Jarrett Mann est président-directeur général et co-fondateur de SPASM, un festival qui, depuis ces vingt dernières années, s’est entêté à nous faire découvrir les courts métrages de genre d’ici et d’ailleurs. Il allait de soi que Panorama-cinéma s’entretienne avec lui sur la place qu’occupe ce cinéma aujourd’hui, au Québec. Du reste, comme il a également été le directeur général de CISM (de 2012 à 2016) et de KINO (de 2017 à 2022), nous avons voulu en savoir plus sur les liens qu’il entretenait avec les artistes émergents de chez nous. Nous avons rencontré Jarrett dans les bureaux du Cinéma Moderne, dont il est directeur adjoint depuis septembre 2022.
:: Jarrett Mann (SPASM / photo : Philippe Latour)
Jean-Marc Limoges : Quand on a commencé à préparer notre numéro sur le cinéma d’exploitation canadien, j’ai immédiatement pensé à toi, notamment parce que tu es le co-fondateur du festival SPASM, un événement festif lors duquel on présente essentiellement des courts métrages de genre. Comment est-ce qu’un gars, né dans un milieu modeste, sur la Rive-Nord de Montréal, découvre le cinéma en général et le cinéma de genre en particulier au point d’en faire, d’abord des études, ensuite sa profession ?
Jarrett Mann : J’ai grandi à Deux-Montagnes, dans les années 1980. Quand j’étais jeune, j’étais un gros fan de cinéma fantastique — Ghostbusters (1984), Back to the Future (1985), The Goonies (1985), Indiana Jones (1981), Star Wars (1977)... —, mais à vrai dire beaucoup moins fan de cinéma d’horreur ; j’étais trop peureux (j’ai écouté « Thriller » de Michael Jackson, une fois, et j’en ai fait des cauchemars pendant des nuits !). Je me considère surtout comme un « bon public » : je ris, je pleure, j’ai peur, je m’émerveille. Je vis les émotions et je pense que c’est ce qui fait de moi un bon programmateur.
JML : Avant d’en venir à la programmation (et aux multiples métiers que tu as exercés dans le domaine), est-ce qu’on pourrait dire que c’est cet amour du cinéma qui t’a poussé à faire des études cinématographiques ?
JM : En fait, j’aimais le cinéma, mais j’ai toujours cru que ce n’était pas pour moi, que c’était pour les autres, que c’était un rêve inaccessible. J’ai donc fait des études en sciences humaines, au cégep, puis en sciences politiques, à l’université... Mais j’étais beaucoup plus motivé par les partys que par les études. Ce n’est que tardivement que je me suis inscrit en cinéma. Et c’est pendant mes études en cinéma que j’ai organisé un party d’Halloween qui a pris, année après année, de l’ampleur. Puis je me suis demandé : comment est-ce que je pourrais prendre cette énergie-là du party et la transformer en événement cinématographique ?
JML : Ce qui a donné la première édition du Festival SPASM, en 2002 ?
JM : Exactement. Au départ, c’était juste un soir. On a présenté des courts métrages d’horreur, dont la thématique fittait totalement avec l’événement. Je voulais surtout, d’abord, avoir du fun, ensuite, me rebeller contre le classicisme de mes études universitaires. Il y avait une forme de snobisme, un attachement au passé, au cinéma d’auteur, etc. C’était une façon, pour moi, de joindre l’utile à l’agréable.
JML : Une façon de lier ton penchant pour les partys et pour le cinéma de genre.
JM : En fait, tu vas rire, mais je ne savais même pas ce qu’était le cinéma de genre à cette époque ! C’est quand je suis allé, en 2003, à Vitesse Lumière — un festival de films fantastiques qui se tenait à Québec (et qui existait depuis 1997) — que j’ai vraiment découvert c’était quoi. J’ai découvert qu’il y avait une communauté qui avait commencé (grâce à la démocratisation de la technique : l’apparition de la Mini-DV, des tables de montage numérique, etc.) à faire des courts métrages de genre. Dès la 2e édition de SPASM, on a donc ajouté des catégories : science-fiction, fantastique... Et c’est à la 3e édition qu’on a vraiment commencé à parler de « films de genre ». C’est à ce moment-là que j’ai découvert que c’est ce cinéma-là qui m’intéressait, mais aussi que c’est ce cinéma-là qui manquait. C’est à ce moment-là que c’est devenu une cause, qu’on se battait pour que ce cinéma-là soit fait, montré, accepté, financé.
