RONIN (1998)
John Frankenheimer
Par Louis-Jérôme Cloutier
Quand on réfléchit à une liste des films d'action
méconnus, Ronin apparait dans les premiers rangs. Probable
que vous ayiez déjà vaguement entendu parler de ce suspense
d’espionnage mettant en vedette Jean Reno et Robert De Niro. Pourtant,
ce film qui compte parmi les derniers de John Frankenheimer mérite
grandement plus que le sort qu’il a connu. C’est un film
qui surpasse les plus récents James Bond pour son côté
espionnage, mais qui réussit également à se distinguer
de la masse des films d’action. Bien qu’il ait utilisé
un nom d’emprunt, le génial David Mamet a participé
à la rédaction du scénario. Pas étonnant
que l’on constate une qualité assez inattendue dans les
dialogues et dans l’histoire en général.
Celle-ci raconte un plan visant à dérober une mallette
dont on ne connaitra jamais le contenu. Une équipe composée
de plusieurs escrocs venant de divers pays s'assemble. Évidemment,
leur plan échouera dû à la trahison de l’un
d’eux. Ce qui rehausse cette histoire classique d’espionnage
par rapport à la masse est la qualité des acteurs en présence,
et je parle surtout de ceux derrière la caméra. John Frankenheimer
a décidé d’offrir pour ce film d’incroyables
poursuites de voitures qui rendraient jaloux les Rob Cohen de ce monde.
Elles sont tournées avec réalisme et les cascades effectuées
sont époustouflantes. Par exemple, on voit clairement les voitures
se promener dans le sens inverse d’une autoroute et le tout est
parfaitement crédible. The Fast and the Furious devient
encore moins réussi puisque son seul intérêt est
mieux effectué dans Ronin. C’est d’ailleurs
cette scène qui représente la meilleure métaphore
de l’ensemble du film. Celui-ci est solide avec un scénario
des plus intéressants ponctué d’excellents dialogues
signés Mamet. Il rehausse le niveau habituel des films d’espionnage.
Il est vraiment intéressant de voir enfin un film du genre où
l’on ne tente pas de tout vous expliquer en boucle, le spectateur
doit faire un effort de repenser à des scènes et évènements
précédents. C’est ce genre de petite réflexion
qui sépare les adultes des enfants. De plus, Ronin ne
s’attarde pas aux éléments futiles de l’intrigue.
Le contenu de la mallette que l’équipe doit voler n’est
jamais dévoilé pour la simple et bonne raison qu’il
n’y a aucune utilité à exploiter ce sujet. C’est
encore une bonne représentation d’un film qui veut faire
les choses autrement.
Encore mieux, les interprètes sont des acteurs ayant fait leurs
preuves. Robert De Niro est un peu prisonnier dans un personnage qu’il
répète souvent depuis quelque temps. Cependant, son talent
lui permet de livrer une performance des plus correctes. Il est appuyé
par un Jean Reno dans la meilleure des formes. Une bonne main d’applaudissements
pour le reste de la distribution qui appuie à merveille les gros
noms. Ronin est donc un film à la réalisation
chevronnée, aux dialogues de qualité et aidé d’une
bonne interprétation des acteurs. Si l’on se penche plus
précisément sur l’histoire elle-même, on constate
quelques invraisemblances, des éléments trop prévisibles,
des chemins trop évidents et une histoire que l’on a généralement
déjà vu. Cependant, il existe plusieurs façons
de raconter la même chanson à un enfant. La beauté
est donc de réussir le tout selon les conventions du genre tout
en y ajoutant quelques touches de nouveauté. C’est exactement
ce que l’on a réussi à faire avec ce film.
Ronin est donc un solide film d’action et d’espionnage
qui contient suffisamment de nouveautés pour nous garder accrochés,
malgré les chemins habituels empruntés par le genre. La
réalisation de Frankenheimer est de béton, spécialement
dans les poursuites de voitures, de vrais bijoux. Les dialogues de David
Mamet ne font que rajouter la cerise sur le gâteau. Une très
belle réussite.
Version française :
Ronin
Scénario :
J.D. Zeik
Distribution :
Robert De Niro, Jean Reno, Sean Bean, Natascha
McElhone
Durée :
121 minutes
Origine :
Angleterre, États-Unis
Publiée le :
2 Novembre 2003