S1M0NE (2002)
Andrew Niccol
Par Frédéric Rochefort-Allie
Le silicone, les parfums popularisés par des vedettes de cinéma,
les effets-spéciaux à la fine pointe de la technologie,
les annonces de régime miracle, les vedettes vénérées
par leurs fans, tout mène à Simone. Écrit
par le scénariste de Gattaca et The Truman Show,
Simone s'inscrit dans le même courant de films de science-fiction
névrosés et se veut un regard critique de l'avenir du
cinéma au royaume des étoiles filantes.
Viktor Taransky (Al Pacino), un cinéaste hanté par la
poisse, fait la rencontre d'un étrange programmeur nommé
Hank (Elias Koteas) qui lui offre la possibilité de créer
la femme parfaite, l'actrice rêvée pour son prochain film.
Si tout va pour le mieux au début, cette Simone lui réserve
bien des surprises.
Du monde néo-nazi de Gattaca à l'univers hollywoodien
de Simone, la distance entre les deux scénarios est
énorme. Bien que le même créateur y ait encore une
fois trouvé une idée purement géniale, le film
s'étire lamentablement sur une intrigue mal développée
qui ne fait qu'explorer en surface un problème prémonitoire
pour les acteurs de demain. Tandis que certains personnages sont inutiles
à l'intrigue, d'autres plus importants semblent relever du principe
du «fish out of the water» (élément
introduit de nul part). Sérieusement, avez vous déjà
cru qu'une productrice renvoie son ex-mari réalisateur en lui
mentionnant subtilement comme cela qu'ils sont divorcés et qu'ils
ont une fille? Pour une relation de travail si étroitement liée,
leurs problèmes de communication sont de l'ordre du surnaturel.
Les dialogues sont aussi faux que l'amas de pixels qui forme Simone.
Hors, tout n'est pas virtuel! Fort heureusement le casting est composé
d'acteurs de renom. Mais quand un réalisateur attache plus d'importance
à la création de sa star qu'aux acteurs principaux, le
film en prend généralement un coup. Aucune exception à
la règle cette fois. Al Pacino est bien loin de ce que l'on peu
attendre de lui, car il livre un jeu plutôt fade quand il est
laissé à lui même devant un écran d'ordinateur.
On peut quand même dénoter que la direction d'acteur y
est pour beaucoup. Niccol ne donne qu'une dimension accessoire aux personnages
interprétés par Catherine Keener et Evan Rachel Wood,
ne leur cédant pas assez d'espace pour qu'elles puissent briller
à leur juste valeur. Étrange quand ces mêmes personnages
sont tout à fait cruciaux. Déception aussi pour certains
d'apprendre que malgré toute la fausse promotion entourant «l'existence»
de Simone, l'actrice se soit manifestée si ouvertement à
peine une semaine après la sortie du film. Ne s'improvise pas
Charlie/Donald Kaufman qui veut! Que dire d'ailleurs de cette dernière
sinon qu'elle est à l'image de son personnage, artificielle.
Casting parfait? Bien sur, cette Simone est crédible. Impossible
de remarquer quand il s'agit de la vraie ou la fausse à moins
de probablement être un expert en effets-spéciaux.
Finalement, qui sait dans combien de temps la réalité
rejoindra la fiction? Simone n'arrivera malheureusement jamais à
connaitre le succès qu'elle vit en fiction. Oubliez le bon vieux
Al Pacino, oubliez Gattaca, Simone n'est qu'un concept
intéressant qui fait réfléchir, mais qui souffre
d'une très mauvaise adaptation. Bref si Monsieur Taransky crée
une vedette, Monsieur Niccol détruit une idée. À
éviter.
Version française :
S1m0ne
Scénario :
Andrew Niccol
Distribution :
Al Pacino, Winona Ryder, Catherine Keener, Rachel
Roberts
Durée :
117 minutes
Origine :
États-Unis
Publiée le :
28 Février 2004