DOSSIER : Le cinéma et ses conjurations
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Grand Meaulnes, Le (1967)
Jean-Gabriel Albicocco

Point de passage

Par Jean-Marc Limoges
Le grand Meaulnes est l’un des plus beaux romans jamais écrit. Roman poétique. Roman de mœurs. Roman d’aventures. Roman mythique. Roman d’amour, mais surtout roman d’amitié. Roman sur le passage de l’enfance à l’adolescence et de l’adolescence à l’âge adulte. Roman de l’enchantement et de la désillusion. Roman unique d’Alain-Fournier, né Henri-Alban Fournier, à la Chapelle-d’Angillon, dans le Cher, en 1886, et mort prématurément sur le champ de bataille lors de la Première Guerre mondiale, en 1914, à l’âge de 27 ans (l’âge auquel d’ailleurs meurent les rock stars et autres poètes maudits).
 
Largement autobiographique, son roman esthétise l’amour qu’il a voué, dès l’âge de 18 ans, à Yvonne de Quiévrecourt, une grande et mince jeune fille blonde aux yeux bleus, rencontrée au hasard d’une promenade à Paris, le 1er juin 1905, le jour de l’Ascension (se plaît-on à répéter). Dès qu’il la vit, il en tomba immédiatement amoureux. Il la suit, s’approche d’elle et ose ces trois mots : « Vous êtes belle ». La pressant de lui dire son nom, il ne trouve qu’à répondre, maladroitement : « Le nom que je vous avais donné était plus beau ». Puis, elle clôt la rencontre en lui disant froidement : « Nous sommes deux enfants, nous avons fait une folie. » Cet épisode, ces propos, bien tristes, bien réels, seront repris tels quels dans le roman qu’il publiera, près de dix ans plus tard, tout juste un an avant sa mort.
 
Car il lui faudra des années avant de faire une œuvre de cette rencontre, des années pendant lesquelles il la suivra, la poursuivra, la pourchassera, lui écrira, obstinément, allant même jusqu’à engager un détective privé pour connaître les moindres détails de sa vie, des années pendant lesquelles, chaque jour de l’Ascension, il retournera sur l’escalier du Grand Palais où il la vit pour la première fois.


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Il tentera donc de coucher par écrit, comme pour l’exorciser ou en faire le deuil, l’histoire de cet amour idyllique qui jamais n’aura abouti. Il écrira des brouillons, des ébauches, des fragments, se lancera dans des descriptions, notera ses impressions, se rappellera des souvenirs, courra longtemps après une trame narrative. Il veut parler de cet amour mystérieux et impossible, de la vie paysanne, de son enfance heureuse, de la Sologne… Ce serait, à la fois, un roman d’aventures, un roman symboliste, réaliste, autobiographique. Mais la trame lui échappe toujours. Alors qu’il est réduit à faire du journalisme, son ami Jacques Rivière (qui mariera sa sœur, Isabelle), l’encourage à s’atteler sérieusement à son œuvre. Sa prose poétique trouve alors une trame dans laquelle il parviendra à intégrer toutes ses notes éparses, et même certaines des lettres qu’il a écrites à Yvonne. Il dira à Rivière que « derrière le roman pour adolescents se cache un livre désenchanté et cruel ».

 
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Alain-Fournier, fils d’instituteurs, se peint sous les traits de François Seurel, par les yeux duquel le récit sera vécu et raconté. Or, ce n’est pas lui qui connaîtra cet amour éthéré, surréel, féérique, ce sera son ami, Augustin Meaulnes, lequel devient du même coup le personnage principal : il tombera amoureux d’Yvonne de Galais (au nom transparent). Non satisfait de transposer ainsi son amour, Fournier doublera cette histoire d’une seconde : les amours de Frantz de Galais (le frère d’Yvonne) pour une certaine Valentine, modeste couturière. Le romancier se projette ainsi dans ses trois personnages masculins : François Seurel, rêveur timide et sage (à qui il prête la coxalgie qui faisait souffrir sa sœur), Augustin Meaulnes, grand gaillard assoiffé d’aventures et Frantz de Galais, jeune aristocrate fantasque, orgueilleux et suicidaire, quelque peu jaloux du bonheur qui enveloppera finalement Meaulnes et sa sœur Yvonne (comme Alain-Fournier aurait, semble-t-il, très mal vécu le mariage de son ami Rivière et de sa sœur Isabelle).
 
