SKY CAPTAIN AND THE WORLD OF TOMORROW (2004)
Kerry Conran
Par Frédéric Rochefort-Allie
Enfin, le voici! Plusieurs attendaient depuis longtemps un héros,
un personnage qui pourrait pour une fois soutenir un film comme le fit
autrefois l'illustre Indiana Jones. Sky Captain s'annonce peut-être
un film aux allures solennelles, il peut même paraitre prétentieux
par ses prouesses technologiques, mais il n'en demeure pas moins un
véritable retour à l'époque des romans pulps.
Avis aux intéressés.
Sky Captain (Jude Law), un aviateur aux prouesses légendaires,
doit enquêter avec une journaliste enquiquineuse nommée
Polly Perkins (Gwyneth Paltrow) afin de résoudre le mystère
qui entoure la disparition d'un bon nombre de scientifiques et l'apparition
soudaine et peu subtile d'une flotte de robots qui survole Gotham City.
A priori, le spectateur doit se poser une question: Suis-je un amateur
de série-b, de romans pulps, de fantastique et d'aventure? Si
la réponse à cette question est non, il est fortement
suggéré à ce dernier d'éviter d'approcher
les aventures de Sky Captain, de près ou de loin.
Dans la pure tradition des serials américains tel le fameux King
of the Rocket Man, Sky Captain n'est pas un film sérieux.
Il ne propose aucun second degré, aucune véritable remise
en question, rien que du pur divertissement à l'état brut.
Autant certains pourraient croire à une forme d'abrutissement
du cinéma hollywoodien plutôt prononcée, d'autres
y verront une jouissance extrême et une porte toute grande ouverte
vers un monde fantastique qui permet de rêver même longtemps
après le visionnement. Donc, oui il est évident que l'intrigue
ne tient pas debout une seule seconde face à la dure réalité
que nous impose notre logique. Mais a-t-on déjà exigé
plus d'une oeuvre de ce type? Non, et encore moins d'une oeuvre qui
rend hommage à cet aspect. Ici, non seulement l'intrigue est
garnie de gags clichés, de lieux tous aussi exotiques les uns
que les autres et de personnages classiques, mais elle les glorifient
avec brio. L'autodérision et l'orgie de références
cinématographiques font de Sky Captain un film très
intéressant au niveau du scénario, qui propose même
à un certain niveau des réinterprétations de certains
classiques de l'époque. À noter une brève mais
grandiose apparition du Venture, le navire ayant transporté le
mythique King Kong peu de temps avant d'avoir terrifié la ville
New-York. Mais il reste une évidence qu'on ne cherche autre chose
en Sky Captain que de divertir, n'en cherchons pas plus de
substance, le film remplit admirablement bien sa mission.
Visuellement, le film se résume à un mot: génial.
Le spectacle que nous présente le réalisateur Kerry Conran
n'est rien de moins que saisissant. Bien qu'il s'inspire fortement de
maitres tels Fritz Lang ou Orson Welles, et de bien des films tels Star
Wars, Sky Captain est une expérience visuelle unique.
Véritable festin d'effets-spéciaux, ces derniers sont
parfaitement intégrés au film et créent un univers
crédible et intensément intéressant. Les années
30-40 ont rarement eu l'air aussi attirantes et l'univers sombre de
Gotham City, oui la cité de la célèbre chauve-souris
masquée, est parfaitement représenté. Le film semble
tout droit sorti d'une vielle bande dessinée américaine
ou d'un film expressionniste Allemand et en conserve tout le plaisir
qui si retrouve. Musicalement, le film se permet un superbe pastiche
de John Williams, qui ravira les amateurs de Star Wars et d'Indiana
Jones. Le thème, fredonné constamment dans la trame
sonore, est à l'image de son personnage. Bref, nous revoici à
l'époque des bons vieux serials. Attachez vos ceintures
car le film décolle.
Si dans notre imaginaire, Harrison Ford équivaut à Indiana
Jones, pour Jude Law, nous l'attacherons maintenant à Sky Captain.
Bien qu'il ne s'agisse nullement du personnage le plus profond incarné
par l'acteur, son charisme et sa présence servent énormément
au personnage et en font le type culte qu'il se devait d'être.
Gwyneth Paltrow, jouant un personnage froid de nature, n'est pas un
personnage de nature imposante. Nous ne pourrions donc pas reprocher
à l'actrice d'être ce qu'elle doit, une sangsue. Giovanni
Ribisi, dans le rôle d'un inventeur au service du héros,
est probablement la surprise la plus agréable de la distribution.
Cet acteur, dans l'ombre d'un nombre incalculable de petits films plus
ou moins réussis, incarne parfaitement le stéréotype
de l'homme dans l'ombre d'un autre. Peut-être aussi parce que
la réalité rejoint en quelque part la fiction. Évidemment,
vous l'aurez deviné, les performances d'acteurs sont caricaturales,
pour rejoindre l'esprit du film.
Finalement, même s'il s'aventure dans les mêmes sentiers
que l'Indiana Jones de Spielberg, Sky Captain arrive
à se justifier de lui même par son originalité et
son différent terrain de bataille. Car, n'oublions pas qu'Indy
était à la base un hommage aux films de Douglas Fairbanks
et Errol Flynn tandis que Sky Captain lui, rend hommage à
un univers similaires mais tout de même différent: le série-b
de type pulp, la science-fiction et le film noir. Il s'y apparente
donc, mais à sa propre façon. Puis, si Indiana Jones
demeure le roi et maitre incontesté en son genre, rarement aura-t-on
vu film d'aventures plus réussit depuis ce dernier jusqu'à
ce jour. Mes félicitations Sky Captain, vous vous méritez
une médaille d'honneur!
Version française :
Capitaine Sky et le monde de demain
Scénario :
Kerry Conran
Distribution :
Jude Law, Gwyneth Paltrow, Angelina Jolie, Giovanni
Ribisi
Durée :
107 minutes
Origine :
États-Unis
Publiée le :
18 Septembre 2004