SPIDER-MAN 2 (2004)
Sam Raimi
Par Jean-François Vandeuren
Si le cinéaste Sam Raimi manqua quelque peu sa cible avec le
premier volet de sa trilogie Spider-Man nous offrant un opus
somme toute intelligent et de bon gout mais laissant planer une certaine
insatisfaction à la fin du visionnement, avec Spider-Man
2, nul doute que ce dernier a littéralement frappé
dans le mille. Cette fois-ci, le réalisateur parvient à
repenser quelque peu son approche en y mettant beaucoup plus d’assurance
et d’imagination qu’auparavant, retravaillant les meilleures
facettes du précédent opus tout en corrigeant le tir sur
les points les plus faibles. Une amélioration à tous les
niveaux.
C’est ainsi que deux ans plus tard, on retrouve enfin Peter Parker
jonglant entre ses responsabilités du quotidien et celles de
son alter ego Spider-Man qui devra faire face à un nouvel
ennemi, soit le savant victime de sa propre invention Otto Octavius
(Dr. Octopus pour les médias). La face cachée de sa personnalité
prenant de plus en plus le dessus sur une existence où il aimerait
bien consacrer plus de temps à ses proches dont la femme qu’il
aime et son meilleur ami tenant Spider-Man comme seul responsable de
la mort de son père, Parker commencera à remettre sérieusement
en question la nécessité de son rôle en tant que
justicier.
Comme c’est bien souvent le cas avec la plupart des suites de
films à gros budget sortant des grands studios, l’équipe
derrière les nouvelles aventures de l’homme araignée
ont passablement repris la même structure narrative que celle
du premier film. Plusieurs passages du deuxième film ont donc
un air assez familier. Mais dans le cas présent, au lieu de nous
offrir une suite terne en comparaison avec l’original, on a plutôt
peaufiner le tout pour en faire un résultat beaucoup plus satisfaisant
et dans le bon ton par rapport à la source d’inspiration.
Ironiquement, cette situation n’est pas sans nous rappeler pareil
remaniement alors que suite à un premier opus de la trilogie
Evil Dead beaucoup trop sérieux pour son propre bien,
le réalisateur Sam Raimi s’était tout simplement
permis de faire le deuxième à l’image du premier
en y incorporant une saveur beaucoup plus humoristique et une composition
visuelle plus délirante. Mission similaire tout aussi accomplie
dans le cas de Spider-Man 2.
Il faut dire que le film en soit fait beaucoup mieux la transition entre
action et éléments dramatiques. La dualité s’instaurant
dans l’esprit torturé entre le devoir de Spider-Man et
les désirs de Peter Parker sont amenés d’une façon
simple, mais à l’image de la bande dessinée. Le
résultat en est plus que satisfaisant et donne au film une dimension
plus profonde en même temps qu’une certaine innocence bon
enfant typique aux années 60, rendant du même coup un hommage
à la période d’où émergea une des
créations les plus populaires de l’univers de la bande
dessinée. Plusieurs clins d’oeil à cette époque
sont également présents tout au long du récit en
plus de quelques scènes dramatiques valsant sur les limites du
kitch et qui passent pourtant admirablement bien dans la dynamique
du film.
D’autre part, la réalisation de Sam Raimi vaut à
elle seule le déplacement en offrant un visuel particulièrement
extravagant qui accompagne bien l’amalgame de genres que propose
le récit autant lors des dynamiques scènes d’action
qui sont particulièrement bien composées, que dans les
scènes plus dramatiques, fantastiques ou humoristiques. Raimi
se permet même une certaine touche axée vers l’horreur
assez bien pensée qui saura satisfaire les fans d’Evil
Dead, en plus d’un hommage aux vieux films de monstres à
la Godzilla par l’utilisation d’une foule criarde
qui s’arrache les poumons à la vue du Dr.Octopus. Assez
saisissant!
La distribution vient jouer un rôle tout aussi important dans
la crédibilité de ce mélange. Tobey Maguire transcende
l’écran dans son rôle de sorte que même en
Peter Parker il réussit aisément à nous faire croire
en son alter ego. Le choix d’Alfred Molina était tout aussi
judicieux pour l’incarnation de Doc Ock et ce dernier vient compléter
un casting d’avant plan des plus convainquant. Aussi, un des personnages
les plus critiqués du premier film était sans contredit
celui de J. Jonah Jameson incarné par J.K. Simmons de qui on
avait souvent blâmé le jeu dit trop caricatural et encré
dans les années 50. Pourtant, peut-être est-ce parce que
sa présence à l’écran est plus importante
dans le deuxième opus, son interprétation inchangé
mérite d’être souligné.
Avec Spider-Man 2, Sam Raimi fait beaucoup plus que donner
vie au personnage culte de Marvel Comics. Il confère avant tout
un caractère extrêmement humain à son œuvre
de sorte qu’on ne peut faire autrement que de laisser un peu notre
cynisme de côté pour retourner à l’âge
de l’innocence en s’amusant follement à prendre parti
pour le héros autant dans les scènes d’action que
dans les enjeux sentimentaux de la vie de Peter Parker tout en espérant
l’arrivée d’un dénouement heureux. Malgré
l’obligation agaçante d’un film fait d’une
manière commerciale, Raimi parvient tout de même à
recréer l’atmosphère de la bande dessinée
avec brio tout en se permettant une bonne dose de prouesses techniques
toutes aussi originales qu’impressionnantes. Chapeau!
Version française : Spider-Man 2
Scénario : Alfred Gough, Miles Milar, Michael Chabon, Alvin
Sargent
Distribution : Tobey Maguire, Kirsten Dunst, James Franco, Alfred
Molina
Durée : 127 minutes
Origine : États-Unis
Publiée le : 14 Juillet 2004
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