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STEAMBOY (2004)
Katsuhiro Ôtomo

Par Frédéric Rochefort-Allie

Quand on réalise le plus célèbre et le plus acclamé des animés japonais au niveau international, il est difficile de répondre à de si grandes attentes. Est-ce aussi bon qu'Akira? Voilà probablement LA question qui brule sur toutes les lèvres, à savoir si le réalisateur Katsuhiro Otomo aura toujours pu maintenir le standard de qualité de ses films au niveau des chefs-d'oeuvre? La réponse est non. Si Akira et Steamboy sont tous deux des films d'animation, ils n'ont rien en commun. C'est pourquoi ils ne peuvent se comparer. Après l'univers de science-fiction apocalyptique d'Akira, Otomo nous transporte maintenant en pleine révolution industrielle, une époque peu commune pour un animé.

Bien qu'en japonais, Steamboy se déroule en Angleterre, à la veille d'une exposition universelle. Né dans une famille d'inventeurs obsédés par la vapeur au point d'en faire leur propre nom, le jeune Ray Steam est charger de protéger un ballon métallique renfermant de la vapeur concentrée contre la menace d'un nébuleux organisme qui vise à l'utiliser à de mauvaises fins. Sans y paraitre, le ballon renferme en lui la clef d'un plan machiavélique... à base de vapeur!

Dans la même veine que Sky Captain, Steamboy est un héros qui rend hommage aux bons vieux serials d'antan. Mais le film d'Otomo est beaucoup plus sérieux et abandonne toute dimension parodique pour laisser place à un univers aussi froid et dur que le métal où Otomo nous déclare avec peu de subtilité que la science peut servir de mauvaises fins. Plutôt concentré sur ses scènes d'action, le scénario écarte totalement le développement de ses personnages au point d'en devenir sérieusement problématique, voire même ridicule. Deux des trois protagonistes majeurs de l'histoire ne sont introduits qu'en quelques secondes. La famille Steam, qui joue pourtant un rôle crucial au sein de cette intrigue, n'a aucune profondeur. Dominé par l'omniprésence de la vapeur, le benjamin de la famille passe la majeure partie de son temps à régler le niveau de pression dans certaines pièces plutôt que d'agir. C'est ainsi que s'éternise l'histoire d'un film qui n'a presque rien à dire et tout à montrer.

Sans se le cacher, la réalisateur nous offre avant tout un festin visuel où chaque plan peut être admiré comme un véritable petit bijou. L'animation est riche en détails et reproduit avec une grande finesse le Londres victorien de l'époque, y transposant avec perfection son univers de science-fiction rempli de machines de toutes sortes. Quand on observe le travail acharné qu'ont dû faire les animateurs, on se demande pourquoi ne pas avoir tout simplement tourné le film avec de vrais acteurs? C'est à son plein envol à la toute fin, que Steamboy répond à cette question en rappellant que l'animation 2-D (même s'il y a ici intégration de CGI) a toujours ce petit quelque chose de magique qui stimule profondément notre imagination. La finale à elle-même en est à couper le souffle et surprend par son climax explosif, remplie de scènes à en faire baver son cousin Rocketeer.

Comme première aventure, Steamboy n'a pas connu le meilleur des décollages, mais c'est peut-être le début de ce qui pourrait devenir une grande série si seulement le prochain volet pouvait se concentrer un peu plus sur ses personnages que sa réalisation. Steamboy n'est pas le chef-d'oeuvre que certains ont pu avoir attendu, mais visuellement c'est du bonbon, et du grand! Un film à voir avec un coeur d'enfant et les yeux grands ouverts.




Version française : Steamboy
Scénario : Sadayuki Murai, Katsuhiro Ôtomo
Distribution : Robin Atkin Downes, Kiyoshi Kodama, Anna Paquin, Alfred Molina
Durée : 126 minutes
Origine : Japon

Publiée le : 23 Août 2005