THE STATEMENT (2003)
Norman Jewison
Par Chamsi Dib
Dans une adaptation du livre du même nom de Brian Moore ainsi
que d'une co-production française, canadienne et anglaise, le
film The Statement offre une intrigue captivante où
l’on reste attentionné, mais on s’aperçoit
au dénouement que le film est plutôt de qualité
moyenne.
Basée sur un fait réel, l’histoire raconte les péripéties
de Pierre Brossard, un officier de la milice de Vichy responsable de
la mort de sept Juifs en 1944 en France. On le retrouve 50 ans plus
tard où Brossard (Michael Caine) est toujours sur ses gardes,
vivant caché et protégé par le gouvernement ainsi
que par la société chrétienne secrète des
Chevaliers de Sainte-Marie. Toutefois, ses ennemis l’ont retrouvé
et tentent de l’assassiner. Brossard prendra alors la fuite, commettra
d’autres meurtres et tentera d’éviter l’investigation
faite sur lui, dirigée par une femme juge (Tilda Swinton) qui
tient à ses opinions dur comme fer.
Le film ne prend pas de risque, il se noie dans le genre thriller avec
des dialogues vides et clichés donnant envie de lancer une tomate
contre l’écran, mais si vous êtes un fan de kitsch,
les dialogues pourraient vous intéresser. Il y a aussi bon nombre
de répétions du genre : Brossard se fait poursuivre, il
tue l’homme, et ainsi de suite. Cela est peut-être dû
à l’écriture même du film. Le scénariste
Ronald Harwood, qui a écrit Le Pianiste en 2002, est
sans aucun doute excellent, mais il utilise toujours la répétition.
Souvenez-vous dans Le Pianiste quand Szpilman réussit
à s’échapper de la déportation et se retrouve
dans le ghetto de Varsovie, qui ensuite échappe à ce ghetto
pour plus tard survivre en cachette où la fuite et l’échappement
deviennent une récurrence surutilisée. Le même problème
surgit avec The Statement. Le film est bon, mais les mêmes
actions se répètent, ce qui nuit à l’intrigue
en tant que telle. Elle devient redondante.
Cependant, la psychologie des personnages est excellente. Elle n’est
pas extravagante, mais d’un ton très juste appuyé
par le jeu non verbal des acteurs qui est admirable. C’est dans
le silence que le film est à son meilleur. L’interprétation
majestueuse se retrouve donc dans un scénario moyen et, paradoxalement,
dans une réalisation plastique excellente. L’image est
très travaillée, de belles couleurs dans un décor
de la France. On sent le gros grain de la pellicule lors des flashbacks
offrant une esthétique digne de Jewison, mais il n’en demeure
pas moins que le film baigne dans le vide.
Bref, ce thriller à saveur politique tente tout de même
d’exploiter un sujet tabou complexe, même si le film manque
de profondeur. Jewison a tenté, et cette tentation est à
souligner pour le fait d’avoir dénoncé les magouilles
de la Deuxième Guerre mondiale ainsi que les déboires
de l’Église. Costa-Gavras en serait sûrement fier,
amen!
Version française : Exposé
Scénario : Ronald Harwood, Brian Moore (roman)
Distribution : Michael Caine, Alan Bates, Tilda Swinton, Jeremy
Northan
Durée : 120 minutes
Origine : Canada, France, Angleterre
Publiée le : 9 Février 2004
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