JML : On a l’impression — à te suivre et à t’entendre — que tu as quelque chose du combattant. Tu as toujours œuvré au sein d’organismes en marge — KINO, CISM, Cinéma Moderne... — dans le but d’encourager les jeunes artistes émergents à aller au bout ce qu’ils peuvent faire.
JM : J’aime ça faire ça. C’est même pas conscient. Peut-être parce que je viens d’un milieu modeste, j’aime encourager les « underdogs ». Et quand tu vois ces artistes-là — qu’ils soient musiciens, cinéastes, etc. — remporter des prix prestigieux cinq ans plus tard, tu peux t’enorgueillir de les avoir aidés. Donner une chance, repérer des talents, les encadrer, les voir grandir, tout ça me motive énormément. Je pense même que c’est ce que j’aime le plus. J’ai fait des films, des pubs, des vidéoclips... mais je me suis rendu compte que c’était pas ma place. Je préfère aider les gens à faire des films et, maintenant, à les faire voir.
:: Jarrett Mann (SPASM / photo : Camille Gladu-Drouin)
:: Rosie Charest et Jarrett Mann (SPASM / photo : Camille Gladu-Drouin)
JML : SPASM, c’est ton bébé. Moi, j’y étais dès sa naissance, comme spectateur. Et j’ai remarqué que le festival a changé. Au début, c’était presque un festival du mauvais goût. Il y avait même une soirée qui se déroulait au Café Cléopâtre et lors de laquelle tu présentais des films que tu avais refusés ! La qualité des films a évolué. Le festival s’est ouvert aux différents genres, à différents pays. Les films de genre sont-ils aujourd’hui ce qu’ils étaient il y a 20 ans ?
JM : Au début, ça balbutiait. Les cinéastes recréaient ce qu’ils avaient vu, ils reprenaient les codes. C’était un peu un cinéma de geek. On faisait des films « de zombies », des films « de vampires », des films « d’extra-terrestres »... Ça rentrait facilement dans des cases. Aujourd’hui — ici comme ailleurs —, tous les genres s’entrecroisent, les lignes sont floues, c’est plus éclaté. Les films sont plus difficiles à placer dans des catégories. Et c’est parfait comme ça.
JML : On remarque une plus grande maîtrise de la technique, une plus grande maturité dans l’écriture. Se sert-on du cinéma de genre pour dire des choses plus intimes, plus profondes ?
JM : Tout à fait ! Un « jump scare », c’est b’en l’fun, mais est-ce qu’il y a quelque chose de plus ? Moi, je veux qu’un film de genre m’offre des métaphores, des doubles sens, qu’il me fasse vivre des émotions, qu’il me fasse réfléchir... On veut que ça soit bien écrit, comme n’importe quel autre film au fond. Et on remarque que, chaque année, les films qui gagnent le Prix du public, ce sont toujours les films les plus touchants, les films qui émeuvent le plus, les films qui prennent les codes du genre, mais pour aborder les grands thèmes de la vie.
JML : Au départ, non seulement la technique des films présentés n’était pas tout à fait au point, mais c’était aussi essentiellement des films québécois. Depuis quelques années, non seulement la technique s’est beaucoup améliorée, mais tu as ouvert le festival à tous les pays. Est-ce qu’il y a une corrélation ? Cette ouverture au monde a-t-elle eu une incidence sur notre cinéma ?
JM : Au début, comme je te le disais, on était très revendicateur, on voulait mettre de l’avant le court métrage de genre québécois. Mais là, avec la multiplication des plateformes (YouTube, Vimeo, etc.), il faut mettre la main sur la crème de la crème. On est obligé de s’ouvrir aux autres pays. La sélection des films devient tellement importante. Si les gens achètent un billet, prennent la peine de se déplacer, passent une soirée en gang... tu ne peux pas les décevoir.
JML : Et est-ce que tu as l’impression que nos productions se sont améliorées au contact des productions mondiales ?
