THE UPSIDE OF ANGER (2005)
Mike Binder
Par Frédéric Rochefort-Allie
La cinquantaine est pénible diront plusieurs. La «mid-life
crisis» est une période de transition plutôt
difficile qui entraine les gens dans le stress et la déprime.
Dans ses cas les plus extrêmes, elle pousse à l'autodestruction.
Divorces, pertes d'emplois, les enfants qui quittent le nid familial,
les cheveux blancs, bref le bonheur! Comme son titre l'indique, Upside
of Anger porte sur la colère dans toutes ses formes, mais
particulièrement dans la haine.
Alors que son mari l'abandonne pour suivre une jeune secrétaire
suédoise plantureuse en voyage dans son pays natal, Terry (Joan
Allen) craque et l'élimine de sa vie. Cet abandon créera
une situation déchirante dans la vie familiale des Wolfmeyer,
divisée face à ses réactions et alimentant par
le fait même la rage de leur mère. Tel que le disent si
judicieusement les sages paroles de Yoda dans la saga Star Wars:
«La colère mène à la haine, et la haine mène
à la souffrance»! Dans un vide émotif profond, Terry
rencontrera un vieux champion de baseball délavé (Kevin
Costner), qui la fera sombrer dans l'alcoolisme et de qui elle s'éprendra
désespérément.
Enfin, pousserons bien des quinquagénaires! Car présentement,
trop de comédies romantiques ou dramatiques mettent en scènes
de jeunes yuppies à qui la vie réussit souvent beaucoup
trop. Même si la tendance change présentement, il fait
bon de voir de temps à autres un film où la vie n'est
pas toujours rose et qui vise un public plus âgé. Les personnages
sont tous des êtres imparfaits, certains déprimants, d'autres
plus salauds. Mike Binder, cinéaste tapis dans l'ombre depuis
trop longtemps, prouve qu'il mérite d'être connu. Lui-même
dans la quarantaine, il semble s'être amuser à peindre
avec humour noir le laid, la déprime et la tension que crée
Terry Wolfmayer dans sa propre vie en s'enfonçant dans sa rage.
Binder est particulièrement habile dans les dialogues cinglants,
à la fois sensibles et haineux. C'est là sa force en tant
que scénariste.
De tous les personnages qu'il a créé, celui de Terry est
définitivement le plus intéressant. Il n'est pas si surprenant
qu'il puisse aller comme un gant à Joan Allen car elle fut écrite
spécialement pour l'actrice. Elle y est merveilleuse en femme
colérique, incarnant son rôle teinté d'humour avec
finesse, réalisme et un regard des plus glacials qui cache une
rage terriblement bouillante. Joan Allen donne l'une des meilleures
performances de sa carrière, qui sera fort probablement primée
à sa juste valeur, prouvant qu'elle est bel et bien capable d'être
la tête d'affiche. À ses côtés, le bon vieux
Kevin Costner a resurgi de l'échec de Waterworld et
trouve pour une fois un rôle à sa mesure, l'ex-champion
de baseball devenu animateur de radio minable. Ironiquement, c'est la
4e fois qu'un de ses personnages est lié au baseball. Nous aurons
tôt fait de le croire mort et enterré. Il est tout simplement
parfait dans son rôle de loser, se contentant d'être
notre regard sur la famille Wolfmayer. Binder complète son casting
avec de jolies et talentueuses jeunes actrices qui à défaut
d'avoir des rôles véritablement étoffés,
sont toutes d'une grande efficacité pour donner vie à
de maigres personnages.
C'est sans surprise qu'Upside of Anger a connu un certain succès
au dernier festival de Sundance. Bien que la leçon fort moralisatrice
que le cinéaste tente de nous apprendre à la fin ne soit
pas des plus raffinées, même avec sa fin un peu boiteuse,
Mike Binder a su créer un petit film fort agréable, touchant
et réaliste sur la crise de la cinquantaine qui sait plaire tant
aux jeunes qu'aux plus vieux.
Version française : -
Scénario :
Mike Binder
Distribution :
Joan Allen, Kevin Costner, Erika Christensen, Evan
Rachel Wood
Durée :
118 minutes
Origine :
États-Unis
Publiée le :
19 Août 2005