« Disons qu’il se pourrait que tous les sujets naissent libres et égaux en droit ; ce qui compte, c’est le ton, ou l’accent, la nuance, comme on voudra l’appeler — c’est-à-dire le point de vue d’un homme, l’auteur, mal nécessaire, et l’attitude que prend cet homme par rapport à ce qu’il filme, et donc par rapport au monde et à toutes choses. »
Ces lignes, écrites il y a bien longtemps par Jacques Rivette qui mourut en 2016, n’ont pas cessé de résonner à travers cette année placée sous le signe de la mésentente et de l’abjection. Comme dans toutes les périodes les plus creuses de l’unité humaine qu'il a traversées, le cinéma a su faire amende honorable à ceux qu’il osa représenter : montrer que l’image est un catalyseur de la différence, faire en sorte que le montage adjoigne tout ce qui est écartelé par la violence et l’Histoire, filmer dans le regard dénudé des uns ce qu’ils voient d’eux-mêmes et des autres. Le cinéma nous a présenté dans la dernière année des personnages dont la force intérieure s’exprimait par cette volonté de chercher en autrui les signes de confiance qu’il nous fallait… ainsi que la confirmation, si elle en est une, d’une forme d’humanité idéelle. Nos numéros trimestriels (
Les banlieues du cinéma,
Le désert du réel, notre avenir proche aligné sur le
wu xia pian) naissaient d’une volonté cousine, à savoir celle d’actualiser un cinéma où l’identité et les gestes qui la protègent et la menacent puissent, dans le mouvement dynamique et toujours différent d’une rencontre entre deux individus, produire des images qui ne soient pas juste des images. Ces trente films sélectionnés par la rédaction de
Panorama-cinéma témoignent de la diversité et de la richesse de ces rencontres.