TEST
Par
Mathieu Li-Goyette
Sans la dose annuelle d'horreur orientale que nous procure Fantasia, il serait bien présomptueux de tracer des tendances dans la J-Horror (ou encore la Thai-Horror ou la K-Horror, telle qu'il en sera question ici). Or à chaque édition, c'est le traditionnel omnibus composé de jeunes talents en devenir qui nous donne le pouls d'un cinéma en cruel manque de réinvention. Ici, sous l’œil calculateur de Min Kyu-dong (auteur du remarqué Memento Mori, ainsi que de la sympathique comédie romantique Antique) que tout un chacun s'exerce aux manières du cinéma d'horreur.
Crescendos musicaux, montés dramatiques culminants en un « ce n'était qu'un rêve », les stratégies narratives des quatre segments de Horror Stories déçoivent parce qu'ils apportent un regard générique à des situations qui le sont d'autant plus. À partir d'un gimmick bon enfant (un tueur en série capture une écolière et lui demande des histoires d'horreur pour s'endormir), Kyu-dong passe le flambeau à ses confrères qui réalisent tour à tour un sketch sur un livreur terrifiant, un vol d'avion macabre, un playboy cannibale et une ambulance en temps d'invasion de morts-vivants. Quatre nouvelles, quatre espaces où le huis clos permet de faire jaillir d'un garde-robe ou d'une rangée de bancs mal éclairée un visage fantomatique prêt à tout pour satisfaire ses ambitions meurtrières.
Tandis que les deux premiers segments reprennent les codes du slasher pour les mélanger avec ceux du film de fantôme japonais, les deux derniers jouent avec des genres plus classiques, l'un tendant vers Hannibal, l'autre vers l'absurdité horrifico-comique de Romero. Alors que la deuxième moitié du collectif rattrape le manque d'inventivité des épisodes précédents, leur somme échoue à établir un ton qui puisse nous prendre à la gorge. Tandis que les années précédentes nous avaient habitués à des omnibus dont la terreur pouvait parfois paraître insurmontable (pensons à Phobia et Phobia 2, résultats d'une vague de jeunes créateurs thaïlandais), Horror Stories cabotine avec des codes maîtrisés en surface. L'atmosphère n'y est pas, la profonde intelligence qui sommeille dans le genre échoue à nous épater. Le déjà-vu gruge les bonnes idées et les recrache en une courtepointe cousue de fil blanc. Si ce n'était du troisième épisode (Secret Recipe, réalisé par Hong Ji-young), on pourrait sans doute croire qu'il n'y a pas de quoi s'exciter des prochaines années du cinéma d'horreur coréen.
Critique publiée le 3 juillet 2012.