Au-delà de cette histoire d’amour, au-delà de cette histoire d’amitié, ce qui fait la beauté — ou la force — du Grand Meaulnes, c’est la finesse avec laquelle Alain-Fournier peint ce passage d’un âge à un autre. Au début, c’est le grand Meaulnes qui a un ascendant sur le jeune Seurel (et sur le lecteur). Seurel désire ardemment (et nous avec lui) que Meaulnes retrouve le Domaine mystérieux, c’est-à-dire le monde de l’enfance. Puis, quand débarque ce jeune bohémien que tout rapproche de Meaulnes, nous sentons vivement le rejet que subit sournoisement Seurel, qui n’a pas l’audace de ses deux comparses, bien plus aventureux que lui. Or, la seconde moitié du roman renverse les valeurs mises en place : Frantz se révèle en enfant gâté sans aucune maturité, Meaulnes, qui accède enfin au monde adulte (il vient de se marier), prend peur et laisse tomber sa femme (si longtemps convoitée) pour honorer une promesse faite, adolescent, à Frantz. Il ne peut plus susciter, ni pour Seurel, ni pour nous, l’admiration qu’il suscitait au début du roman. À la fin, c’est Seurel qui, en faisant valoir les qualités qui étaient déjà les siennes (retenue, sérieux) au début du roman, campe le personnage qui s’en sort le mieux, et exerce son ascendant sur Meaulnes, au grand désenchantement du lecteur, sans doute, qui regrette les premières pages, comme Meaulnes son enfance.
 

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Dans un substantiel article paru dans le n° 28 de la revue Perspectives, le 15 juillet 1967, Anne Légaré fournit un lot d’informations de la plus grande pertinence sur le tournage du film. D’abord, on y lit que Jean-Gabriel Albicocco vouait un véritable culte à ce roman que plus d’un cinéaste — (et non les moindres) Jean Delannoy, Marcel Carné, François Truffaut et même des réalisateurs américains — voulurent adapter, en vain. On y lit ensuite que, en février 1965, Albicocco apprend qu’Isabelle Rivière, la sœur d’Alain-Fournier, voudrait voir un documentaire que son père (Quinto Albicocco) avait tourné sur la Sologne, leur pays natal. Pour lui, c’est une chance de visiter la région où se déroule son roman culte, sans toutefois imaginer évoquer son désir d’en faire l’adaptation. C’est à 29 ans, donc, qu’il rencontre, à Dourgne, dans le Tarn, où elle vit retirée, Isabelle Rivière, qui a près de 80 ans. Après le visionnement, elle l’invite à prendre le thé. Leurs idées sur le roman et sur l’enfance se rejoignent. Isabelle demande ensuite à Jean-Gabriel de lui montrer ses deux longs-métrages. Elle est séduite. Celle qui refusait obstinément, depuis 40 ans, de donner les droits à quiconque pour adapter le roman de son frère, les lui donne, peu soucieuse d’ailleurs d’en faire un film commercial.

Pourquoi Albi a-t-il, lui, réussi à séduire la vieille dame ? Parce que « malgré ses airs gaillards et joufflus, Jean-Gabriel Albicocco […] est un tendre et presque un gamin ». Elle confie : « Gabriel a gardé l’esprit de l’enfance. J’ai compris que, si je lui confiais mes droits, il ne chercherait pas à adapter ses propres phantasmes sur un vague air de Grand Meaulnes ; j’ai su qu’il m’écouterait, qu’il n’inventerait rien. » On apprend aussi, dans un document d’Unifrance Film (n° 331) qu’« elle s’est décidée en faveur de Jean-Gabriel Albicocco, confiante en sa fidélité et en son talent. » Ce à quoi le cinéaste ajoute, dans le même document, qu’il s’agissait « du film de sa vie ». « Ce livre, a-t-il déclaré, crée le merveilleux à partir du quotidien. Je ferai de même, car j’ai choisi d’être intégralement fidèle. Bien que l’on connaisse mon goût pour la virtuosité technique, je me disciplinerai. Je ne ferai pas Le grand Meaulnes d’Albicocco, mais celui d’“Alain-Fournier”. »

Isabelle Rivière fut présente tout au long du tournage, s’assurant que le décor — et surtout que l’école — fut fidèle, non seulement au roman, mais aussi à ses souvenirs : « “De notre temps, dit Mme Rivière, [l’école] était entourée d’une plate-bande. Il y avait aussi un rosier qui grimpait jusqu’à la cloche et du jasmin qui courait le long de la grille… Les tuiles ce n’est pas ça ! Celles-ci ont un aspect de fabrication mécanique et sont d’un rouge qui ne vieillit pas. Le rouge des nôtres était fané. Et puis vous n’avez pas ajouté la vigne vierge !” Le décorateur Daniel Lauradour repeindra donc les tuiles, fera naître une vigne, l’école de Meaulnes reprendra vie. » Elle avouera cependant que « l’exactitude et surtout le réalisme poétique sont des créations d’Albicocco. Les champs de bruyère, les sapins bleus, la brume rampante du matin, l’image de ce pays “taciturne et profond” tel que nous le verrons, c’est la vision de Jean-Gabriel. » Elle aurait aussi supervisé les 780 costumes confectionnés par Sylvie Poulet : « Elle a revu 200 paires de bottines, de pleines valises de dentelles, bonnets, fichus et jupes paysannes. »

