain temps, il y avait même une sorte de tabou autour de ça - au sein des autres groupes dont je faisais partie… Personne ne voulait jouer avec des projections, parce que ça faisait trop « Godspeed ».

AFR : L'ultime cliché, dans la critique musicale depuis à peu près dix ans, c'est cette utilisation de l'adjectif « cinématographique » pour décrire de la musique. Qu'est-ce que c'est, selon toi, une musique « cinématographique »? Quelle serait la définition la plus authentique que pourrait posséder ce terme?

RTC : Wow. C'est une question complexe ça. Je crois que ça pourrait être deux choses… ou, en tout cas, ce sont les deux premières choses auxquelles je pense… Soit les gens ont le réflexe de reconnaître des clichés esthétiques, associés à de la musique de films : par exemple, des groupes influencés par Ennio Morricone. Inconsciemment, ça te rappelle une musique qui est associée au cinéma. Sinon, c'est une musique moins pop, instrumentale plus souvent qu'autrement, qui va sembler propice à créer un imaginaire visuel. Mais ça pourrait être autant la musique de Tim Hecker que celle de György Ligeti, que Kubrick utilise dans 2001: A Space Odyssey

AFR : On sent dans la musique du Révélateur l'influence des trames sonores de John Carpenter ou de Tangerine Dream, notamment. Dans quelle mesure, quand tu fais des « références » à ces compositeurs, cela évoque pour toi le cinéma?

RTC : C'est curieux parce que Carpenter, je l'ai découvert cet été! La première fois que j'ai entendu la trame sonore d'Halloween, je n'avais pas encore vu le film. Alors je trouvais ça intéressant, mais, sans le film, je me disais que c'était deux ou trois notes de piano. Ça ne m'intéressait pas tant que ça. Maintenant, j'adore ça. Même Tangerine Dream… je ne me suis pas intéressé à leur « époque cinématographique » avant l'année dernière. J'avais de la difficulté à aller dans les années 80, ça me faisait peur! Maintenant, c'est ma période préférée -- avec celle de Zeit. As-tu entendu Wavelenght? C'est incroyable! Ça, ou encore la trame sonore du film The Keep de Michael Mann… ce film est vraiment un OVNI!

AFR : Ta musique est influencée par une culture musicale. Il y a un côté très clairement référentiel à ce que tu fais, en ce sens où tu sais ce à quoi ce que tu fais peux ressembler. Comment gères-tu cette conscience de l'histoire de la musique en tant que musicien?

RTC : C'est intéressant que tu me poses cette question maintenant, parce que très longtemps j'ai été obsédé par la réappropriation et la désacralisation. J'avais une approche à mi-chemin entre le situationnisme et le pop art dans le temps de Fly Pan Am. Ensuite, j'ai été très ouvertement référentiel avec Pas Chic Chic… Mais, dès les débuts du Révélateur, puisque je faisais la musique pour moi, j'y suis allé très naïvement. Je me suis dit que j'allais faire ce que j'avais le goût de faire, tout simplement. L'album Fictions, c'est encore moi qui cherche à me définir par rapport à tout ça. Mais je cherche actuellement à aller dans une direction qui serait moins référentielle. Les références seraient plutôt une manière de cartographier une esthétique qui est encore en définition. Disons que même si je veux rappeler l'ambiance d'un jeu vidéo des années 80 ou celle du krautrock, je ne veux pas que ça sonne comme ça - je ne veux même pas utiliser le genre de séquences que ces gens auraient utilisé. Le passé serait la motivation pour aller à un endroit que je connais pas. C'est une question très intéressante que tu poses, mais je crois que j'ai un rapport de moins en moins intellectuel par rapport à tout ça.


:: Le Révélateur [image : Sabrina Ratté]

AFR : Ta musique évoque un certain passé, pas seulement d'un point de vue esthétique, mais aussi au niveau des instruments, de la technologie. C'est très à la mode actuellement dans le milieu de la musique, mais aussi du cinéma expérimental. D'un côté, les gens sortent des cassettes et s'achètent des synthétiseurs analogues, et de l'autre, les gens expérimentent avec des médiums comme la pellicule ou la vidéo. Il y a évidemment des raisons techniques à cela, mais y a-t-il des raisons sentimentales, ou à la limite morales, qui te poussent personnellement à aller vers ces technologies qui peuvent paraître « périmées »?

