SURF NAZIS MUST DIE (1987)
Peter George
Par Jean-François Vandeuren
Le studio américain Troma, dont le mythique emblème célèbre
fièrement son film fétiche Toxic the Avenger,
possède une réputation peu ou très enviable, dépendamment
des cas, dans le domaine du film de série Z. Nous offrant depuis
des années des efforts incontestablement mauvais où tout
n’est prétexte qu’à des effusions de sang
et des effets spéciaux grotesques, mais néanmoins amusants,
Troma est devenu avec les années un repère pour les fans
de cinéma trash pour qui la violence doit toujours primer sur
le scénario ou la technique. C’est de ce studio que nous
parvient ce Surf Nazis Must Die. Avec un titre aussi débile,
on peut s’attendre au pire, mais aussi à une production
vulgaire où la violence gratuite excessive aurait tout de même
quelque chose de moindrement divertissant. Malheureusement, même
à cet effet le réalisateur Peter George n’arrive
pas à combler les attentes, nous plongeant après une introduction
pourtant prometteuse vue sa médiocrité parfaitement orchestrée
dans une histoire que même Ed Wood n’aurait pu rendre aussi
assommante.
Cette modeste rigolade au sein d’une organisation néonazie
reprend un cas classique qui fascine et effraie les États-Unis
depuis longtemps et qui fut utilisé à répétition
dans les films d’action et de science-fiction, soit le fameux
tremblement de terre qui doit anéantir la côte ouest américaine
et plonger la Californie dans l’anarchie et la violence des guerres
de gangs. Le but des surf nazis : prendre le contrôle des plages
californiennes tout en éliminant à leur guise la concurrence,
quelques bandes de surfeurs rivales composées de trois ou quatre
représentants, le manque de budget est à ce point flagrant.
Mais ceux-ci ne se laisseront pas faire! Oh non! Ces minuscules associations
de ninjas, de motards et clones des Bee Gees se regrouperont afin de
combattre Adolf et sa bande, qui compte fort heureusement en ses rangs
un croisement entre le capitaine Crochet et Alexandre de Large de A
Clockwork Orange. Ceux-ci seront d’autant plus pourchassés
par une vieille dame désirant venger la mort de son fils.
Le plus stupéfiant dans toute cette histoire, c’est de
constater à quel point la mise en scène de ce projet semble
avoir été prise au sérieux, et c’est assurément
la plus grossière erreur de ce navet qui aurait pu facilement
se tirer d’affaire et combler son manque de moyens par la formule
classique de l’exagération et de l’autodérision.
Mais Peter George a vraiment essayé de créer certaines
atmosphères avec son film tout en s’efforçant d’y
injecter quelques attributs cinématographiques pour en faire
autre chose qu’une simple enfilade précipitée de
scènes d’action et d’horreur. C’est pourtant
exactement sur ces aspects que Surf Nazis Must Die repose entièrement
pour tenter d’obtenir le moindre intérêt du spectateur.
Le seul point plus ou moins positif de ce fiasco prévisible serait
l’avalanche de synthétiseurs du compositeur Jon McCallum
qui nous fait part d’une bande originale hautement divertissante,
devenant rapidement une caricature d’elle-même vue les images
qu’elle accompagne.
Bref, sans grandes surprises, Surf Nazis Must Die se veut une
production bidon qui n’a absolument rien pour elle, alors que
la tentative cinématographique de Peter George ne suit aucunement
la veine extravagante habituelle garnie en effets spéciaux et
maquillages de toutes sortes à laquelle on s’attend de
la part d’une production signée Troma. Si voir à
l’œuvre des surfeurs exposant à outrance leur équipement
orné de croix gammées amuse pendant les quinze premières
minutes du film de George, le tout devient rapidement lassant et sans
intérêt. Dans cette quête commune à tout bon
cinéphile à la recherche d’un film minable pour
le simple amusement, il est fortement conseillé de ne pas porter
attention à celui-ci.
Version française :
Surfers nazis à mort
Scénario :
Jon Ayre
Distribution :
Gail Neely, Robert Harden, Barry Brenner, Dawn
Wildsmith
Durée :
83 minutes
Origine :
États-Unis
Publiée le :
8 Juillet 2005