Quelques mots sur Mangrove de Steve McQueen.
Dans le quartier Londonien de Notting Hill, un homme ouvre un restaurant. Un lieu qui lui rappellera son pays d’origine. Rapidement, il est interpellé par les policiers du quartier. Rapidement, il sera confronté à la violence et à l’humiliation d’un système qui n’a pas été conçu pour des gens comme lui. Des gens à la peau foncée.
Autour de lui, une révolte s’organise. Il est temps d’agir.
Dans le quartier Londonien de Notting Hill que j’ai découvert dans mon téléviseur vers l’âge de 13 ans. À travers les aventures de Julia Roberts et Hugh Grant, une tout autre histoire se joue désormais devant moi. On est bien loin des affaires de cœur entre une actrice et un propriétaire de librairie. Une autre page de l’histoire, invisible pour une majorité.
Cette histoire n'est pas la mienne et pourtant j’en connais les rouages. Ce n’est pas ma famille, mes amis ou des connaissances. Ce n’est pas mon pays, mon époque. Et pourtant.
Une histoire de résistance où activistes et habitants d’un quartier s’unissent pour s’opposer à l’injustice. Unis pour interroger la notion même de justice. Qui ne semble pas être adaptée à eux.
Deux systèmes. Et pourtant.
Dans ce film, on riposte, on s’exprime haut et fort. Crier au visage de l’oppresseur. Contre la violence, contre l'humiliation. Pour regagner sa dignité.
Pour regagner quelque chose qui n’a jamais été perdu.
Et moi, je suis confrontée à ma docilité. Aux moments où j’ai fait semblant. Ne pas entendre et fermer les yeux. Crier tout doucement. À l’intérieur.
Quelques fois aux heures courageuses, j’écris. Pour ne pas me laisser aller au désespoir.
Dans 40 ans, est-ce que je vais raconter cette histoire, qui n’est pas la mienne et qui y ressemble. Raconter encore ces violences visibles et invisibles. À l’écran.
Visibles et invisibles.
La vérité, elles ne sont jamais invisibles pour nous. On les absorbe. Elles se glissent rapidement sous notre peau et font de nous des êtres résilients.
Des êtres résilients. Des temps qui changent. On avance, on a fait des progrès. Je regarde ce film qui se situe en 1970. Depuis, on avance et on progresse.
N’est-ce pas ?
Pour ne pas me laisser aller au désespoir. J’ai des excès de joie, de rire, de danse. Demeure une chose. Mangrove et la joie qui s’en émane. Envers et contre tout.
Pour ne pas me laisser aller au désespoir, je me rappelle que cette histoire est en partie la mienne et aussi la vôtre. Je ne serai pas seule à avancer.
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