La vieille dame donne l’impression d’être au centre de tout : « Quand elle arrive, au fond de l’allée, toute de noir vêtue, Isabelle Rivière retient tous les regards. Elle avance à petits pas prudents, murmurant ses commentaires sur ce qu’elle voit. On vient l’embrasser à la ronde, on l’entoure de prévenances, Jean-Gabriel la guide jusqu’au pliant qu’il lui a réservé près du sien, partout où se pose la caméra. » Et puis, le soir, après les journées de tournage, on se retrouve à la maison d’Alain-Fournier, autour de « tante Rivière », qui leur parle de son frère et du passé.

Un article signé F. Lepoutre et G. Bavoux, paru dans le n° 54 de la revue Séquences en octobre 1968, nous apprend en effet que « par courtoisie, J.-G. Albicocco devait la prier d’assister le plus souvent au tournage. Et ce fut une véritable collaboration qui s’instaura. Sa présence et le culte qu’elle portait au roman devaient constituer entre les personnages du film et l’équipe de tournage une grande famille, où régnait une atmosphère faite d’amitié et d’enthousiasme pour l’œuvre entreprise et ses résonnances spirituelles. Il y avait vraiment un esprit Grand Meaulnes. L’équipe vivait comme dans un monastère, isolée de tout. Par tous les temps, “tante Isabelle” — c’est ainsi qu’on l’appelait — venait sur les lieux du tournage. Le soir, les comédiens replongeaient dans le livre. Ils ont vécu l’aventure si intensément qu’aujourd’hui encore ils ont du mal à retomber dans la réalité. (J. P. Helbert, Valeurs actuelles, 27 septembre 1967) »
 

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Oui, Albicocco demeure fidèle au roman d’Alain-Fournier (plus encore qu’à ceux de Balzac ou de Lanzmann qu’il a déjà adaptés ou à celui de Christine de Rivoyre, qu’il adaptera bientôt). Il demeure fidèle au texte, aux décors, aux costumes, à l’époque, à la tonalité nostalgique de l’œuvre, à la physionomie des personnages.

Le casting du film correspond trait pour trait aux personnages du roman : Alain Libolt joue un François Seurel timoré et efféminé, Jean Blaise adopte cet air dur et réservé du paysan qu’il est tout en effectuant, à moult reprises, ce geste qui consiste, dans les moments de réflexion, à se passer la main dans les cheveux, Alain Noury est mû par l’énergie détestable d’enfant gâté dont Frantz est prisonnier, nulle autre que Brigitte Fossey, angélique et candide jeune fille, ne pouvait mieux camper Yvonne et enfin Juliette Villard ressemblera effectivement au Pierrot auquel la compare Fournier. Chacun a la gueule de l’emploi.
 
Mais Albicocco, en bon photographe, saura éclairer leur visage — et notamment celui de Jean Blaise — pour rendre palpable, jusque dans les pores de leur peau, l’émotion qui les gagne intérieurement. Ainsi sera-t-on témoin de l’épuisement qui gagne Meaulnes grâce un éclairage qui lui creusera le visage, de sa lassitude grâce à une pénombre lunaire dans laquelle il s’affaissera, de son étonnement grâce à de scintillantes couleurs, de sa curiosité grâce à de chauds et aurifères éclairages, de la joie qui arrose son visage d’une lumière dorée quand il retrouve Frantz (lumière qui rappelle celle qui dévastait son visage lorsqu’il fut témoin, plus tôt, et sans le savoir, de sa tentative de suicide), on l’éclairera de lumières vives quand il sera mû par la colère et de lumières pâles quand il sera rongé par les remords, on nous montrera un visage plongé dans le noir que découpera une tranchante lisière lumineuse pour souligner sa force de caractère et un visage que dévorera une ombre inquiétante pour insister sur la faiblesse qui le fait chanceler, on nous montrera un visage lumineux perçant sous l’ombre des feuillages pour insister sur la décision qu’il vient de prendre et un visage plongé dans la pénombre pour marquer le deuil qui l’accablera. Chaque fois, la lumière est mise au service de l’émotion.


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Cependant, plutôt que de s’intéresser uniquement aux personnages et à ce qu’ils vivent, Albicocco semble mettre l’image au service d’une émotion que doit aussi ressentir le spectateur. On pourrait même affirmer qu’il fait sien cet adage de Diderot : « Je ne vais pas au théâtre pour voir des pleurs, mais pour entendre des discours qui en arrachent. » Qui plus est, un peu comme dans le cinéma expérimental, Albicocco ne veut pas que son spectateur soit un simple témoin des émotions qui gagnent les personnages, mais il cherche plutôt à les lui faire vivre directement.
 
