A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z #
Liste complète



10 - Chef-d'oeuvre
09 - Remarquable
08 - Excellent
07 - Très bien
06 - Bon
05 - Moyen
04 - Faible
03 - Minable
02 - Intolérable
01 - Délicieusement mauvais



Cotes
Décennies
Réalisateurs
Le Cinéma québécois
La Collection Criterion



2005
2006
2007
2008
2009

WIZARDS (1977)
Ralph Bakshi

Par Alexandre Fontaine Rousseau

Dans un monde post-apocalyptique inspiré par l'univers de Tolkien, un sorcier maléfique découvre de vieux films de propagande nazie qu'il utilise pour motiver son armée de soldats mutants sur les champs de bataille. Avec ses tanks, ses avions et ses démons tout droit sortis des profondeurs de l'enfer, il anéantit les bataillons elfes terrés dans les tranchées, impuissants devant les images de guerres dont ils n'auraient jamais pu imaginer l'horreur. Alors que le combat fait rage, le seul espoir du monde libre repose sur les épaules d'un magicien un peu trop porté sur le vin rouge, d'une fée tout droit sortie des pages d'un Heavy Metal, d'un elfe dont les prouesses au kung fu rivalisent avec celles de Bruce Lee et d'un assassin-robot du nom de Peace. Bienvenue dans le monde de Wizards, une approximation probablement assez juste de ce qu'aurait été le Seigneur des anneaux si son auteur avait expérimenté un peu plus avec le LSD.

Paru en 1977, Wizards est la première excursion du maitre du cinéma d'animation alternatif américain Ralph Bakshi dans l'univers du fantastique. L'année suivante, il réalisait une adaptation controversée du classique de J.R.R. Tolkien qui encore aujourd'hui, divise cinéphiles et passionnés de la Terre du Milieu. Tout comme son Lord of the Rings, Wizards n'a jamais fait l'unanimité. Cependant, les amateurs de fantastique et d'animation devraient à tout prix découvrir ce petit chef-d'oeuvre d'imagination qui offre une vision hallucinante et pour le moins originale des histoires de donjons et de dragons, trop souvent captives de certains clichés. Combinant une multitude de techniques de dessins et une impressionnante variété de styles d'animation, le film de Bakshi est un pot-pourri visuel inégal où l'exceptionnel côtoie le banal. Toutefois, l'ensemble ne manque pas de panache malgré quelques lacunes dans le département de la cohésion. Chaque technique employée dégage une ambiance différente et donne au film l'allure d'un collage psychédélique fascinant.

Bien entendu, c'est la fameuse rotoscopie, où des images dessinées sont incrustées sur des images filmées, qui retient le plus l'attention. En plus d'être nettement avantageux au niveau budgétaire, cet ingénieux stratagème permet de créer un effet angoissant et hypnotisant que Bakshi exploite à merveille afin d'illustrer les armées du sorcier Blackwolfe. Ajoutez à ce montage visuel inventif une trame sonore remarquable combinant synthétiseurs atmosphériques typiques de l'époque à un funk de blaxploitation délicieusement sordide et vous avez entre les mains un périple psychotrope des plus efficaces. Heureusement, Wizards offre aussi une certaine mise en garde contre les dangers de la technologie en plus de se permettre quelques petites blagues sur les politiciens et les religions organisées qui rendent l'appréciation de ce divertissant délire plus légitime au niveau intellectuel.

Mais plus que tout, Wizards demeure un essai des plus réussis sur la puissance de l'image et son effet dangereux sur les masses. Le régime Nazi, l'Union Soviétique et l'empire américain ont rapidement compris l'efficacité du cinéma comme arme de propagande. Lorsque Blackwolfe actionne son projecteur, il devient véritablement le maitre de ses troupes et fait naitre la peur dans le coeur de ses ennemis. C'est sur cette idée que repose d'abord et avant tout le film de Bakshi. Que celui-ci ait utilisé l'univers du fantastique pour présenter son propos est d'une ingéniosité remarquable. Bien que le réalisateur américain considère Wizards comme étant son film «familial», la thématique sombre de cet excellent film d'animation en fait une oeuvre beaucoup plus intéressante qu'il ne peut paraitre initialement. Certains adoreront, d'autres détesteront, mais ce film demeure un classique de l'animation psychédélique des années 70.




Version française : -
Scénario : Ralph Bakshi
Distribution : Bob Holt, Jesse Welles, Richard Romanus, David Proval
Durée : 82 minutes
Origine : États-Unis

Publiée le : 25 Août 2004