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THE STEPFORD WIVES (2004)
Frank Oz

Par Alexandre Fontaine Rousseau

Si le Stepford Wives original était un suspense à saveur féministe sorti alors que le mouvement gagnait en importance aux États-Unis, ce remake signé Frank Oz reprend l'intrigue originale pour nous pondre une comédie estivale légère qui, malgré un certain potentiel et quelques moments drôles, manque de mordant et s'essouffle dans les derniers miles pour se terminer en queue de poisson. Le film déçoit d'autant plus que la mise en situation est prometteuse, parodiant habilement un phénomène terrifiant de plus en plus répendu aux États-Unis, les villages privés, véritables communautés parallèles où les privilégiés peuvent s'exclure du monde réel pour vivre dans une sorte d'utopie artificielle tout droit sortie d'une mauvaise publicité des années 50.

Suite à son congédiement du poste de directrice d'un gros réseau de télévision, Joanna Eberhart (Nicole Kidman) et sa famille déménagent dans la jolie petite ville de Stepford, où tous habitent un palais à faire rêver Martha Stewart et conduisent un gigantesque véhicule utilitaire-sport en affichant en permanence un sourire étincelant. Pourtant, ce paysage paradisiaque a quelque chose d'étrange frôlant l'irréel. À Stepford, les femmes accompagnent avec plaisir leur mari lorsqu'il va jouer au golf et sont pleinement satisfaites par leur vie sexuelle. En fait, on leur implante une puce informatique qui en font des épouses modèles, à la fois obéissantes et responsables, de véritables automates au service de leur homme. «The American way of love» comme le dira Mike (Christopher Walken), le chef des opérations à Stepford.

Ironiquement, The Stepford Wives est lui-même trop gentil et servile pour s'épanouir et devenir la vraie satyre mordante qu'il aurait pu être, incapable de se libérer de sa condition réductrice de petite comédie inoffensive ne serait-ce qu'un instant. De plus, s'il nous fait rire à quelques reprises, le film de Frank Oz est étouffé par une finale malhabile et convenue qui manque autant de rythme que d'originalité. Le film ne réussit pas le changement de ton qu'il tente d'accomplir dans le troisième acte, durant lequel Oz tente de transformer sa petite comédie sympathique en suspense. Malheureusement, cette ébauche de tension manque cruellement de nerf et n'est jamais vraiment convaincante. Le dénouement est quant à lui carrément risible et la finale castratrice à souhait.

The Stepford Wives est un petit divertissement correct sans plus qui a le mérite d'avancer, bien timidement, quelques idées intéressantes. Glenn Close, Christopher Walken et Bette Middler y offrent tous des performances sympathiques et certains gags fonctionnent plutôt bien même s'ils sont prévisibles. Malheureusement, une finale bancale vient gâcher le tout et condamne The Stepford Wives au statut de demi-échec quelque peu frustrant. Une touche de vitriol aurait fait le plus grand bien à cette satyre aux dents mal aiguisées.




Version française : Les Femmes de Stepford
Scénario : Paul Rudnick, Ira Levin (livre)
Distribution : Nicole Kidman, Matthew Broderick, Glenn Close, Christopher Walken
Durée : 93 minutes
Origine : États-Unis

Publiée le : 15 Juin 2004