RESIDENT EVIL : APOCALYPSE (2004)
Alexander Witt
Par Jean-François Vandeuren
Malgré une qualité d’écriture aussi pauvre
que n’importe quelle adaptation cinématographique basée
sur un jeu vidéo, le premier film tiré de la série
à succès Resident Evil par Paul W. S. Anderson
réussit tout de même à capter l’intérêt
des visiteurs de complexes de divertissement pendant un moment, quelque
part entre la chaudière de pop-corn et le petit tour aux arcades.
La déception majeure par contre pour plusieurs fans de longue
date fut de ne pas y retrouver les atmosphères lugubres et salies
du jeu, Anderson préférant des environnements beaucoup
trop technologiques et propres comparativement aux décors décrépies
qu’aurait pu nous offrir la version jamais entamée de George
A. Romero. La machine d’Anderson n’était en aucun
cas une réussite. Si on se souvient seulement de la surprenante
trame sonore signée Marilyn Manson et d’une réalisation
qui réserva, il faut bien l’admettre, quelques moments
relativement acceptables, ce sont déjà deux éléments
de plus que ce dont on désire se souvenir de cette suite catastrophe
complètement bâclée. Faisant de l’écart
entre le jeu vidéo et le premier volet un exemple de retenue
admirable, Resident Evil: Apocalypse ne finit que par s’attarder
à faire ressortir une avalanche de détails de la série
vedette de Capcom sans se soucier du ridicule que cela implique au grand
écran.
Basant ce fouillis sur une esquisse rassemblant le scénario des
épisodes 2 et 3 de la série, nous nous retrouvons à
nouveau à Raccoon City où le fameux T-Virus commence à
faire des ravages dans les rues de la ville, laquelle est tout de suite
mise en quarantaine et isolée par un mur géant que les
habitants ne semblaient pas avoir remarqué avant cet évènement.
Jill Valentine, quelques mercenaires de la vilaine multinationale Umbrella
et la jeune fille d’un des chercheurs de la compagnie recevront
l’aide d’Alice (Milla Jovovich) pour échapper à
la destruction imminente des lieux. Malgré cette couche très
mince de contenue, Resident Evil: Apocalypse réussit
allègrement bien à ne pas toujours faire du sens, se contentant
d’envoyer ses protagonistes là où se trouvent comme
par hasard morts-vivants et autres créatures peu inspirantes
sur lesquels ils peuvent tirer à outrance et même pratiquer
leur kung-fu. Ce qui étonne également c’est toute
la place qu’accorde Anderson au personnage de Jovovich, croyant
visiblement avoir créer la quintessence de la complexité
psychologique au cinéma. Il s’agit pourtant d’une
héroïne traitée de manière totalement insignifiante
et interprétée par une Milla Jovovich qui se débrouille
comme elle peut, mais celle qui pourtant fit ses preuves à plus
d’une reprise dans le passé ne peut rien sous la pauvre
direction d’acteurs d’Alexander Witt.
Ce que nous offre ce dernier n’a d’ailleurs rien d’un
film en soi. Il s’agit plutôt d’une retranscription
des moments clés de ce qui pouvait être vu ou joué
dans le passé sur une bonne vieille Playstation afin que les
fans puissent aisément reconnaitre chacune des références
aussi mal introduites soient-elles. Le visuel tape-à-l’œil
au possible de Witt ne sauve en rien ce spectacle vide de sens parsemé
de scènes d’action qui nous laissent de glace et d’atmosphères
horrifiantes qui ne lèvent jamais suffisamment pour devenir moindrement
prenante. Le pire dans tout ça est que la réalisation
de Witt s’avère extrêmement prétentieuse,
proposant un montage rapide auquel ce dernier tente sans cesse d’injecter
énormément de style par le biais d’un esthétisme
ridiculement léché qui finit par perdre le moindre mérite
de ses plus beaux élans. S’ajoute à tout ce tapage
une trame sonore foncièrement démodée qui n’a
rien de la subtilité plus à propos de celle de Manson.
L’erreur fatale dans le cas de Resident Evil: Apocalypse
fut de croire que de reprendre les costumes, moments forts du récit
et créatures du jeu pourrait recréer avec précision
le caractère immersif que peut apporter la prise en main d’une
manette de console vidéo. Ce genre de jeux peut également
se permettre un scénario moins étoffé, on pourra
à tout le moins y retrouver un intérêt dans ses
ambiances macabres et la prédominance de l’action. En faire
autant au cinéma, c’est une toute autre histoire et quelqu’un
devra forcément dire un de ces jours à tous les Alexander
Witt, Paul W. S. Anderson et Uwe Boll de ce monde que les jeux vidéos
et le cinéma sont deux médiums totalement divergents qui
ne peuvent être mélangés et qu’ainsi leur
travail n’a tout simplement aucune valeur. Un autre exemple navrant
qui permet à une initiative déjà peu reluisante
de se rapprocher un peu plus du fond du baril, finalement atteint par
Boll quelques mois plus tard grâce à Alone in the Dark.
Version française : Resident Evil : L'Apocalypse
Scénario : Paul W. S. Anderson
Distribution : Milla Jovovich, Sienna Guillory, Oded Fehr, Thomas
Kretschmann
Durée : 94 minutes
Origine : Allemagne, France, Royaume-Uni, Canada
Publiée le : 29 Juillet 2005
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