S.W.A.T. (2003)
Clark Johnson
Par Jean-François Vandeuren
Bon, voilà encore un autre de ces énormes films d’action
très riches en artifices et en stratagèmes ridiculement
violents, mais totalement artificiel et par rapport auquel l’intérêt
décroit avant même que le générique ne se
pointe à l’écran. En fait, non. À ma grande
stupéfaction, je dois dire que le tout dernier film des producteurs
d’une série assez imposante de navets qui ont, en même
temps, très bien fonctionnés au box-office, a réussi
à me convaincre sur plusieurs points. Tellement que ce qui ressort
en définitive de ce S.W.A.T. d’un des réalisateurs
clés de séries télévisées policières
(Clark Johnson) est un divertissement fort recommandable en son genre.
L’intrigue démarre alors qu’un important trafiquant
de drogue offre une récompense de 100 millions de dollars à
quiconque réussira à le sortir de prison. Il en tient
donc à une équipe de la division S.W.A.T. d’assurer
le transfert de l’arrogant prisonnier vers le pénitencier
en écartant les petits voyous qui tentent de mettre la main sur
le magot. Toutefois, il devront faire face à un ex-membre de
l’escouade qui a pour sa part une idée bien planifiée.
Voilà un scénario fort classique qui est pourtant mené
à bon port. Le récit ne fait évidemment pas obstacle
aux conventions et à certains clichés traditionnels qui
semblent coller au genre telles des mouches à… vous savez
quoi! Mais S.W.A.T. tente de faire ce que chaque gros film
d’action essaie de réaliser: tourner le tout en sa faveur.
Le fait est qu’ici, l’effort est réussi. Aussi rarissimes
soient-ils, il faut tout de même souligner l’apparition
d’un film d’action potable quand il y en a un qui fait surface.
Le procédé utilisé, qui semble bien faire l’affaire,
est tout simplement la modestie. On ne tente pas d’en faire trop
en faisant tout sauter, mais juste assez pour que la formule fonctionne
correctement. Et ni les scènes d’action ni le rythme ou
le suspense écopent de cette initiative. Preuve qu’il ne
suffit pas forcément de tout miser sur l’arsenal pour épater
la galerie. Par rapport à ceci, la qualité la plus admirable
de S.W.A.T. se situe au niveau des acteurs. La distribution
est franchement surprenante. Le toujours très charismatique Colin
Farrell se joint au reste d’un casting composé de bons
éléments, notamment Samuel L. Jackson et Michelle Rodriguez
en pleine forme et le tout donne un résultat qui ne parait pas
forcé ou dans le mauvais ton. On sent qu’il y a une chimie
entre tous ces acteurs qui campent chacun des rôles d’une
belle façon en en faisant juste assez pour que l’expérience
ne tourne pas au vinaigre (on dirait bien que l’idée colle
à tous les éléments du film). Il faut aussi dire
que plusieurs scènes visant à développer cette
dynamique furent insérées pour renforcer ce concept sans
créer ce que certains pourraient être tentés d’appeler
des longueurs.
Et ces mêmes caractéristiques s’appliquent également
à la réalisation de Johnson. Cela fait du bien de voir
un réalisateur prendre cet aspect plus au sérieux que
la plupart de ses confrères oeuvrant dans le même genre.
En tentant d’amener un peu plus d’artifices que ce qui lui
est normalement permis au petit écran, le réalisateur
de la très populaire série NYPD Blue y va tout
de même avec une technique assez humble, mais qui colle bien au
spectacle qu’il a à nous offrir. Franchement, il est beaucoup
plus agréable de voir ce genre de traitement qu’une technique
complètement bâclée qui tente d’en faire trop
sans savoir comment mener le spectacle à bon escient comme pour
un xXx par exemple.
Bref, on ne peut aucunement dire qu’il s’agisse ici d’un
indispensable, mais on peut tout de même être en mesure
d’affirmer que pour ceux recherchant un simple divertissement,
mais qui fonctionne bien, S.W.A.T. demeure un choix judicieux
seulement pour sa tentative d’aller dans le sens contraire de
tous les films du genre transpirant une adrénaline artificielle
lui ayant fait concurrence dans un passé pas si lointain. Franchement,
pas mauvais du tout.
Version française :
S.W.A.T.
Scénario :
David Ayer, David McKenna
Distribution :
Colin Farrell, Samuel L. Jackson, Michelle Rodriguez,
LL Cool J
Durée :
117 minutes
Origine :
États-Unis
Publiée le :
29 Janvier 2004