STAR WARS EPISODE IV : A NEW HOPE (1977)
George Lucas
Par Alexandre Fontaine Rousseau
«J'ai d'abord essayé d'adapter certains principes de la
mythologie à mon histoire. Comme cela ne fonctionnait pas, j'ai
finalement décidé de laisser tomber et de me consacrer
à la rédaction de l'histoire à part entière.
J'ai découvert, en me relisant, que tous les principes que j'avais
essayé d'appliquer sans succès, au départ, étaient
tous présents. Je les avais tous utilisés inconsciemment.»
- George Lucas
Ainsi débute donc la plus grande aventure de science-fiction
qu'aura connu le grand écran: un jeune réalisateur américain,
nourri au westerns et aux vieux serials tels que Buck Rogers et Flash
Gordon, décide d'offrir une nouvelle mythologie à une
génération gavée de films sombres et pessimistes
sur le piteux état de l'Amérique post-Vietnam. Star
Wars met en définitive un terme à la dépression
filmique des années 70. Si le Jaws de son ami Spielberg
s'impose comme le prototype par excellence du blockbuster estival, George
Lucas livre avec son premier Star Wars la quintessence même
du cinéma de divertissement grand public.
Évidemment, on peut affirmer sans se tromper que The Empire
Strikes Back est le meilleur chapitre de la légendaire saga
galactique de Lucas. C'est le plus grandiose et le plus abouti, le plus
profond et le plus riche. Mais, à plusieurs niveaux, cette introduction
à l'univers de Star Wars qu'est A New Hope
demeure le plus pur et représentatif des segments de la série.
Après tout, cette naïveté et cet enthousiasme qui
en sont les caractéristiques les plus marquées demeurent
l'ingrédient secret du charme de la série.
Je pourrais passer des heures à me remémorer les moments
marquants de ma vie intrinsèquement liés à Star
Wars... et je ne suis pas le seul à me trouver dans cette
position. Le fait est que le film de Lucas s'est aménagé
une niche particulière dans le coeur de plusieurs d'entre nous
malgré les défauts que le recul et le passage du temps
révèlent. Dans l'absence totale d'objectivité,
est-il encore possible de livrer une critique constructive d'un film?
Au fond, le fait que tant de gens se soient sentis interpellés
à un niveau aussi viscéral par le film de Lucas demeure
le plus éloquent des éloges possibles. Star Wars
appartient dorénavant au domaine de la grande culture populaire.
L'empreinte de cet univers parallèle sur la conscience collective
d'une génération est indélébile. On peut
sans trop d'inquiétudes avancer que ses répercussions
seront encore visibles, que l'on saura encore ce qu'est la force, dans
cinquante ans... C'est là le plus beau des compliments que l'on
puisse faire à un film qui aspirait à actualiser les mythes
ancestraux.
Sur quoi repose donc le succès aux proportions épiques
de la saga de Lucas? La réponse autrefois commune que les effets
spéciaux font ces films perd de sa crédibilité
au fil des ans. Après tout, un nombre effarant de gros succès
commerciaux à la fine pointe de la technologie parus depuis ont
rapidement sombré dans l'oubli. Star Wars, pour sa part,
perdure. Outre la construction volontairement légendaire de cet
arc narratif ambitieux, une direction artistique profondément
géniale, aussi instinctive qu'esthétique, s'impose comme
l'un des symboles distinctifs de l'univers de Lucas. On a qu'à
penser aux troupes de choc impériales, figures squelettiques
menaçantes et impersonnelles mais pourtant fascinantes, ou alors
à ce symbole absolu du mal qu'est le masque de Darth Vader.
Il y a les figures héroïques impérissables qui sont
légions dès ce premier épisode. La relecture de
la chevalerie et du code d'honneur féodal asiatique qu'est l'ordre
Jedi. Mais il y a aussi ce sens trépidant de l'aventure qui ennoblit
même le processus créatif du film, ce plaisir manifeste
à faire un cinéma de l'imagination infinie avec les moyens
du bord qui animait Lucas lorsqu'il réalisa avec des ressources
somme toute limitées ce petit chef-d'oeuvre d'inventivité.
De tous les films de la célèbre série, Star
Wars demeure le plus ouvertement ludique. Il ne tombe jamais dans
la surenchère de Return of the Jedi, n'est pas alourdi
par la même obscurité qu'Empire Strikes Back.
C'est une invitation à l'aventure qui aura réussi à
faire rêver les gens. Cette simplicité juvénile
jouissive, qui est en partie le fruit du désir d'en faire un
film auto-contenu, Star Wars la revêt encore élégamment
aujourd'hui malgré les rides qui se dessinent à la surface.
On pourrait passer des pages à décortiquer la portée
mythique de cette guerre des étoiles, à en étudier
les répercussions majeures sur la structure même de l'industrie
cinématographique hollywoodienne, à tenter de démolir
le culte qui s'est bâti autour d'une oeuvre que l'on pourrait
qualifier de banale escapade spatiale. Mais Star Wars ne relève
plus du domaine critique. Le film habite une galaxie bien lointaine
où le cinéma est une histoire d'amour et de nostalgie.
Le coeur a ses raisons que la raison ne comprend pas. On aura vu mille
explosions au cinéma, mais aucune n'a la même puissance
que celle de l'Étoile noire. En ce sens, cet exercice est stérile.
Star Wars, depuis fort longtemps, est entré dans la
légende.
Version française :
Star Wars Épisode IV : Un nouvel
espoir
Scénario :
George Lucas
Distribution :
Mark Hamill, Harrison Ford, Carrie Fisher, Alec
Guinness
Durée :
121 minutes
Origine :
États-Unis
Publiée le :
20 Mai 2005