RESERVOIR DOGS (1992)
Quentin Tarantino
Par Louis-Jérôme Cloutier
Quand Quentin Tarantino s’est présenté avec son
film au festival de Sundance en 1991, il était un parfait inconnu.
Rapidement, le film a été applaudi par la critique, ce
qui valut à Tarantino le respect en attendant le triomphe. Il
faut dire que Reservoir Dogs est un film qui se distingue énormément
par son style, son scénario et la façon dont il est construit.
Créant à la perfection une tragédie baignant dans
la violence, Tarantino s’est imposé comme un réalisateur
intelligent, voulant apporter quelque chose au monde hollywoodien. Même
si beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis, ce film
reste l’un des meilleurs des années 1990.
L’action débute dans un restaurant où nous suivons
une conversation entre plusieurs hommes. Elle tourne autour de la chanson
Like A Virgin de Madonna et sur la nécessité
de donner un pourboire aux serveuses. Les dialogues sont crus et les
répliques brillantes. On comprend au fil des minutes que ces
hommes se préparent à un coup. Évidemment, les
choses tournent mal et chacun tente de trouver la personne qui les aurait
vendus. Cela se fera par de nombreuses discussions entre les personnages
principaux. Ils sont incarnés, entre autres, par Steve Buscemi
Harvey Keitel, Tim Roth et Micheal Madsen dans un rôle mémorable.
Leur excellente prestation ne fait que rehausser la qualité générale
déjà très grande du film. Tarantino quant à
lui dirige avec un grand savoir ses acteurs tout en faisant preuve de
beaucoup d’imagination dans le choix des plans et la façon
dont les scènes se déroulent. Reservoir Dogs
donne une certaine impression de pièce de théâtre
par sa simplicité au niveau du nombre de décors. La plupart
du film se déroule au même endroit et peu de scènes
se passent à l’extérieur. Ainsi, les personnages
arrivent et repartent de la scène principale. Afin de donner
un plus grand dynamisme à la structure, Tarantino utilise continuellement
les retours en arrière pour nous faire mieux comprendre comment
tout a commencé.
Si on ne le savait pas à l’époque, on sait aujourd’hui
que ce réalisateur donne une touche très particulière
à ses films au niveau de la musique et des personnages. Des classiques
de différentes époques, pour la plupart des pièces
favorites de Tarantino, viennent appuyer le film à merveille.
Que l’on pense à une scène où le personnage
de M. Blonde tabasse un policier tout en dansant sur l’air de
la musique, on se rend compte qu’elle occupe une place importante.
Concernant les personnages, ils sont parfois très caricaturaux
et donnent une impression du parfait bad guy si l’on
repense encore à M. Blonde. Cependant, la façon dont Micheal
Madsen l’incarne et les différentes répliques dont
il use en font quelqu’un de mémorable. D’autres sont
très développées en étant multidimensionnels
comme M.White et M.Orange. Les deux développent une relation
père/fils des plus convaincantes vennant conclure à merveille
cette tragédie moderne. Celle-ci baigne dans une violence urbaine
et sanguinaire des plus jouissive. Certains parleront de violence gratuite,
mais on ne peut pas dire que le sang soit utilisé pour remplacer
l’histoire. Elle est surtout un appui essentiel à ce que
Tarantino veut raconter. Reservoir Dogs se termine comme il
a commencé, par une séquence qui restera marquée
à jamais dans l’anthologie du cinéma américain.
En somme, cette production s’établit encore comme un élément
clé du cinéma moderne de par son style et son originalité
à tous les niveaux. Tarantino est venu créer lui-même
un genre que l’on n’avait jamais vu. Le tout baigne dans
un mélange efficace d’humour, de violence et de répliques
juteuses. Un film qui représente ce que tout cinéphile
qui se respecte peut trouver de mieux pour satisfaire sa soif. Il restera
dans les mémoires pour les années à venir de par
son influence sur Hollywood et sur le cinéma en général.
Version française : -
Scénario :
Quentin Tarantino, Roger Avary
Distribution :
Harvey Keitel, Tim Roth, Michael Madsen, Steve
Buscemi
Durée :
99 minutes
Origine :
États-Unis
Publiée le :
11 Octobre 2003