WAYNE'S WORLD 2 (1993)
Stephen Surjik
Par Frédéric Rochefort-Allie
Forts satisfaits du succès incroyable de leur premier film, les
producteurs ont vite senti qu'il fallait battre le fer tant qu'il est
chaud et de donc profiter du fan club de Wayne et Garth pour revenir
avec eux un an plus tard, en reprenant carrément les mêmes
personnages, les mêmes décors et parfois même, les
mêmes gags. Ce «Wayne: Reloaded» a tout d'un bon petit
coup publicitaire de nos amis les producteurs. Mais au moins, il s'agit
d'une joyeuse arnaque!
Nous retrouvons donc Wayne (Mike Myers) un an plus tard, vivant dans
son propre loft, jusqu'au jour où il a une vision, une véritable
révélation, il doit créer Waynestock! Un seul problème
s'impose... aucun groupe ne veut se pointer! Entre-temps, nous aurons
droit à une reprise de l'intrigue amoureuse du premier film,
ai-je donc besoin de spécifier que le prétendant numéro
2 s'agit encore une fois d'un producteur?
À première vue, le manque d'originalité du second
volume est choquant. Tout est pratiquement identique, à peu de
détails près! Quand un gag est poussé à
bout, il perd de sa saveur et c'est une leçon que n'a probablement
pas appris Mike Myers, trop content de disposer d'un plus grand budget
et d'une plus grande liberté. L'impertinence de certains passages
fait presque honte au premier volume. Mais même si Wayne's
World 2 est en soit une forme d'échec, Mike Myers réussit
à transformer cette défaite pour créer quelque
chose d'intéressant et de franchement comique. Le maillon fort
de toutes les intrigues parallèles développées
reste le festival de musique et tout ce qui l'entoure. C'est là
où l'ancien Wayne prend le dessus sur l'Austin Powers en devenir.
On y trouve aussi la scène la plus savoureuse, où Wayne
reçoit la révélation au sujet du festival, se retrouvant
dans le désert avec un indigène «à moitié
à poil»... et Jim Morrison! Cette séquence à
tout le moins délirante est le summum de ce que Wayne's World
2 peut nous offrir en terme d'originalité, preuve que Mike
Myers n'a pas perdu la main et sait encore innover, même si le
moule sent le réchauffé. Étrangement par contre,
l'intrigue concernant uniquement Garth n'est pas si comique et seul
Dana Carvey sauve la partie avec ses mimiques traditionnelles. C'est
souvent ce qui peut arriver quand un personnage devient culte et qu'on
tente de miser sur ce succès dans une suite.
S'il est vrai que le réalisateur Stephen Surjik prend difficilement
la barre pour ce volet, la tâche étant difficile, il remplace
les passages de narration inventive qui avait fait la gloire du premier
par d'excellentes parodies. La fin à elle seule en vaut le coup
d'oeil! C'est idiot, peut-être, mais l'essentiel est que le résultat
est franchement amusant et s'imbrique logiquement. Le film est rempli
de caméos, passant de différentes stars de toute sorte,
mais cette fois, le réalisateur joue avec eux à un second
degré. Leur apparition semble beaucoup moins une décision
commerciale qu'un choix humoristique. Leur intégration cadre
on ne peut plus parfaitement avec l'histoire du festival Waynestock,
portant justement sur la recherche de stars pour le festival.
Donc en bout de compte, Wayne's World 2 n'a rien d'un grand
chef-d'oeuvre de la comédie ou d'une oeuvre avec une originalité
à tout casser. Le film signe même l'arrêt de mort
des personnages. Mais l'essentiel, c'est que même si les gags
sont un peu épuisés et que la structure se répète,
le film est un produit de divertissement suppérieur à
bien de petites comédies et si l'essentiel en comédie
est de faire rire, alors Wayne's World 2 réussit au
moins cette mission avec brio.
Version française : Le Monde selon Wayne 2
Scénario : Mike Myers, Bonnie Turner, Terry Turner
Distribution : Mike Myers, Dana Carvey, Tia Carrere, Christopher
Walken
Durée : 95 minutes
Origine : États-Unis
Publiée le : 5 Juillet 2005
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