TATTOOED (2005)
Eduardo Raspo
Par Jean-François Vandeuren
Alors qu’il était âgé que de trois ans, Paco
et son père furent abandonnés par sa mère, laquelle
les quitta pour des raisons mystérieuses, mais surtout pour aller
vivre avec un autre homme, auprès duquel elle finit d’autant
plus par mourir au terme d’une longue maladie. Mais avant de partir,
elle fit tatouer le dessin d’une mangouste sur une des jambes
de Paco. Désireux depuis trop longtemps de découvrir les
motifs réels de cet abandon et la signification de ce cadeau
d’adieu, ce dernier partira alors, accompagné de sa petite
amie, qui elle aussi dit avoir perdu ses parents, et de son père,
qui de son côté moins il en sait, mieux il se porte, à
la rencontre de ses grands-parents qu’il n’a jamais eu la
chance de connaître et qui pourraient bien faire la lumière
sur certaines parties de cette énigme.
Avec Tattooed, le cinéaste sud-américain Eduardo
Raspo nous propose un drame suivant au pas une formule au cheminement
bien connue, mais qu’il parvient à livrer grâce à
un savoir-faire évident au niveau de la mise en scène.
Cependant, comme bon nombres des films ayant abordé ce genre
de sujet dans le passé, l’effort finit par ne jamais vraiment
décoller en apparence au delà de la simple histoire de
personnages que le réalisateur et son co-scénariste, Enrique
Cortés, placent dans un contexte abordé avec méthodisme,
mais qui demeure dans l’ensemble peu emballant. Il faut néanmoins
reconnaître la manière plutôt intéressante
dont est traité le cas des trois principaux personnages, particulièrement
celui du père qui est ici dépeint comme une figure attentive
aux besoins de son fils, malgré la distance qui s’est progressivement
créée entre les deux hommes avec les années. Raspo
et Cortés profitent également de leur mise en situation
pour élaborer un parallèle socio-politique symbolique
qui ne rend malheureusement guère les choses plus intéressantes.
Le réalisateur garde du même coup son effort dans une position
assez réaliste et modeste, et donc exempte de toutes pulsions
dramatiques exagérées qui auraient pu chercher à
carrément soutirer les émotions au spectateur lors des
scènes à caractère plus conflictuel ou simplement
dramatique. Il s'agit d'ailleurs probablement du point le plus honorable
du film de Raspo, car malgré le manque de vigueur de son scénario,
ce dernier réussit néanmoins à transmettre la plupart
de ses intentions sans faire appel à la moindre forme d’artifice
tout en positionnant à distance autant sa mise en image que l’apport
musical.
Le problème le plus récurant finalement du film d’Eduardo
Raspo ne se trouve pas vraiment au niveau du film en soi. Le cinéaste
argentin nous livre de ce fait une facture technique pas nécessairement
époustouflante, mais à tout le moins honnête et
respectable en son genre, ne tentant jamais de la jouer trop mélodramatique
même si ce ne sont pas les occasions qui manquent. De leur côté,
l’ensemble de la distribution se sort également très
bien d’affaire, particulièrement le jeune Nahuel Pérez
Biscayart et Luis Ziembrowsky, formidable dans le rôle du père
de Paco, jouant avec toute la retenue nécessaire pour illustrer
autant la générosité un peu naïve que le désir
de justice de son personnage. Le problème se retrouve plutôt
au niveau du ton toujours extrêmement monocorde et plutôt
banal que Raspo véhicule d’un bout à l’autre
de son effort, faisant de Tattooed un film articulé,
mais qu’on ne mentionnera probablement plus jamais par la suite.
Version française :
Tatoué
Version originale :
Tatuado
Scénario :
Enrique Cortés, Eduardo Raspo
Distribution :
Nahuel Pérez Biscayart, Luis Ziembrowsky,
Jimena Anganuzzi
Durée :
90 minutes
Origine :
Argentine
Publiée le :
12 Octobre 2005