 Faisons-en d’abord pour preuve l’épisode du « Domaine mystérieux ». Certes, le spectateur accompagne, dans les méandres de ce château, Meaulnes, par les yeux duquel il découvre, ahuri, la fête qui s’y donne. Mais il est lui-même mis dans cet état d’ahurissement que provoque le tableau abstrait (au sens littéral) que lui peint le cinéaste. Ce carnaval de couleurs et de lumières, cet hallucinant kaléidoscope, ne nous fait-il pas directement vivre l’étonnement qui fut sans doute celui de Meaulnes ? D’ailleurs, le désir de revoir cette féérie n’habite-t-il pas le spectateur tout au long du film, tout comme le désir de retrouver le Domaine habitera Meaulnes pendant toute son adolescence ?
 

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Dès lors, il apparaît logique que le premier temps fort de la première partie soit mis en place — avec ses mouvements brusques et incessants qui vont et viennent vers les personnages, le brouhaha qui distortionne la bande-son — pour irriter le spectateur et sonder sa patience. Lui aussi, en somme, voudra quitter ce lieu peu propice à l’épanouissement et au plaisir. D’ailleurs, le départ intempestif de Meaulnes, son voyage à travers les routes du Cher, est aussi offert au spectateur, non pour lui montrer un personnage perdant son chemin, mais pour lui faire perdre la carte lui-même : jump cuts, sautes d’axe, lignes brisées, désynchronisation de l’image et du son…

Le critique littéraire Daniel Leuwers avait fait remarquer la structure en miroir du roman. Par exemple, la fête du Domaine mystérieux lors de laquelle Meaulnes rencontre Mlle de Galais, située au début du roman, trouve un écho (plus pâle) dans la partie de campagne lors de laquelle Augustin retrouvera Yvonne, située vers la fin. Albicocco respectera cette structure spéculaire tout en soignant les reflets de ce jeu de miroirs : les couleurs vives et primaires nimbées d’une lumière opaline qui irradie l’intérieur feutré du château trouveront leur contrepoint dans les tissus pastel qui teinteront sans éclat les extérieurs pâlots où se dérouleront les retrouvailles. Le spectateur, tout comme Meaulnes, aura bel et bien l’impression que le délavé de cette scène a bien du mal à faire remonter à la surface les souvenirs scintillants de ce château maintenant en ruines. La nostalgie de l’un ne peut qu’habiter les autres.

Faire une œuvre d’art, c’est donc, non seulement donner la chance au spectateur de voir des personnages vivre des émotions, mais faire vivre directement ses émotions au spectateur. La scène finale lors de laquelle Meaulnes recueille des mains de François la fille qu’Yvonne lui a donnée avant de mourir demeure à cet égard une pièce d’anthologie. Non seulement respecte-t-elle à la lettre la description qu’en fait Alain-Fournier dans son roman, mais elle fait mouche en suscitant un des plus grands malaises jamais vécus par le spectateur, lequel pourra difficilement supporter ce mélange de larmes, de cris, de rire, de folie qui habite tour à tour le visage de l’adolescent dévasté. Insoutenable.
 
Le grand Meaulnes est le récit d’étudiants qui quittent le monde de l’enfance pour le monde de l’adolescence, ce monde de toutes les fantaisies et de toutes les libertés, puis qui quittent le monde de l’adolescence pour le monde adulte, ce monde d’engagements et de responsabilités. Or, Le grand Meaulnes est aussi un roman de la désillusion et du désenchantement en cela que Meaulnes, qui exerçait une si grande fascination sur le jeune et timoré François Seurel — et, par la bande, sur le spectateur — est malheureusement resté fidèle à lui-même : dans un monde d’enfants, son attitude fantasque et rêveuse avait de quoi susciter la curiosité et l’émulation, mais dans un monde d’adulte, son comportement semble inapproprié, insupportable. Et François, pourtant si veule, enfant, campera, une fois adulte, et ce, malgré les réticences du lecteur et du spectateur, la figure d’autorité.
 
Alain-Fournier, et Albicocco après lui, ont tenté de filmer ce point de passage. Un passage qu’effectuera François, mais que n’effectuera point Meaulnes. Cette amère désillusion qui gagnait le lecteur du roman, gagnera aussi le spectateur du film. Si, dès la toute première image, la lumière irradie par les fenêtres de la classe où peine François, c’est parce qu’il rêve de sortir et de découvrir le monde, un monde que Meaulnes vivra, lui racontera et qu’il lui permettra de vivre par procuration. Or, à la fin, quand François est lui-même devenu, à l’instar de son père, instituteur, la lumière n’irradie plus. La réalité est bien morne.

Le temps des enfantillages est bel et bien terminé.
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Critique publiée le 21 juin 2018.