ROBOTS (2005)
Chris Wedge
Par Jean-François Vandeuren
Depuis la fin du règne monarchique des studios Disney sur le
marché des films d’animation, le cinéma du genre
est entré dans une toute nouvelle ère préférant
la souris au bon vieux crayon où trois grands joueurs se livrent
depuis, une chaude lutte pour profiter autant que possible de cette
vague plus que lucrative. Il y a eu tout d’abord Pixar, encore
chez Disney jusqu’à la sortie du film Cars qui
mettra un terme au contrat entre le studio et la multinationale, Dreamworks
qui a battu tous les records avec sa franchise Shrek, et 20th
Century Fox représenté par Chris Wedge, à qui l’on
doit Ice Age et le présent film. Ce dernier nous offre
une fois de plus un film visant plus que quiconque un public en bas
âge, mais avec une touche un peu plus mature si on la compare
avec son esquisse tout de même sympathique de la période
glaciaire.
Partant du traditionnel dicton avançant que quand on veut, on
peut, Robots suit les aventures d’un jeune robot idéaliste
issu d’une petite ville dans un monde complètement assemblé
à partir de boulons et d’assemblages mécaniques.
Ce dernier se rend donc à la grande ville pour devenir un inventeur
et ainsi aider ses parents financièrement. Le film ne fait évidemment
pas obstacle à l’habituel portrait des grands centres urbains
dont la complexité n’a d’égale que sa froideur.
Notre jeune opportuniste sera d’ailleurs rapidement déçu
d’apprendre que la compagnie de son idole d’enfance qui
devait l’accueillir à bras ouverts est récemment
tombée entre les mains d’un industriel malfaisant qui désir
transformer cet univers en un endroit complètement chromé
en remettant à neuf les robots pouvant se le permettre, sans
oublier de se débarrasser des modèles plus désuets
qui ne peuvent se payer une telle mise à jour. Comme le reste
de ses intentions, le film de Chris Wedge fait part ici d’une
belle initiative morale qui ne manque pas de vigueur face au culte de
la jeunesse et de la beauté entretenue par les médias,
et particulièrement la publicité. Robots effectue
en ce sens un départ noble, mais, comme pour Ice Age,
qui finit par souffrir d’un scénario un peu trop conventionnel.
Le plus grand avantage de l’animation demeure, on s’en doute
bien, qu’il n’existe pratiquement aucune barrière
créatrice entre l’esprit humain et la planche à
dessin (ou l’écran d’ordinateur). Chris Wedge et
ses animateurs sont de ce fait parvenus à construire un monde
immersif où tout est mécanique et pourtant si vivant,
quittant le superbe moule visuel à gros traits d’Ice
Age pour un nouveau look à saveur rétro beaucoup
plus détaillé. Un monde que Wedge utilise d’une
manière tout aussi ingénieuse, particulièrement
lors des scènes un peu plus dynamiques comme celle du «transport
en commun» qui prend ici les traits d’une immense machine
à boule. On y retrouve évidemment un ton humoristique
omniprésent, s’inspirant particulièrement bien du
cinéma muet. Ce n’est malheureusement pas le cas pour toutes
les variantes de l’humour de Robots qui peut être
aussi brillant que peu inspiré, voire même excessif ou
tout simplement inapproprié. Le problème est que Robots
tente beaucoup plus de culminer sur ses immenses opportunités
visuelles plutôt que de construire une histoire moindrement originale
ou soutenue.
Le film se termine d’ailleurs sur une note qu’on a un peu
trop l’habitude de voir dans les films du genre. La nouvelle création
de Chris Wedge n’est finalement pas le film d’animation
le plus original et rafraichissant des dernières années,
mais il raconte tout de même une histoire d’une manière
honnête et souvent intelligente malgré certains évènements
peut-être un peu trop précipités ou parfois même
inutilement tapageurs. Le choix des interprètes vocaux est également
impressionnant. C’est le toujours très coloré Robin
Williams qui vole sans grande surprise la vedette aux côtés
des Ewan McGregor et Mel Brooks qui s’en sortent également
avec mentions. Une nouvelle démonstration fort impressionnante
de ce que peuvent accomplir les nouvelles technologies d’animations,
illustrant un récit qui ne prent cependant pas assez de risques
pour que l’on puisse parler d’un incontournable.
Version française :
Robots
Scénario :
Lowell Ganz, Babaloo Mandel
Distribution :
Ewan McGregor, Robin Williams, Halle Berry, Mel
Brooks
Durée :
91 minutes
Origine :
États-Unis
Publiée le :
4 Avril 2005