Il était une fois trois enfants qui ne rêvaient que d’une chose : jouer au nouveau jeu vidéo que tout le monde s’arrache, sur une console aux allures mystérieuses. Après un casse chorégraphié dans un entrepôt perdu, iels repartent, cagoulé·e·s au volant de leur bécane, la console tant désirée sous le bras. Mais alors qu’ils pensent avoir accompli le plus dur, un premier obstacle apparaît : un code parental a été installé sur la télévision. La mère d’un des enfants, au fond de son lit avec la grippe, accepte de leur donner à une condition : ils doivent lui rapporter sa tarte aux myrtilles préférée, de la boulangerie du coin.
Dans cette quête contemporaine du Graal, nos trois aventurier·e·s, Alice, Hazel et Jodie, rencontreront bien des embûches. À la poursuite d’un mystérieux cowboy qui a pris le dernier œuf magique au supermarché, iels croiseront la route d’une boulangère fiévreuse, d’une secte énigmatique et d’une gouroue en forme de sorcière moderne, autoritaire et captivante. Réjouissant malgré quelques longueurs, Riddle of Fire parvient à nous embarquer dans cette vaste énigme aux rebondissements sans fin.
Pour son premier long métrage, Weston Razooli plante le décor de sa chasse au trésor dans un Wyoming onirique, auquel la pellicule 16 mm donne un aspect vaporeux et enchanté. Savant mélange de Twin Peaks (1990-1991) et de Moonrise Kingdom (Anderson, 2012), cette épopée enfantine développe une esthétique dont le charme opère dès les premières images. Nous voilà plongé·e·s dans l’imaginaire de l’enfance, comme un rêve d’aventure auquel on rajoute toujours de nouvelles épreuves pour qu’il dure le plus longtemps possible. La structure narrative, qui consiste à chasser une péripétie par une autre, opère comme une grande poupée russe, chaque boîte révélant son lot de surprises. Si la répétition peut frôler l’essoufflement, nous nous laissons néanmoins embarqué·e·s avec plaisir dans ce joyeux périple, où l’insouciance est reine.
[ANAXIA / FullDawa Films]
Le réalisateur ne cède en effet jamais à la tentation de la nostalgie. Il ne regarde pas les enfants du point de vue de l’adulte qui aurait grandi et perdu ses illusions : il y a une véritable densité à ces personnages, qui n’apparaissent jamais comme les faire-valoir d’une vision mélancolique. La petite bande mène la danse, relevant avec panache les épreuves et déjouant avec impertinence la vigilance des adultes. Armé·e·s de pistolets à peinture et de longues-vues télescopiques, iels semblent nous mettre en garde : attention, la légèreté de l’enfance est une chose très sérieuse. La force de Riddle of Fire repose aussi sur les performances de ces très jeunes comédien·ne·s. Leur air résolu, leur absence de peur et leur détermination sans faille en font un trio assez irrésistible.
En voulant transposer l’univers du conte dans un cadre pop, le film prend parfois les allures d’un long clip, trop étiré et manquant de subtilité, Weston Razooli n’ayant pas lésiné sur l’atmosphère eighties, à grand renfort de couleurs fluorescentes et de musique aux accents médiévaux. Pour autant, Riddle of Fire a le mérite de réussir à conjuguer les genres avec fraicheur et entrain, entre épopée ancestrale et récit fantastique.
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