JM : Évidemment ! Aujourd’hui, il faut que tu travailles plus fort pour te démarquer. Il y a une année, les Espagnols nous avaient impressionnés, ensuite, ça a été les Belges. C’est sûr que, lors de ces événements-là, nos cinéastes voient ce qui se fait ailleurs et ont même la chance de rencontrer les artisans. Ça ne peut qu’améliorer nos productions, l’écriture, la technique, etc.
JML : Et le public... il a changé, lui aussi ?
JM : Les gens qui aiment les films de genre sont bons joueurs. Et il y a tout un pan du public qui aime le cinéma de genre qui aime aussi les mauvais films de genre, qui ont un plaisir à regarder des séries B, des nanars, etc. Et c’est aussi ce qui ajoute à l’euphorie des projections en salle. Sans parler du fait qu’il y a non seulement les spectateurs, mais aussi les artisans qui regardent et encouragent le travail des autres. Il y a une solidarité qui se crée parce que, comme on l'a dit, le cinéma de genre est un cinéma marginal, rebelle, punk.
JML : On a parlé de l’évolution de la technique, des thèmes, des traitements... Mais as-tu l’impression, avec cette génération de spectateurs « plus sensibles », que ce cinéma marginal, voire provocateur, s’est assagi ?
JM : Oui... et ça a même commencé avant les tendances de ces dernières années. La femme victime du film d’horreur classique est chose du passé (sauf si on en fait une référence comme quoi c’est chose du passé). C’est fini aussi la bimbo en petite tenue qui court pour le seul plaisir du spectateur masculin.
JML : En fait, tout ça, c’est devenu du cinéma (malheureusement) conventionnel.
JM : Le cinéma de genre est un cinéma qui est conscient d’être du cinéma, qui est toujours en train de se baser sur ce qui été fait avant. Il y a des films qui ont fait date, parce qu’ils ont fixé les règles du genre. Prends juste l’exemple des zombies de Romero : le mort-vivant marche lentement, il veut manger de la chair humaine et, pour le tuer, il faut le tirer dans la tête. La question c’est : qu’est-ce qu’on va faire avec ça maintenant, comment on va twister ça pour dire quelque chose de nouveau sur la vie, sur la société, etc.
JML : Il est évidemment plus facile, pour un jeune cinéaste qui veut faire ses armes, de faire un court métrage, mais est-ce que faire un court métrage de genre est aussi plus sécurisant ?
JM : Ça c’est intéressant ! Je dis toujours (et ça s’applique aux longs métrages aussi) : quelqu’un qui fait son premier film se retrouve dans l’une ou l’autre des deux catégories suivantes : ou bien il fait un film très près de lui (un coming of age basé sur ses propres questionnements, sur ses propres angoisses, sur ses propres frustrations envers la vie), ou bien il fait un film très loin de lui (un film de genre, souvent avec des guns — ah ah !). Même les premiers films de Denys Arcand ou d’Yves Simoneau c’était ça : des films avec des guns ! Un jeune cinéaste s’inspire, ou bien de sa vie ou bien des films qu’il a vus.
:: Luce Guilbeault dans La maudite galette (Denys Arcand, 1972) [Cinak Compagnie Cinématographique / Les Productions Carle-Lamy]
:: The Vindicator (Jean-Claude Lord, 1986) [Frank & Stein Film Productions / Michael Levy Enterprises]
JML : D’ailleurs pourquoi ces cinéastes-là — on a parlé de Simoneau, mais on pourrait aussi parler de Jean-Claude Lord —, pourquoi ces cinéastes qui ont fait des films de genre ont-ils été boudés chez nous ?
JM : Je pense qu’il y a une forme de snobisme. Au Québec, on est les héritiers du cinéma direct. Et même aujourd’hui, de jeunes cinéastes sont encore influencés par ça. Pourquoi ? Parce que c’est ça qu’on leur enseigne ! Et parce qu’on leur dit que c’est pur, que c’est noble. Le cinéma de genre, ce n’est pas noble. C’est grand public. Or, le cinéma d’auteur n’est pas exempt de navets. Le cinéma d’auteur n’a pas le monopole du bon goût. Et il y a des films de genre qui sont artistiquement bien mieux foutus que les films d’auteur. Le problème, c’est que beaucoup de films de genre sont, à la base, des films d’« exploitation » et qu’un film d’exploitation, c’est un peu tout croche... et que ça déteint sur le reste du cinéma de genre. Mais le cinéma de genre c’est beaucoup plus que ça ! Par contre, même si on ose les financer, ici, les longs métrages de genre ressemblent quand même parfois à des films d’exploitation.
