DOSSIER : Le cinéma et ses conjurations
L’équipe Infolettre   |

Panorama-cinéma - Numéro 5

Par Mathieu Li-Goyette




PARTOUT, DU NOUVEAU

Alors que nous évoquions il n'y a pas plus de deux mois (ici) l'apparition prochaine d'une salle de cinéma répertoire dans l'est de l'île, voilà une deuxième nouvelle qui tombe comme une heureuse surprise : la création d’un Cinéma NDG situé dans l'ancien Théâtre Empress est étudiée à l'heure qu'il est par un comité de sélection de l'Arrondissement Côte-des-Neiges. Organisme à but non lucratif (comme le Station Vu de Mercier qui devrait ouvrir ses portes dans les prochaines années), ce nouveau centre culturel situé en plein coeur de Notre-Dame-de-Grâces repose sur un projet d'économie sociale à la Cinéma Beaubien. Mettant donc l'accent sur une coopération entre le milieu de la culture et le milieu des affaires du quartier, cette structure semble redonner la foi en la création de salles répertoire excentrées.

Rejointe au téléphone, la responsable du projet Élaine Ethier explique que celui-ci est en branle depuis plus de deux ans. Celle qui fait carrière dans le cinéma et la télévision rêvait depuis longtemps de revoir le Théâtre Empress ouvrir ses portes, lui qui, depuis un incendie en 1992, avait fait cessé les activités du Cinéma V. Après un projet de cinéma communautaire ayant échoué à se concrétiser durant les douze dernières années, le groupe monté par Mme Ethier s'est emparé de l'appel lancé par la ville en décembre dernier : reprendre l'immeuble, le rénover, y installer un café et des salles, devenait tout à coup un rêve à portée de main. Pour le théâtre construit en 1927, qui plus est doté d'un style néo égyptien (l'un des plus rares en Amérique du Nord), la mise sur pied du Cinéma NDG rime aussi avec la sauvegarde du patrimoine.

« Je trouve ça formidable qu'on revienne aux petits cinémas de quartier, qu'on revienne au local. Pour moi, aller au cinéma simplement en prenant une marche, c'est synonyme des premières sorties à l'adolescence, ça redonne de la vitalité dans le quartier et ça permet de baser une programmation à partir des préférences des gens du voisinage », a avoué Mme Ethier. D'autre part, il faut dire que si le cinéma Beaubien et Station Vu s'avèrent axés vers les intérêts d'un public francophone, les futurs spectateurs des salles de l'Empress font preuve d'une diversité culturelle qui pourrait bien être le premier problème du Cinéma NDG. C'est pourquoi, malgré tout ce qui a pu être dit de l'avènement du règne numérique, l'organisatrice nous a confirmé que toutes les salles seront équipées pour cette nouvelle technologie en dépit de projecteurs 35mm qui n'y trouveront pas leur place. « Le numérique offre une flexibilité essentielle au succès de nos salles dans un milieu aussi cosmopolite. Avec lui, nous ne serons pas non plus limités au cinéma contemporain, car avec les récentes restaurations, nous serons aussi en mesure d'envisager la programmation de rétrospectives », explique-t-elle.

Ouvrant aussi la porte à des partenariats avec les festivals montréalais, le Cinéma NDG nous apparaît comme une belle initiative qui profitera certainement des récents succès de Station Vu. On nous a assurés que la ville devait prendre une décision quant à la soumission du projet le 26 juin dernier, mais, préférant laisser passer l’été, ce n’est que le 13 août prochain que nous en saurons un peu plus sur l’avenir du Cinéma NDG, dont la candidature vient de recevoir la recommandation du comité d'évaluation. Avec un peu de chance, d’ici quelques années, Montréal pourrait s’enorgueillir de deux complexes supplémentaires. Pellicule ou pas, la population cinéphile n’est probablement pas en mesure de refuser l’offre de Mme Éthier et de ses partenaires.

Si vous voulez vous tenir au courant, ou si vous voulez simplement manifester votre appui à l’initiative citoyenne du Cinéma NDG, vous pouvez rejoindre leur page Facebook ici.

*

Dans un tout autre ordre d’idées, il y a quelques semaines le Festival Fantasia et le Festival du Nouveau Cinéma ont annoncé un partenariat pour le moins inattendu. S’alliant pour inviter la rétrospective du 100e anniversaire de la Nikkatsu à leurs festivals respectifs, ce n’est pas sans surprise que l’on pouvait voir François Macerola, président de la SODEC, à la conférence de presse du 5 juin dernier. Celui qui avait provoqué tout un tollé l’an dernier en proposant sur la place publique, sans même l’aval des festivals, l’idée farfelue d’un « méga-festival », semble finalement avoir été l’un des architectes de cette union entre les deux partis, sans aucun doute les deux plus importants festivals de cinéma au Québec.

Alors voilà, du mois de juillet jusqu’au mois d’octobre, on s’alignera sur la célébration du centenaire de la Nikkatsu qui devrait nous faire découvrir sa part de yakuzas, de samouraïs métamorphes, de chansons pops déjantées et même de pornos softs. Entre Kô Nakamura et Shohei Imamura, entre Seijun Suziki et Masahiro Makino, nous aurons l’occasion de revisiter le doyen des studios japonais jusqu’à en faire un petit livre, un genre de hors série qui devrait être publié, sait-on jamais, quelque part avant la fin de l’année - j’entends déjà l’équipe de rédaction rechigner devant la charge de travail que cela implique, mais oui, encore, Panorama-cinéma se laissera porter par les effluves à la fois inspirants et inépuisables du cinéma japonais.


INDEX

 
CRITIQUES (RÉPERTOIRE)

Laurentie
(2011)
Pusher II (2004)
Pusher III (2005)

CRITIQUES (FESTIVALS)

11/25 The Day Mishima Chose His Own Fate (2012)
Chained (2012)
Children Who Chase Lost Voices from... (2011)
Easton's Article (2012)
Excision (2012)
For Love's Sake (2012)
Headshot (2011)
Killer Joe (2012)
A Letter to Momo (2011)
Profound Desire of the Gods (1968)
Star Crash (1978)
Stray Cat Rock: Sex Hunter (1970)
Toad Road (2012)

CRITIQUES (NOUVEAUTÉS EN SALLES)

360 (2011)
Beasts of the Southern Wild (2012)
The Bourne Legacy (2012)
The Campaign (2012)
The Dark Knight Rises (2012)
Liverpool (2012)
Omertà (2012)
Ruby Sparks (2012)
To Rome with Love (2012)
Total Recall (2012)
Trishna (2011)
The Watch (2012)
  CHRONIQUES

Pour en finir avec le cinéma, de Blutch

FESTIVALS


Fantasia 2012
Fantasia 2012 : Le blogue du festival

ENTREVUES

Jennifer Lynch (Chained)
Radu Mihăileanu (La source des femmes)







 
Envoyer par courriel  envoyer par courriel  imprimer cette critique  imprimer 
Article publié le 11 juillet 2012.
 

Éditoriaux


>> retour à l'index