Il y a un passage particulièrement désopilant dans l’un des épisodes de la série télévisée
The Simpsons où le personnage de Milhouse Van Houten y va d’une observation tout ce qu’il y a de plus pertinente en comparant un événement à ceux du film
Speed 2: Cruise Control, mais dans lequel un autobus aurait pris la place du bateau. Une analogie qui s’applique en soi parfaitement aux péripéties des trois hurluberlus de
The Hangover, dont les folles aventures seront simplement passées ici du terrain de jeux pour adultes de Las Vegas aux rues beaucoup plus impitoyables de Bangkok. Une contrefaçon qui était évidemment assez facile à prévoir suite à un premier effort qui, contre toute attente, devint un phénomène populaire pour le moins imposant en plus de connaître un succès foudroyant aux guichets. Une réussite d’autant plus rare pour une comédie principalement destinée à un public adulte. Pourquoi alors changer une formule gagnante? Une telle mentalité ne date, certes, pas d’hier et guide la confection des suites cinématographiques depuis déjà nombre d’années, lesquelles ne se veulent dans la majorité des cas qu’une version amplifiée, mais pas forcément peaufinée, de leurs prédécesseurs. Mais il y a tout de même des limites à l’autoplagiat, voire à la paresse créatrice. Une frontière que le réalisateur
Todd Phillips et les scénaristes Craig Mazin et Scot Armstrong n’ont visiblement eu aucun scrupule à traverser pour
The Hangover Part II. De sorte que le trio aux commandes de ce deuxième opus nous ressert ici, à quelques détails près, exactement le même film que Phillips et ses collègues de l’époque nous avaient proposé il y a deux ans.
La majorité des personnages du premier épisode sont donc réunis ici à l’occasion d’un autre mariage, cette fois celui de Stu (Ed Helms), qui doit avoir lieu dans quelques jours en Thaïlande. Des réjouissances qui impliquent évidemment la tenue d’un autre enterrement de vie de garçon. Une idée à laquelle s’opposera toutefois vivement le principal concerné par peur de voir la soirée déraper de façon incommensurable comme cela avait été le cas lors de leur passage dans la ville du vice. Mais ce qui devait arriver arrivera et nos trois compères verront l’histoire se répéter sous leurs pauvres yeux. Du coup, ce qui ne devait être qu’une soirée passée paisiblement sur une plage paradisiaque se soldera par un dur réveille dans un hôtel miteux de Bangkok sans qu’aucun d’entre eux n’ait le moindre souvenir de ce qui a bien pu se passer la veille. Stu, Phil (Bradley Cooper) et Alan (Zach Galifianakis) devront alors tenter de retrouver le jeune frère de la future mariée, auquel il manque visiblement un doigt, et ainsi sauver les meubles avant le début de la cérémonie. Le tout ne sera évidemment pas une partie de plaisir alors que le trio découvrira peu à peu les frasques d’une nuit particulièrement arrosée et les conséquences en ayant découlé. Bref, il n’y a absolument rien de nouveau sous le soleil. Même que pour le spectateur ayant encore en mémoire les événements du premier opus, la balade proposée par
The Hangover Part II en sera une des plus prévisibles alors que ce dernier devra accompagner notre trio vedette au coeur d’une trame narrative en tous points identique à celle du film de 2009.
Mais le simple fait que le long métrage de Todd Phillips s’aventure sur un parcours déjà bien connu du grand public ne veut pas dire que celui-ci ne remplit pas ses fonctions à titre de spectacle humoristique. Car il faut bien reconnaître que le trio de scénaristes parvient à orchestrer ici plusieurs moments de franche rigolade, et ce, malgré le manque de fraîcheur de ses machinations. Il faudra toutefois savoir se montrer patient, car l’exercice ne prendra véritablement son envol que suite à une introduction des plus laborieuses. L’effort s’amorçant une fois de plus sur le moment le plus critique de l’escapade des trois protagonistes, le «
It happened again » peu inspiré que lancera alors Phil nous laissera présager le pire. Si la transition entre le refus catégorique de Stu de faire la fête et cette reprise des sens pour le moins brutale devant faire le pont entre les deux épisodes n’est pas dépourvue de sens comique, la sauce ne réussit toutefois jamais à lever complètement. Les choses s’amélioreront fort heureusement par la suite alors que, comme
The Hangover avait su le faire pour les excès et les fantasmes que la culture populaire entretient au sujet de Las Vegas,
The Hangover Part II réservera le même traitement à ce Bangkok présenté ici comme la ville de tous les dangers et des plaisirs les plus… particuliers. Un changement de destination qui, sans altérer la formule, confère définitivement un ton beaucoup plus sérieux au récit. Phillips se montrera du coup tout aussi habile, mais passablement moins inspiré, dans la livraison de ses gags et de ses dialogues, mélangeant avec une indéniable dextérité une vulgarité excessive à des élans se rapprochant davantage de l’absurde et du slapstick.
Les talents du cinéaste lui permettront bien d’arriver à des résultats qui, même si ceux-ci commencent à sentir un peu trop la formule, ne s’avèrent néanmoins jamais ennuyants. Tous les éléments de
The Hangover trouvent ainsi un équivalent dans ce deuxième volet, eux qui seront introduits dans des circonstances d’autant plus similaires. Il en va de même pour la résolution de cette « intrigue » qui poussera les trois protagonistes à visiter les recoins les moins recommandables de la capitale thaïlandaise avant de les ramener à la case départ pour leur offrir une résolution qui, jusque-là, semblait hors d’atteinte. L’exercice pourra ensuite connaître un dénouement heureux au cours duquel Stu sortira une fois de plus de sa coquille pour s’imposer face aux individus qui ne se gênaient pas auparavant pour lui marcher sur les pieds. Évidemment, l’efficacité du film de Todd Phillips passe essentiellement par le jeu de ses interprètes, qui s’en donnent toujours autant à coeur joie. Les Helms, Cooper et Galifianakis s’avèrent de nouveau à la hauteur dans la peau de ce trio classique formé d’une tête forte, d’une tête folle et d’un type un peu trop coincé.
The Hangover Part II n’en fait donc pas plus que ce qui lui a été demandé, reprenant certaines idées qu’il fait certainement plaisir de revoir à l’écran, mais ratant également un nombre incalculables d’opportunités de repousser les limites de son propre canevas. Ce deuxième effort présente en définitive une moyenne au bâton suffisamment élevée sur le plan humoristique pour satisfaire ceux qui auront trouvé leur compte avec le film de 2009, mais sans forcément les épater au point de leur faire espérer un troisième tour de piste.