JML : Mais comment se fait-il (comme on l’a admis plus tôt) que les jeunes cinéastes émergents de chez nous ont acquis une maturité dans le court, et pas dans le long ?
JM : Voici ma théorie : ces jeunes-là, qui ont fait des courts métrages de genre, ne déposent pas de projets de longs métrages de genre parce qu’ils veulent avoir du financement. Si tu veux embarquer dans la game des subventions pour faire un long métrage, si tout se passe bien, tu es accepté à la 1re écriture, puis à la 2e écriture, puis après ça en production... Et tu n’es évidemment jamais accepté au 1er tour... tu dois attendre le 2e, puis le 3e... Et ça, c’est si tu n’es pas éliminé en cours de route ! Tu vas peut-être tourner ton film dans cinq ans. Et là, ton film ne prend pas l’affiche avant un an, peut-être deux. Bref, tu vas passer peut-être six ou sept ans de ta vie sur un film. Si tu es un jeune cinéaste et que tu veux être accepté par l’institution, tu vas vouloir te conformer à ce qui joue sur les écrans au Québec, films qui sont, dans la majeure partie des cas, à peu près interchangeables. Il y a quoi... peut-être cinq films sur les trente qu’on sort par année qui se démarquent ? Ce jeune cinéaste est donc bombardé par les mêmes films, les mêmes sujets, les mêmes traitements...
JML : En somme, s’il veut être accepté, il va présenter un film « dans le genre » et non un film « de genre » ?
JM : Oui ! Parce que ton film fantastique, weird ou psychédélique risque probablement d’être refusé. J’ai même entendu de jeunes cinéastes me lire leur scénario avant le dépôt et ils se censuraient eux-mêmes ! « J’aurais pu faire ça, mais ça passerait jamais », me disaient-ils. Ils n’ont même pas encore déposé, et ils sont déjà en train de se censurer. On pourrait même se demander si les institutions sont si difficiles que ça ou si ce n’est pas les artistes qui ont fini par se convaincre qu’elles l’étaient autant.
JML : Mais la SODEC a financé quand même plusieurs projets de genre dans les dernières années, comme Viking (2022), Farador (2023), etc.
JM : En effet, il y a une petite vague en ce moment, comme ça s’est déjà vu avant… Par expérience, l’an prochain ça sera chose du passé…
JML : Alors... c’est quoi la solution ?
JM : B’en... on pourrait avoir un pourcentage pour permettre aux cinéastes d’essayer des affaires plus flyées ?
JML : Après la réalisation, la programmation, la production... Ne serait-ce pas un prochain rôle que tu pourrais camper ?
JM : Peut-être. Mais d’abord, il faut qu’il y ait une volonté. Il y a eu une volonté concernant la parité, c’est très bien ! Il y a eu une volonté pour augmenter la diversité, c’est très très bien ! Il y a eu une volonté pour la promotion du cinéma autochtone, c’est très très très bien ! Il faudrait qu’il y ait une volonté pour encourager les films de genre.
JML : Et ailleurs, aux États-Unis par exemple, on trouve cette « volonté » ?
JM : Oui ! Pense à A24, un studio qui a le vent dans les voiles depuis plusieurs années. Ils font des films complètement flyés et qui remportent de grands prix. On est toujours un peu plus lent ici. On devrait peut-être avoir quelque chose comme ça d’ici 2030.
JML : D’ailleurs, est-ce qu’il y a de jeunes cinéastes, au Québec, qui réussissent à se démarquer, qui réussissent à jouer avec les codes des différents genres ?
