UZUMAKI (2000)
Higuchinsky
Par Jean-François Vandeuren
Le cinéma fait souvent place à la réalisation de
projets assez étranges, particulièrement dans le domaine
de l’horreur et du fantastique où la porte est toujours
laissée grande ouverte à la plus infime parcelle de scénario
sortant de l’ordinaire. Un art et un raffinement pour tout ce
qui est inusité, voire provocateur, que le cinéma asiatique
entretient comme pas un, cela va sans dire. Mais il ne s’agit
pas non plus d’un pari gagné d’avance, loin de là.
Même que les concepts les plus farfelus plus que tout autre se
doivent d’être gérés avec une certaine retenue
pour empêcher cette fameuse goutte de faire déborder le
vase. Une leçon qu’aurait dû apprendre le réalisateur
japonais Higuchinsky avant d’entreprendre le tournage de son film
Uzumaki (spirale). Ce dernier nous offre ici un autre bon exemple
d’une prémisse jouant sur la curiosité du spectateur
qui en bout de ligne est terni autant par ses facettes inutilement excentriques
que celles approchées avec trop peu d’attention.
Le film dépeint donc les évènements étranges
s’étant produits dans un petit village nippon tombé
sous l’emprise d’une légende ancienne, voyant sa
population devenir subitement obsédée pour tout ce qui
suit les traits d’une spirale, au point même de transformer
physiquement certains individus tombés dans les rouages de ce
sortilège. On est assez intrigué au départ de voir
où une telle idée va bien pouvoir aboutir. Pas très
loin, malheureusement. Le scénario adapté d’un manga
suit la dégradation continuelle de cette situation avec si peu
de vigueur qu’on finit rapidement par s’en lasser. Il faut
dire qu’Higuchinsky cherche beaucoup plus à capitaliser
sur les moments chocs du récit voyant ces infâmes spirales
faire de nouvelles victimes, qui sont assez réussis dans l’ensemble
il faut bien l’admettre, qu’à vraiment y créer
un quelconque contexte ou à développer ne serait-ce qu’avec
un minimum d’effort ses personnages unidimensionnels. Il finira
comme dans tout bon film suivant cette description par nous lancer au
visage en un temps record une parcelle de dit bon sens un peu n’importe
comment en fin de parcours, édifiant un raisonnement qui, même
là, sonne beaucoup trop de convenance.
Et pour ajouter à ce léger désagrément,
Uzumaki ne dégage qu’une maigre ambiance assez
terne et très peu soutenue. Il faut dire que la distribution
complètement risible jouant la note beaucoup trop élevée
est l’un des problèmes les plus dérangeants du film
d’Higuchinsky, lui faisant perdre énormément en
crédibilité, même dans ce cas-ci où l’histoire
est déjà amplement poussée. Certaines scènes
frôlent d’ailleurs le ridicule alors que le cinéaste
japonais a étrangement opté pour une formule donnant un
peu trop dans le kitch. Était-ce voulu? De la manière
dont le film est fait, tout porte à croire que oui. Si tel est
le cas, il ne s’agit franchement pas de la décision la
plus judicieuse qui pouvait être prise. Pourtant, visuellement,
la réalisation d’Higuchinsky demeure assez bien maitrisée
malgré quelques passages à la frénésie aussi
absurde qu’inutile. Le réalisateur japonais semble en ce
sens nettement plus en contrôle quand il ralenti moindrement le
pas.
La faute majeure commise par Higuchinsky avec Uzumaki fut donc
de tenter de capitaliser sur une série d’éléments
éparpillés entre deux extrêmes stylistiques qui
ne vont pas forcément ensemble, son film perdant alors autant
en crédibilité qu’en rythme et en ambiance. Aussi
tapageur lorsque ce n’est absolument pas nécessaire qu’il
peut tomber à plat lors des moments qui auraient pu être
assez intenses, l’effort d’Higuchinsky parvient tout de
même à livrer une formule esthétique visiblement
maitrisée, commettant toutefois une erreur assez fréquente
dans le genre en accordant beaucoup plus d’importance au contentant
qu’au contenu. Uzumaki se veut donc une autre de ces
bizarreries mystérieuses offrant une intrigue sur papier qui
pique la curiosité à coup sûr, mais on finit somme
toute par en laisser beaucoup plus qu’on en prend.
Version française : -
Scénario : Kengo Kaji, Takao Nitta, Chika Yasuo, Junji
Ito (manga)
Distribution : Eriko Hatsune, Fhi Fan, Hinako Saeki, Ren Osugi
Durée : 90 minutes
Origine : Japon
Publiée le : 21 Avril 2005
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