A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z #
Liste complète



10 - Chef-d'oeuvre
09 - Remarquable
08 - Excellent
07 - Très bien
06 - Bon
05 - Moyen
04 - Faible
03 - Minable
02 - Intolérable
01 - Délicieusement mauvais



Cotes
Décennies
Réalisateurs
Le Cinéma québécois
La Collection Criterion



2005
2006
2007
2008
2009

RAMBO (2008)
Sylvester Stallone

Par Nicolas Krief

À son âge, Sylvester Stallone n’a plus rien à perdre. Sa carrière, qui s’étend sur plus de 35 ans, est passée des plus hauts sommets hollywoodiens aux fossés les plus creux du cinéma « straight to video ». Il y a un an, l’Étalon italien revenait en force avec le sixième volet de la grande saga du boxeur le plus populaire de l’histoire du cinéma. Rocky Balboa était un film simple, honnête et très efficace, à l’image du premier de la série. Cette année, c’est son autre personnage fétiche qui revient sur les écrans, John Rambo, ex-militaire devenu dingue après un séjour au Viêt-Nam.

Après avoir affronté les autorités américaines dans First Blood, ré-affronté les Vietnamiens dans First Blood, Part II et combattu les Russes dans Rambo III, c’est cette fois sur son nouveau territoire, l'Asie, qu’il massacre ses ennemis. Rambo, gonflé au botox, vit paisiblement en Thaïlande où il chasse le cobra […] et pratique le très viril métier de forgeron. Après avoir accompagné sur sa péniche (ou son kayak) un groupe de missionnaires venus faire un peu de tourisme humanitaire dans un village birman, il se joint à un groupe de mercenaires pour aller secourir lesdits missionnaires, qui ont entretemps été pris en otage par l’armée birmane.

Dans le dernier Rocky, qu’on peut presque considérer comme un film autobiographique, Stallone combattait ses démons intérieurs dans un ring et faisait un Clint Eastwood de lui-même en nous montrant que même s’il est vieux, il est encore tout à fait capable de quelques exploits. Dans son nouveau Rambo, il fait exactement la même chose, remplaçant le charme ravageur de Rocky par la brutalité meurtrière de John. Sly fait preuve d’un savoir faire étonnant avec sa mise en scène; malgré les séquences d’une violence inouïe, qui frôlent parfois le désagréable, l’efficacité de sa réalisation arrive à nous faire oublier la piètre qualité des deux Rambo précédents. La direction photo, le bruitage, le montage et le sens de «l’action» du réalisateur font de Rambo 4 un film brutal qui n’a rien à envier à un Saving Private Ryan, autant sur le plan formel qu’idéologique. Combattre le feu par le feu, c’est la pensée habituelle de Rambo; mais dans celui-ci, c’est tellement gros et gras qu’on a du mal à prendre le tout au sérieux. Il ne reste qu’à apprécier le spectacle.

On pourrait facilement accuser Sly de jouer avec la nostalgie du bon public nord-américain pour s’en mettre plein les poches, ce qui n’est pas tout à fait faux. Alors que les studios doivent négocier avec Bruce pour un nouveau Die Hard ou Arnold pour un nouveau Terminator, Stallone a entrepris cette démarche seul. Ne profitant que d’un appui partiel de certains producteurs, il a tout de même réussi à réunir l’argent nécessaire pour réaliser un projet qui lui tenait à cœur. Réaliser, scénariser, produire et jouer; on ne pourrait pas en demander autant à ce vieux Arnold. Stallone le fait avec plus de fougue et de dynamisme que n’importe quel autre homme de plus de 60 ans. Derrière tous les coups de feu et le sang qui gicle, on sent chez ce vieux bonhomme une certaine conscience humanitaire et un peu de compassion pour les peuples opprimés.

Le héros national reprend du service avec force et conviction, non pas sans quelques modifications corporelles, mais rempli d’un désir de perfection peu commun chez les has-beens. Avec en tout à peu près huit lignes de dialogues et 78 grognements, on ne peut pas dire qu’il y a du Laurence Olivier dans notre Sly, mais on lui accorde volontiers la palme du héros barbare et meurtrier le plus sympathique. S’il devait choisir un moment pour se retirer du show-business, aujourd’hui serait le bon temps, car il est toujours préférable qu'un comeback ne s'étire pas trop longtemps. Si, par contre, il y en a qui sont toujours intéressés, sachez que son prochain projet est un film sur (attention tenez-vous bien) Edgar Allan Poe, lequel devrait paraître vers la fin de la décennie.




Version française : Rambo
Scénario : Art Monterastelli, Sylvester Stallone
Distribution : Sylvester Stallone, Julie Benz, Matthew Marsden, Graham McTavish
Durée : 91 minutes
Origine : États-Unis

Publiée le : 13 Février 2008