:: Nu (Olivier Labonté LeMoyne, 2022) [UGO Média]
:: Bungalow (Lawrence Côté-Collins, 2022) [Coop Vidéo]
JM : Hum... Je te dirais... Olivier Labonté LeMoyne, qui a ouvert la dernière édition du festival avec Last Sonata (2020), un super plan-séquence. Il avait gagné un prix à SPASM avec Déjà vu (2017). Son plus récent, Nu (2022), qui a d’ailleurs été présenté au Festival international du film fantastique de Catalogne (Sitges), joue habilement sur les codes du film d’horreur. Louis-David Jutras, celui qui a fait Mes peurs noires (2020, une collection de petits quickies de quelques secondes), avait foutu la chienne à tout le monde avec Le reflet (2019), grâce à ses jeux de miroirs. Les États-Unis s’étaient même montrés intéressés à l’adapter en long métrage. Alexis Fortier Gauthier qui a fait Mélopée (2019), un film fantastique avec une créature dans le fleuve Saint-Laurent. C’est lui qui avait fait La voyante (2017) et, plus récemment, Les envahisseurs (2022), un film d’enlèvement par les extraterrestres. Et lui aussi, il joue avec les codes, il est toujours sur la ligne : est-ce que c’est vrai, est-ce que c’est faux ? Kevin T. Landry — un habitué de SPASM et de KINO, et qui s’est démarqué par ses courts métrages efficaces — qui vient de sortir Jour de merde (2023), un film à la façon des Frères Coen. Lawrence Coté-Collins qui vient de sortir Bungalow (que j’ai adoré !). C’est flyé, c’est dark, c’est trash, c’est twisté, c’est signé, c’est sans compromis. Pour les trippeux de genre, c’est vraiment un film à découvrir. Et enfin, Pascal Plante avec Les chambres rouges (2023), dont il a fait la post-production, ici, justement. J’ai adoré Nadia, Butterfly (2020) qui nous sortait de nos histoires et qui nous sortait du Québec. En voilà un autre qui s’approprie le genre à sa manière, qui a commencé par son coming of age (comme je le disais) qui a sorti ça de lui, et qui explore maintenant d’autres affaires.
JML : Et puisqu’ils ont, pour la plupart, fait leurs armes lors des KINO Kabaret et que tu as présenté leurs films à SPASM, est-ce que tu t’enorgueillis (comme on en parlait plus tôt) de les avoir, pour ainsi dire, découverts ou lancés ?
JM : C’est sûr que ça fait plaisir. C’est comme RKSS [NDLR : François Simard, Anouk Whissell et Yoann-Karl Whissell], qui sont maintenant super connus. Eux-mêmes le disent : SPASM a été leur tremplin. Quand tu as la chance de montrer tes films et d’avoir un retour direct du public, c’est sûr que ça t’aide.
JML : Est-ce à dire qu’il y aurait espoir de voir le cinéma de genre éclore au Québec ?
JM : Je ne veux pas péter ta balloune, mais moi, je vois des cycles. C’est la 3e fois qu’on dit que le cinéma de genre va éclore au Québec. La première fois, c’était avec Sur le seuil (Éric Tessier, 2003), puis La peau blanche (Daniel Roby, 2004) ou Le dernier tunnel (Érik Canuel, 2004). La deuxième fois, c’était avec Les affamés (Robin Aubert, 2017). Et là, on en reparle encore aujourd’hui. Mais je reste malheureusement un peu sceptique. Je vais le croire quand je sentirai une vraie volonté de la part des organismes subventionnaires et que 10% des projets financés pour les cinq prochaines années vont être des films de genre... et que siégeront aux comités d’évaluation des gens qui savent c’est quoi le cinéma de genre. Et j’adorerais en faire partie !
JML : Ça serait un des derniers chapeaux qu’il te resterait à porter. D’ailleurs, je pourrais te demander, en terminant, avec le parcours que tu as, si tu as accompli tout ce que tu voulais accomplir.
JM : Je t’avouerais que j’ai pas mal accompli tout ce que je voulais accomplir dans ma vie. Sauf une chose ! De tous les projets de ma vie, le seul qu’il me reste et que je veux voir mener à terme, c’est le long métrage du Bagman (2004). Là, ils [RKSS] ne travaillent pas là-dessus : ils travaillent sur deux autres longs métrages. Mais je t’assure que si je gagne quelques millions, je les pousse à le faire !
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