R.V. (2006)
Barry Sonnenfeld
Par Frédéric Rochefort-Allie
La saison estivale vient tout juste de se pointer. Le doux parfum du
beurre bien gras noyant le popcorn se fait sentir et déjà
Hollywood est fin prêt à vous attirer vers les salles de
cinéma, là où l'air conditionné fonctionne
toujours à 110 %! Avant que ne sortent les véritables
blockbusters estivaux, on nous sert en guise de hors-d'oeuvre le traditionnel
film familial de voyage. Le seul problème, c'est qu'il provoque
une indigestion.
Vous connaissez l'histoire : un homme d'affaires dans de beaux draps
doit mentir à sa famille pour garder son emploi et les traîner
de force dans une roulotte en voyage au Colorado, où il doit
assister à une réunion. Ce thème fut repris un
nombre incalculable de fois sous diverses formes, de Vacation
à A Goofy Movie, les vacances ont toujours été
un prétexte en or pour servir au film familial. Rien de plus
facile et de plus banal pour venir y jeter une morale à deux
sous et trouver un thème rassembleur qui touche différents
publics.
Il fait peut-être chaud au coeur de revoir Robin Williams dans
ce genre qui a fait sa gloire il n'y a pas moins d'une dizaine d'années,
mais R.V. n'a rien d'un nouveau Jumanji ou d'un Mrs
Doubtfire. Le sens de l'humour plus que douteux du scénariste
Geoff Rodkey tente beaucoup trop de forcer les gros rires gras en puisant
dans des stéréotypes et des clichés qui sentent
le réchauffé. Quand les latrines d'une roulotte monopolisent
à elles seules quelques précieuses minutes de film, on
comprend vite pourquoi la qualité générale des
gags est de même nature. Le film pousse vers des rires forcés,
question de se donner l'illusion qu'on s'amuse un tant soit peu, et
les bonnes scènes se font rarissimes. À force de suivre
cette histoire où une famille s'emmerde royalement durant ses
vacances, le public finit par en être inspiré.
Outre un Robin Williams en forme malgré son rôle horriblement
écrit, on y trouve une brochette d'acteurs hors de leur élément.
Jojo par exemple, cette starlette du pop à qui on colle un rôle
de jeune adolescente «rebelle», végétarienne
et écologiste...qui n'hésite pas cependant à porter
du rouge à lèvres (lequel utilise du gras de castor).
Jeff Daniels y est aussi particulièrement coincé dans
le personnage un peu trop caricatural du voisin de roulotte envahissant
: l'acteur a déjà connu des rôles plus étoffés.
En fait, tout cela est encore dû au scénario de Monsieur
Rodkey qui fait sérieusement grincer des dents. Si ce n'était
de Barry Sonnenfeld, le film serait probablement un échec encore
plus lamentable. Le réalisateur y apporte un semblant d'âme
et d'esprit familial et une réalisation légèrement
plus inventive que celle normalement réservée pour le
film moyen du genre, ce qui rehausse sa qualité générale
pour faire d'un navet atroce un navet passable.
À en voir la filmographie actuelle de Robin Williams, le pire
est à craindre pour le second Mrs Doubtfire. Si l'envie
vous prend de revoir les grimaces et les délires du sympathique
comédien, peut-être devriez-vous plutôt replonger
dans ses vieux classiques et si c'est tout simplement la brise estivale
qui vous inspire, sachez que National Lampoon's Vacation a
fait ses preuves depuis plusieurs années. Pourquoi se contenter
d'une version remâchée?
Version française :
V.R.
Scénario :
Geoff Rodkey
Distribution :
Robin Williams, Cheryl Hines, JoJo, Josh Hutscherson,
Jeff Daniels
Durée :
98 minutes
Origine :
États-Unis
Publiée le :
14 Mai 2006