SNAKES ON A PLANE (2006)
David R. Ellis
Par Frédéric Rochefort-Allie
Snakes on a plane dit tout dans son titre : des serpents, un
avion, Samuel L. Jackson, c'est tout ce que vous avez besoin de savoir
en fait. Au moins, le film a le mérite d'être assez honnête
dans ses intentions de divertissement. Si certains se demandent comment
un film au concept aussi ridicule a réussi à aboutir dans
les salles de cinéma en tant que blockbuster estival,
il faut préciser qu'à la base, il doit toute sa popularité
grâce à internet et son phénomène d'autopromotion
formidable. Plusieurs cinéphiles se sont amusés à
s'imaginer des scènes et les résultats furent efficaces,
car ils firent ajouter une ligne de dialogue, un phénomène
jamais vu auparavant. Internet étant cependant plutôt éphémère,
il y a des lunes que le phénomène Snakes on a "mother'ing"
plane s'est calmé et tel que nous le disent ces bonnes vielles
paroles de sagesse : une blague à l'usure devient ennuyante.
Au départ, il s'agissait d'un film tout à fait sérieux,
un thriller d'horreur qui se pensait terrifiant. Or, quand les internautes
ont réagi très fortement et que Samuel L. Jackson a fait
changer le titre, les producteurs ont immédiatement ordonné
au réalisateur d'ajouter des scènes volontairement mauvaises.
On se retrouve donc avec un divertissement d'autodérision qui
désire quand même terrifier. Cette dualité de tons
cause quelques longueurs. Ce regain soudain de popularité pour
la série b encourage d'une certaine façon un cinéma
de bas niveau où des idées ridicules avec des scénarios
vites écrits sont préférées au cinéma
intelligent au niveau de la distribution, puisqu'au fond, c'est la voie
suprême de la facilité. Pour résumer, Snakes
on a plane est en fait au cinéma ce qu'un big mac est à
la haute gastronomie.
Cette idéologie du fast-food s'applique d'ailleurs au rythme
du récit, car Snakes on a Plane ne s'attarde pas du
tout à son introduction. En presque trois minutes, on passe d'un
jeune homme témoin d'un meurtre par un gangster dont on ignore
absolument l'identité, à Samuel L. Jackson qui sort carrément
de nulle part pour le protéger, jusqu'à l'avion rempli
de serpents, sans nous laisser le temps de respirer moindrement. Cette
hâte plutôt exagérée à faire avancer
les choses le plus rapidement possible pour satisfaire le public avec
les serpents, prouve qu'il s'agit d'un film vite consommé et
donc fort probablement vite oublié.
Le film diverti, c'est évident. Snakes on a Plane est
un film qui se doit d'être vu avec un popcorn et son sens de la
rationalité mis de côté. Si vous êtes du genre
à vous régaler de l'absurdité d'un tel concept,
vous savourerez certainement les attaques des serpents (avec leur vision
de serpent copiée légèrement de Evil Dead)
et la prémisse du récit. Si des serpents se trouvent dans
l'avion, c'est à cause du plan machiavélique du gangster,
qui d'ailleurs est on ne peut plus simple : remplir des caisses de serpents
de toutes sortes, mettre une bombe dans la boîte, et au moment
désiré, la faire exploser pour que les serpents puissent
faire écraser l'avion! Mais attention, ce ne sont pas là
vos serpents habituels! Oh! Non, ce serait trop facile! Ceux-ci sont
spécialement drogués pour devenir plus agressifs. Certains
arrachent même des câbles de l'avion. Bien entendu, personne
n'a proposé à ce sympathique gangster de tout simplement
poser une bombe dans l'avion pour se simplifier les choses ou de ne
pas placer un explosif sur une boîte de serpents puisqu'ils exploseraient
normalement, mais bon...c'est Snakes on a Plane tout de même!
Si l'idée vous charme, vous savez précisément à
quoi vous attendre. Au moins, le film a le mérite d'être
100 fois moins pompeux qu'un Jerry Brukheimer, à défaut
de faire paraître ses productions subtiles et songées en
comparaison. Après tout, c'est une joyeuse lobotomie!
Version française :
Serpents à bord
Scénario :
John Heffernan, Sebastian Gutierrez
Distribution :
Samuel L. Jackson, Julianna Margulies, Nathan Phillips,
Rachel Blanchard
Durée :
105 minutes
Origine :
États-Unis
Publiée le :
20 Août 2006