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SOUTH PARK : BIGGER, LONGER & UNCUT (1999)
Trey Parker

Par Louis-Jérôme Cloutier

Irrévérencieux à souhait, South Park a soulevé la polémique à maintes reprises depuis ses débuts en 1997 puisque ses créateurs ne se gênent pas pour y inclure du langage vulgaire, de la violence excessive et des propos qui visent à choquer le peuple, ou à le réveiller dépendamment du point de vue. Ce qui est fascinant par contre, c’est qu’au-delà d’un dessin animé très rudimentaire et à première vue profondément stupide, on retrouve plutôt le véhicule de certains messages, la critique de certaines valeurs, une vision cynique mais totalement juste de la société au cœur de laquelle vivent les deux collaborateurs. Trey Parker et Matt Stone sont en quelque sorte les enfants terribles de la société américaine. Sans entrer véritablement dans une ligne de pensée clairement définie, ils tirent plutôt sur tout ce qui bouge et n’hésitent pas à critiquer un peu tout le monde et tout ce qui mérite de l’être: la politique, la religion, le show-business, la société, les démocrates, les républicains, Dieu et Satan. C’est leur célèbre série animée South Park qui leur a permis de transmettre leurs opinions après quelques essais dans le domaine du cinéma qui se sont avérés être plus ou moins réussis. Mais maintenant, pourquoi ne pas apporter South Park sur grands écrans? Le défi est nettement moins hasardeux que pour d’autres entreprises, dont Les Simpsons qui n’ont toujours pas fait le saut.

South Park: Bigger, Longer & Uncut est un peu un film à l’intérieur d’un film. Ainsi, l’histoire est surtout axée sur le long-métrage de Terrance et Phillip qui font le saut du petit au grand écran avec Asses of Fire. Cependant, la production canadienne provoque rapidement une importante controverse qui débute dans le fameux village du Colorado pour s’étendre à l’ensemble du pays. C’est que les enfants ayant vu le film se mettent soudainement à jurer, désirant imiter leurs héros. Qui blâmer pour cette perversion de la jeunesse? Le Canada! Si bien que le gouvernement américain s’apprête à entrer en conflit avec son voisin du Nord. Cependant au même moment, Satan et Saddam Hussein, qui entretiennent une relation homosexuelle, complotent de revenir sur Terre, ce qui ne sera possible que si Terrance et Phillip sont exécutés. Ne reculant devant rien, Stan, Kyle et Cartman se donnent pour mission de libérer les deux acteurs canadiens, alors que Kenny tente de convaincre Satan de porter les culottes devant Saddam!

South Park: Bigger, Longer & Uncut est fort simple à décrire. Le titre du film est d’ailleurs bien choisi, le film est simplement un épisode d’une durée beaucoup plus longue qu’à l’habitude, de plus grande envergure, mais toujours sans la moindre censure. De plus, comme pour les films animés de Walt Disney, et pour parodier en quelque sorte ces derniers, Parker et Stone ont inclu dans leur film plusieurs séquences où les personnages se mettent subitement à chanter. Bien sûr, ces chansons sont loin d’avoir l’innocence d’une chanson de Blanche-Neige avec des titres comme Uncle Fucka, Kyle's Mom's a Bitch et bien sûr, Blame Canada. Si tout cela s’avère amusant, il faudrait néanmoins avouer qu’il y a peut-être une surenchère de performances musicales. Par contre, c’est un petit bémol dans une entreprise somme toute réussie, un saut parfait du petit au grand écran. Encore une fois, l’histoire se révèle surtout un compromis pour la transmission de plusieurs messages: l’irresponsabilité de la société américaine, la question de la censure et autres sujets constamment abordés par Parker et Stone. Il est d’ailleurs heureux que le film ne déroge pas du tout aux règles de la série télévisée, il contient la même dose si jouissive d’humour provoquant, mais surtout très drôle.

En un sens, South Park: Bigger, Longer & Uncut est finalement quelque peu inutile, c’est un film qui aurait pu être trois ou quatre épisodes diffusés à la télévision. Ce qui mène à un certain paradoxe, on applaudit Parker et Stone de n’avoir pas reculé par rapport à ce qu’offre la série télévisée afin de rejoindre davantage de gens, ou de plaire aux producteurs. Mais de l’autre côté, il est un peu regrettable que leur film ne soit que la continuité logique de la série. Tout de même, il s’agit ici de critiquer pour critiquer, puisque tous les fans se régaleront de ce film tout à fait réussi. D'autant plus qu'il allait s'avérer être un point tournant pour la série télévisée qui allait devenir au fil des épisodes de plus en plus engagée, et par le fait même encore bien meilleure. Comme disent les Anglais: I wouldn't have changed a minute of it!




Version française : South Park : Plus grand, plus long et sans coupure
Scénario : Trey Parker, Matt Stone, Pam Brady
Distribution : Trey Parker, Matt Stone, Mary Kay Bergman, Isaac Hayes
Durée : 81 minutes
Origine : États-Unis

Publiée le : 14 Juillet 2005