UNDEAD (2003)
Michael Spierig
Peter Spierig
Par Jean-François Vandeuren
Eh oui! voilà que débarque sur nos écrans une autre
production mettant en vedette ces morts-vivants au regard vide et toujours
affamés pour une bonne dose de chair humaine, même si en
vérité elle précéda de justesse la récente
vague de films du genre habilement signée par Zack Snyder, Edgar
Wright, et couronnée par le retour du maitre George A. Romero.
Undead fut donc l’un des premiers rejetons de 28
Days Later à obtenir une certaine visibilité dans
différents festivals suite au succès international du
film de Danny Boyle. Une distinction qui se fait d’ailleurs sentir
dans le traitement des frères Spierig qui ne s’inspirent
pas des élans nouveau genre du cinéaste britannique, préférant
plutôt aborder ces fameux zombies à l’ancienne, nous
rappelant les essais plus ou moins réussis des années
80 tout en allant fouiller de manière abusive dans le répertoire
des films d’invasion extra-terrestre du milieu du siècle
dernier. Les deux frangins ne parviennent cependant pas à tirer
avantage de tout le potentiel humoristique qu’une entreprise aussi
tordue aurait pu facilement proposer.
Les péripéties des plus exagérées proposées
par Undead prennent donc forme suite à une étrange
pluie de météorites qui transforma la plupart des habitants
d’un petit village australien en zombie. Quelques survivants de
ce triste évènement se réfugièrent alors
dans la maison isolée d’un fermier croyant en un complot
extra-terrestre. La demeure décrépie sera cependant rapidement
envahie par une horde de morts-vivants qui ont toujours cette fâcheuse
habitude, dans ce film-ci plus que jamais, de se relever après
avoir pourtant reçu une bonne dose de plomb au corps. L’hypothèse
des extra-terrestres faisant de plus en plus de sens, voilà qu’une
étrange pluie suffocante commence à s’abattre sur
la ville désormais complètement encerclée par un
étrange mur de métal.
Si au départ la trame narrative tout comme les lieux où
se déroule l’action font ressortir plusieurs ressemblances
avec Night of the Living Dead, les comparaisons entre les deux
films s’effondrent rapidement par la suite au niveau du scénario,
mais aussi car Undead ne possède également aucunement
le niveau d’engagement des films de Romero, si ce n’est
une métaphore assez limitée sur notre peur commune face
à l’inconnu et une autre peu étoffée du Mur
de Berlin. Les choses ne sont pas plus reluisantes si l’on regarde
le résultat comme une simple comédie d’horreur moindrement
divertissante, n’atteignant jamais l’étoffe d’un
Shaun of the Dead, qui proposait pour sa part un véritable
attrait pour la nouveauté et un dosage totalement réussi
entre l’horreur, le drame et l’humour. La formule véhiculée
par Michael et Peter Spierig est tout de même livrée avec
une certaine attirance pour l’absurde et la parodie qui fonctionne
momentanément, ne se gênant pas pour croiser avec entrain
film de zombies et divers éléments propre à la
science-fiction rappelant War of the Worlds, et même
Close Encounters of the Third Kind.
Techniquement, les deux réalisateurs affichent un gout assez
prononcé pour les atmosphères teintées d’une
photographie on ne peut plus glauque, nous plongeant continuellement
dans une noirceur bleutée avec laquelle ils parviennent étonnement
à créer un effet de claustrophobie parfois fort efficace.
Undead fait aussi part en soi d’une réalisation
passablement compétente qui aurait cependant gagné à
se rapprocher de l’extravagance des premiers films de Peter Jackson
tels Brain Dead et Bad Taste. Car finalement, la composition
visuelle des frères Spierig se montre sous un jour beaucoup trop
statique qui n’aide guère la cause des effets spéciaux,
particulièrement celle des effets numériques, qui sont,
même si voulu, visiblement défaillants. Difficile de passer
sous silence également la bande originale tout ce qu’il
y a de plus conventionnelle qui, encore là, témoigne d’un
manque de conviction dans la forme, laquelle ne parvient pas toujours
à supporter une histoire aussi tirée par les cheveux.
Face à l’abondance de films de zombies de haute qualité
des dernières années, Undead et son ton parodique
s’amusant aux dépends des films de série B des années
50 et ses élans comiques rappelant d’une manière
peu enjouée les débuts de Peter Jackson fait donc pâle
figure et semble même souvent dépassé. Comptant
sur les abus d’un scénario qui s’en permet beaucoup
trop pour se démarquer du lot, le film des frères Spierig
s’essouffle pourtant assez rapidement, étirant interminablement
certaines scènes comme si les deux cinéastes ne savaient
pas vraiment ce qu’ils devaient proposer ensuite pour rendre leur
effort aussi imprévisible que possible. Une initiative plutôt
noble qui tente de nous surprendre à tout coup, mais qui ne fait
malheureusement état que d’une suite d’évènements
devenant toujours un peu plus décevante. Une comédie d’horreur
faite de peu de moyens et sans prétention, mais de manière
un peu fade vu le scénario grandiloquent que le duo tente de
nous faire gober.
Version française : -
Scénario :
Michael Spierig, Peter Spierig
Distribution :
Felicity Mason, Mungo McKay, Rob Jenkins, Lisa
Cunningham
Durée :
104 minutes
Origine :
Australie
Publiée le :
19 Juillet 2005