LA VIE EST BELLE (1997)
Roberto Benigni
Par Miguel-Angel Galvez Soto
La Seconde Guerre mondiale est un sujet inspirant pour les cinéastes.
Plus que tout art, le cinéma a su tirer profit de cette guerre
pour beaucoup en montrer ses horreurs. De plus, elle est la trame de
nombreux films primés aux Academy Awards. Bombardements
intensifs, holocauste des Juifs, le nazisme, effusion de sang, drapeau
américain (!) , Hitler sont normalement les images représentatives
de cette catégorie de film de ce côté-ci de l’Atlantique.
En 1997, sort à l’affiche La Vita è bella,
film italien réalisé par Roberto Benigni et on remarque
promptement que le sujet est traité autrement.
Guido Orefice est un homme italien juif tout ce qu’il y a de plus
commun. Avec son ami Ferruccio Papini, ils arrivent à Rome où
Guido compte bien ouvrir une librairie. Dans son chemin, il rencontrera
Dora, véritable épouse de Benigni, avec qui il fera l’amour
pour qu’elle enfante du petit Giosué. Puis, les problèmes
arrivent. Le jour de l’anniversaire du petit Giosué, les
trois hommes de la famille sont enlevés pour être déportés
en camp de concentration. C’est dans ce camp de concentration
que le comique laisse place au drame.
Le film est nettement divisé en deux parties. Le scénario
de Cerami et Benigni fait côtoyer Molière et Shakespeare
dans la même histoire. Dans la première partie, l’humour
est omnipresent, comme chez Jean-Baptiste Poquelin. Les situations sont
loufoques et légères. Elles font sourire le plus amorphe
des spectateurs. Benigni joue un Guido rayonnant de bonheur et obligeant
la sympathie (il arrive à faire sourire avec Schopenhauer!).
On le voit faire le pitre pour conquérir le coeur de sa bien-aimée
Dora, sa principessa, et finalement, dans son travail où
il y va de quelques inventions bien à lui pour se sortir de quelques
situations où il doit satisfaire un client du restaurant où
il travaille. Bref, une première partie bien amusante qui laisse
entrevoir un film léger à quiconque aborde le film sans
connaitre la véritable histoire.
La seconde partie, beaucoup plus du côté de Shakespeare,
est un drame incroyable. Elle débute alors que l’on voit
le jeune Giosué pour la première fois. Dès cet
instant, le comique devient plutôt une façon de cacher
la vérité au petit garçon de cinq ans. On voit
dans cette partie les sacrifices que ses parents sont prêts à
faire pour l’amour de leur enfant. Benigni joue beaucoup plus
sérieusement le rôle de Guido qui arrive à faire
croire à son fiston que toute l’aventure qu’ils vivent
dans ce camp de concentration allemand n’est qu’un jeu.
On voit dans cette deuxième partie toute la folie nazi durant
cette période de la guerre. Toutefois, rien n’est montré,
tout est suggéré: une qualité que bon nombre de
films abordant l’holocauste semblent ignorer.
L’ensemble des acteurs du film jouent bien leur rôle. La
chimie entre Roberto Benigni et Nicoletta Braschi est on ne peut plus
naturelle et le petit Giorgio Cantarini joue comme on doit s’attendre
d’un enfant de cinq ans. Les soldats et officiers allemands ont
le visage sérieux et font preuve d’une inhumanité
bien dans le ton du film. Mais, évidemment, la vedette du film
demeure Benigni avec son rôle de neveu, mari, père, prisonnier
des plus bien construits. Rarement un personnage réussit ce qu’il
accomplit dans ce film. Bref, il a bien mérité son Oscar
du meilleur acteur, tout comme il aurait dû en mériter
deux, trois autres mais bon, ce ne sont que les Oscars.
En somme, La Vita è bella est une belle histoire qui
fera rire et pleurer le plus exigeant des publics. Par ses comédiens
convaincants, son histoire des plus touchantes, sa vision différente
d’aborder le thème de l’holocauste, La Vita è
bella restera gravé dans la mémoire des gens bien
plus qu’un Shakespeare in love par exemple... Remarquable
comme oeuvre.
Version originale :
La Vita è bella
Scénario :
Vincenzo Cerami, Roberto Benigni
Distribution :
Roberto Benigni, Nicoletta Braschi, Giorgio Cantarini
Durée :
116 minutes
Origine :
Italie
Publiée le :
30 Novembre 2004