RTC : Je pense qu'il y a d'abord une forme de fétichisme, celui d'une esthétique qui n'est pas celle de l'époque ambiante, du contemporain. Des fois, on a besoin de s'éloigner de cela - parce qu'il y a quelque chose dans le contemporain, qui fait que l'on perçoit toujours trop le rapport au capitalisme, à une forme de consommation aveugle. La seule fuite possible est alors de retourner vers le passé ou de se projeter vers le futur. Mais c'est difficile de se projeter vers le futur sans partir de quelque part. Alors on part du présent ou du passé. Personnellement, je préfère le passé - parce que j'y trouve toujours de nouvelles affaires, toujours plus bizarres, que je n'ai jamais vues ou entendues.

Je pense aussi qu'il y a un piège dans lequel tombent les critiques de ce fétichisme. Les apôtres de la nouvelle technologie oublient une chose. Si, par exemple, tu utilises la photographie, la guitare acoustique ou le piano, les gens vont-ils te traiter de fétichiste du passé? Ne sommes-nous pas rendus à une étape où ces « technologies périmées » sont simplement devenues une autre possibilité? D'autres instruments que l'on peut utiliser pour obtenir d'autres genres de timbres? Je ne suis pas un puriste de l'analogue non plus. Tout ce que je fais est contrôlé par ordinateur, exclusivement. J'utilise l'interface numérique avec des machines analogiques, que je peux quand même contrôler à la main. Mais les séquences sont jouées par l'ordinateur et, éventuellement, je voudrais utiliser des trucs comme le Yahama DX7, m'intéresser à la synthèse FM et même au software. Ce qui m'intéresse, c'est l'hybridité - je voudrais même ajouter du piano à tout ça!

AFR : Alors, pour toi, il n'y a pas de distinction entre l'analogique, l'acoustique ou le numérique?

RTC : Non. Pour moi, ce n'est pas un statement politique de retourner vers l'analogique.

AFR : L'utilisation de la musique dans un film la connote nécessairement. Je pense notamment à une pièce de Pas Chic Chic qui a été utilisée pour accompagner une scène du court métrage M'ouvrir d'Albéric Aurtenèche. Penses-tu à l'impact que va avoir le fait d'associer une pièce à des images? Nécessairement, la chanson est par la suite « marquée » par une telle utilisation. Les gens qui ont vu le film vont l'associer à ce contexte précis. Est-ce que c'est quelque chose qui te dérange?

RTC : Ça pourrait me déranger si c'était associé à quelque chose que je n'aime pas. Tout ce que je fais avec Le Révélateur est aussi associé à des images - quoique, dans ce cas-ci, j'ai un certain « contrôle » là-dessus, car je travaille avec Sabrina. C'est quelque chose qui se fait à deux. Dans le cas de M'ouvrir, ce n'est pas comme si la chanson avait été associée à une publicité de char. Là, ça m'aurait dérangé. Mais, effectivement, c'est quelque chose qui a un impact énorme sur une pièce. Après coup, on ne peut plus la dissocier des images auxquelles elle a été associée. Récemment, j'ai lu Solaris de Stanislaw Lem - que j'ai trouvé incroyable et, peut-être, sur certains points, meilleur que ce qu'en a fait Tarkovski. Mais, en le lisant, je ne pouvais pas m'empêcher de voir les images de Tarkovski.

AFR : Serais-tu intéressé à réaliser des trames sonores? Si tu avais à faire de la musique de film, y a-t-il un genre en particulier par lequel tu serais attiré?

RTC : Si des gens se revendiquaient un peu de l'esthétique de la série B, du giallo ou de la science-fiction paranoïaque des années 70 et 80, j'aimerais ça. Mais je me vois mal faire la trame sonore d'un film de Nuri Bilge Ceylan! C'était intéressant de travailler avec Albéric, mais ça m'a demandé d'aller vers des trucs que je ne fais plus vraiment maintenant. J'ai eu une phase où j'étais obsédé par Morricone, John Barry et Kristof Komeda… C'est inévitable, c'est de la musique incroyable!

AFR : À la limite, tu serais intéressé à ce que quelqu'un t'offres un projet adapté à ta musique, mais tu n'es pas intéressé à adapter ta musique à un projet?

RTC : Tout dépend du projet. Je pense, par exemple, à Drive. La musique électronique se prête très bien à ce film. Elle vient ajouter une certaine poésie, que le film n'aurait pas nécessairement eu avec une trame sonore orchestrale ou du rock. Je ne sais pas trop comment la décrire…

AFR : Il y a comme un décalage entre l'image et la musique.

RTC : Exactement! C'est ce contraste que j'aime. Un film qui contient des scènes hyper violentes, mais où la musique frôle le new age… Wow! 

Envoyer par courriel  envoyer par courriel  imprimer cette critique  imprimer 
Article publié le 9 novembre 2011.
 

Entrevues


>> retour à l'index