NIGHT OF THE HUNTER
Charles Laughton | États-Unis | 1955 | 92 minutes
« Heureux sont les cœurs purs, car ils verront Dieu » (Matthieu, 5 : 8)
« Méfiez-vous des faux prophètes, qui viennent à vous déguisés en brebis, mais au-dedans sont des loups rapaces. C’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez. » (Matthieu, 7 : 15-20)
Récit de fuite d’enfants traqués par un truand se faisant passer pour Révérend,The Night of the Hunter peut a priori sembler loin de l’esprit du temps des fêtes. À tout le moins, la mémoire lui associera davantage un onirisme noir porté par la photographie expressionniste de Stanley Cortez, les mains tatouées, la silhouette et le chant inquiétants de Robert Mitchum, le mouvement des algues se mêlant à la chevelure d’une mère noyée, des animaux énigmatiquement allégoriques et puis, cette image si marquante de Lilian Gish tenant fermement sa carabine. Pourtant, sa traversée des genres — entre le thriller, le « Bible movie », l’horreur — trouve son aboutissement dans une ultime scène d’échange de cadeaux de Noël où la présence tutélaire et les regards caméras de Gish s’adressent à nous comme le seul prêtre que nous ne saurions tolérer. La tendresse de la scène est vive, portée par l’autorité de la femme menue protégeant becs et ongles le troupeau qu’elle a recueilli et en lequel elle a la sagesse du cœur de faire reposer sa confiance. Il aura fallu fréquenter la noirceur et la cruauté pour parvenir à ce moment rituel où la capacité des enfants « to abide », « to endure », fait oublier en ces quelques minutes l’obscénité de Noël. L’échange de cadeaux y est transmission simple, mémorielle et structurante. Une broche donnée à une jeune fille s’étant laissée séduire, une montre présentée à John pour qu’il puisse dès lors indiquer l’heure à sa mère adoptive et cette pomme spontanément enveloppée dans un napperon par le petit garçon ressentant soudainement la bonté du monde.
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