30 textes pour 30 films, où nombreux sont ceux à avoir voulu renouveler le bagage sensoriel du cinéma, sa manière d’incarner le sentiment à l’écran, de l’éponger par ses coupes, son mixage, son grain, un retour du sensoriel par-devant le formalisme (de Prière pour une mitaine perdue et Viendra le feu à Undine, Babyteeth, Never Rarely Sometimes Always, Sound of Metal ou Portrait de la jeune fille en feu), présentant tous des occasions de revoir notre rapport à l’autre à la lumière d’un impressionnisme sincère et empathique, où le cinéma d’auteur semble définitivement sortir de la suprématie du cadre et de sa lenteur pour préférer de nouvelles vivacités sonores et montagières. Aux côtés de cette tendance, celle, rapprochée, des reconsidérations historiques, toutes ces entreprises consacrées, dans un mouvement rétrospectif qui n’a d’ailleurs pas cessé de hanter le confinement, à visibiliser les enjeux de l’Histoire, de sa transmission collective et de la guérison sociétale qu’elle invite (de Me and the Cult Leader à Irradiés en passant par Zombi Child, City Hall, Labyrinth of Cinema et Small Axe). Enfin, une dernière tendance frappante, à cheval entre l’introspection et l’historique, soit celle du contexte toxique, inquiétant, ignorant, désespérant, de l’a priori historique et formel guettant la noyade intérieure telle qu’elle se vit lorsqu’on s’enfonce dans le monde pour le (re)trouver à mesure qu’on le voit s’éloigner (She Dies Tomorrow ou Another Round ou King of Staten Island, voire The Woman Who Ran, Nomadland et Dwelling in the Fuchun Mountains). Trois tendances à retenir de l’année 2020, toutes étirées par la dilatation de nos immobilismes respectifs, comme s’ils nous avaient rendus encore plus conscients de la potentielle hostilité du monde et de la nécessité renouvelée, pour le cinéma, mais aussi pour notre revue, de la réfléchir par tous les moyens qui sont à sa disposition.
Voici donc les 30 films autour desquels la rédaction s’est concertée, 30 films qui nous animent pour vous montrer la vivacité du cinéma dans une année occultée, des œuvres à investir, à noter, à chasser, hélas encore chacun pour soi, afin de préserver la courroie du désir intime de la cinéphilie, seul amour à pouvoir se galvaniser d’un confinement.
Présentation | 30-21 | 20-11 | 10-1 | Palmarès individuels |
illustration : François Samson-Dunlop
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