THE TEXAS CHAINSAW MASSACRE (2003)
Marcus Nispel
Par Jean-François Vandeuren
Voilà le film que je redoutais le plus cette année. Premièrement,
car je suis un fan du film culte de Tobe Hooper. Deuxièmement,
parce que les remakes de films à succès ou cultes sont
rarement dignes de l’original. La tâche de faire revivre
la légende de Leatherface revenait donc à un nouveau venu
et protégé de Michael Bay, Marcus Nispel. Un remake pas
vraiment utile dans le sens où qu’il aille existé
ou non ne change pas grand chose, mais assez appréciable vu le
bon nombre de points positifs qu’on peut lui accorder.
Dans un voyage sur les routes désertiques du Texas en direction
d’un concert, cinq jeunes adultes embarquent une jeune fille déstabilisée
qui se suicide à l’arrière de leur fourgonnette.
Tentant de faire rappliquer le shérif du coin pour qu’il
s’occupe du cas, il s’aventureront vers la demeure d’une
famille étrange où les évènements macabres
évidents commenceront à prendre forme.
Vous lisez surement le résumé ci-haut et vous vous dites
que le film respecte à moitié le scénario original.
C’est le cas, mais en même temps, il s’agit d’un
film complètement différent. Difficile de faire un parallèle
entre le traitement des deux oeuvres car il s’agit de deux mises
en scène différentes pour deux époques respectives.
Et c'est parfait comme ça, car en allant voir le film de Marcus
Nispel, je ne voulais pas revoir le même long-métrage fait
il y a pratiquement trente ans. Où aurait été l'intérêt?
On est donc loin d’un The Ring par exemple où
on en était quasiment à copier au plan près le
film original (Ringu). Fort à parier que dans le cas
de The Texas Chainsaw Massacre, bon nombre de fans de l’original
risquent de trouver leur compte dans le sens où on n’a
pas démoli le film culte comme ce fut le cas avec les trois suites
sorties au cours des vingt dernières années. Dans cette
nouvelle exploitation de cette histoire morbide, on a pris soin de bien
construire une intrigue qui se tient debout. L’utilisation de
l’enquête policière est également un bel ajout
bien introduit à la dynamique du récit. La seule vision
de la fameuse tronçonneuse avec une étiquette où
il y a inscrit «evidence» a de quoi à donner
la chair de poule. Cependant, la version 2003 a fait ce que le film
de Tobe Hooper avait évité: miser sur l’aspect gore.
Le traitement est beaucoup plus explicite. On mise aussi beaucoup plus
sur le personnage de Leatherface que sur le rôle de la symbolique
de la famille. Pour ce qui est du casting, surprise dans l’ensemble
car tout le monde s’en tire bien et réussit à soutenir,
et même souvent sauver l’ambiance avec un jeu typique mais
bien contrôlé. Car là aussi se trouve une autre
lacune de la nouvelle version: l’ambiance n'est pas toujours bien
soutenue. Pour la grande majorité du film, du beau boulot, mais
pour l’autre partie, disons que cela manque de substance, notamment
lorsque Leatherface pourchasse le personnage de Jessica Biel qui ne
réussit qu’à être un peu moins à sec
au fur et à mesure que la scène avance. Le résultat
en devient plutôt redondant.
Pour ce qui est de la réalisation, Nispel s’en tire admirablement
bien avec une composition visuelle impressionnante. Il réussit
à bien cadrer son action et à faire ressortir tout le
côté tordu, crasseux et macabre des décors superbement
composés. Déception cependant au niveau sonore où
il s’agit d’une orchestration trop typique au genre où
l’effort musical est composée afin d’accompagner
à la seconde près les hauts moments de tension. On est
encore une fois bien loin de la finesse des agencements de bruits agressants
de l’original.
Sans atteindre la cheville de la brillance de sa source d’inspiration,
cette nouvelle approche réussit néanmoins à offrir
une nouvelle visite fort appréciable. Marcus Nispel aura su satisfaire
à la fois le public cherchant un film d’horreur simple
et les fans de Leatherface désireux de voir un film lui rendre
enfin justice après trois suites sans intérêts.
N’aurait manquer au mélange qu’une approche un peu
plus originale et une atmosphère un peu mieux soutenue. Somme
toute, satisfaisant.
Version française :
Massacre à la tronçonneuse
Scénario :
Scott Kosar, Kim Henkel & Tobe Hooper (scénario
original)
Distribution :
Jessica Biel, Jonathan Tucker, Erica Leerhsen,
Mike Vogel
Durée :
99 minutes
Origine :
États-Unis
Publiée le :
19 Octobre 2003