SOLARIS (2002)
Steven Soderbergh
Par Louis-Jérôme Cloutier
La science-fiction est un genre qui se divise en plusieurs catégories.
Cependant, la plus importante pour le cinéma est nul doute celle
que forment des films comme Solaris ou 2001: A Space Odyssey.
Loin des explosions et des combats de vaisseaux spatiaux, ces films
s’intéressent plutôt à l’Homme. L’être
que nous sommes rencontre souvent des étapes importantes au cours
de son existence : la vie, la mort et l’amour. Mais qu’est-ce
que la vie? L’homme a-t-il une raison d’être? Qu’est-ce
qui fait que nous pouvons nous considérer comme un être
vivant et conscient? Les questions que l’on peut soulevé
sur ces thèmes sont multiples. Solaris est donc un film
qui s’interroge sur ces sujets. En étant un exercice philosophique,
il nous amène à réfléchir sur nous-mêmes
et sur l’humanité.
Chris Kelvin est un psychologue qui reçoit un message lui demandant
de se rendre sur un vaisseau en orbite autour de la mystérieuse
planète Solaris. C’est un ami qui lui envoie cette demande
en expliquant qu’il s’y déroule des choses bien étranges.
N’ayant d’autres choix, Kelvin se rend sur le vaisseau afin
de découvrir ce qui se trame sur la station.
En fait, ce film est une nouvelle version du classique russe de Stanislaw
Lem. Steven Soderbergh s’est chargé non seulement de le
réaliser, mais aussi d’en écrire le scénario.
On ne peut dénier le fait qu’il est devenu l’un des
meilleurs réalisateurs de sa génération. À
son premier essai en science-fiction, il signe un pur chef d’œuvre
du genre. Il faut dire qu’il était sans aucun doute l’homme
le mieux qualifié pour mener à bien une tâche aussi
ardue que de refaire sous un autre jour ce classique. Ses expériences
avec Sex Lies & Videotapes ainsi qu’avec le plus
récent Full Frontal ont prouvé qu’il pouvait
capter avec sa caméra l’homme dans sa réflexion
et aller jusque dans ses pensées pour nous les livrer sur écran.
Habitué de filmer des huit clos, Soderbergh maitrise parfaitement
son art dans ce film. Il est soutenu par une très belle photographie
rappelant 2001: A Space Odyssey. Sa direction des acteurs est
toujours exemplaire. Jeremy Davies, un acteur peu connu, offre une performance
mémorable. Bien entendu, George Clooney est le centre d’attraction.
Bien qu’il ne soit pas exceptionnel, il donne son meilleur dans
un rôle auquel il n’est pas habitué. Natascha McElhone
l’appuie avec conviction. Ajoutez à cela une trame sonore
originale et nettement bien choisie. En fait, le film baigne dans des
compositions new age et électronique ce qui donne un
ton assez lyrique à l’ensemble de la production tout en
ramenant le côté technologique.
Mais toutes ces choses ne sont que des accessoires au cœur de ce
qui compte vraiment dans Solaris: le scénario. En fait,
je dis scénario, mais je devrais plutôt dire analyse philosophique.
Vous voulez un divertissement? Oubliez ce film et passé à
autre chose. Vous voulez quelque chose de brillant, d’intelligent
et de songé? Louez-le sans tarder, c’est aussi simple.
C’est un film difficile d’accès pour ceux qui ne
peuvent décortiquer le langage cinématographique. Toutes
les réponses ne sont pas exposées, les situations peuvent
être déroutantes et le message très difficile à
cerner. Sans être violent, Solaris s’adresse à
une clientèle mature et capable d’aller au-delà
de la surface des choses. Le cerveau travaille sans cesse durant le
visionnement et c’est là ce qui en fait un chef-d’œuvre.
Tout en exposant ses propres théories, le film laisse place à
nos propres pensées et peut s’adapter à tous. Je
ne suis pas du genre à me questionner bien souvent, mais Solaris
m’a poussé à songer à plusieurs choses et
est resté dans ma tête pendant quelques jours. Je répète
que le tout requiert un effort mental et non une simple écoute.
Bref, Soderbergh signe ici l’un de ses films les plus réussis
en intégrant avec succès toutes ses techniques. Le matériel
de base aidait grandement, mais il fallait tout un effort pour réussir
cette version tout en proposant quelque chose qui se distance de l’œuvre
originale à sa façon. Un futur film culte sans aucun doute
qui n’arrivera jamais à se faire connaitre par la masse.
Version française :
Solaris
Scénario :
Steven Soderbergh, Stanislaw Lem (roman)
Distribution :
George Clooney, Natascha McElhone, Viola Davis,
Jeremy Davies
Durée :
99 minutes
Origine :
États-Unis
Publiée le :
11 Août 2003