THE QUIET AMERICAN (2002)
Phillip Noyce
Par Louis-Jérôme Cloutier
Après avoir connu une suite d’échecs retentissants
(Sliver, The Saint, The Bone Collector), le réalisateur
Phillip Noyce semble être revenu dans la voie de la réussite.
Il nous a offert en 2002 deux productions de qualité soit Rabbit-Proof
Fence et le film ici critiqué. Nominé aux oscars,
The Quiet American est revenu bredouille, mais a quand même
su faire parler de lui tout en faisant gagner du respect à Noyce.
Adaptée d’un best-seller de Graham Greene, cette production
a pour cadre le Vietnam des années 50, en pleine guerre d’Indochine.
Au cœur de ce conflit se déroule un drame romantique alors
que le journaliste britannique Thomas Fowler constate qu’un Américain
qu’il vient de rencontrer, Alden Pyle, est amoureux de sa maitresse
vietnamienne Phuong. Dès les premières images, Pyle (Brendan
Fraser) est découvert assassiné sur un quai. L’histoire
revient donc en arrière pour nous faire découvrir ce qui
a mené à ce meurtre. Si le film se présente avant
tout comme un triangle amoureux houleux, il vient s’y rattacher
un suspense, mais aussi un film historique. Fowler, sous peine de devoir
retourner en Angleterre, doit faire des reportages sur les affrontements
armés dans le Nord du Vietnam. Son enquête l’amène
à découvrir des choses louches dans les agissements du
Général Thé qui s’est séparé
de l’armée française. Le suspense vient aussi, évidemment,
dans le questionnement à savoir ce qui causera la mort de Pyle.
N’allez donc pas croire que The Quiet American n’est
qu’un drame passionnel, c’est un film mélangeant
les genres avec une assez bonne efficacité je dois dire.
Phillip Noyce signe ici une réalisation nettement supérieure
à ses productions antérieures. Il est appuyé par
une belle photographie qui nous fait découvrir les magnifiques
paysages du Vietnam. Aussi, le scénario de Christopher Hampton
est bien construit avec de bons dialogues et une intrigue jamais inepte
qui nous permet de vouloir en savoir toujours plus. Par contre, l’histoire
est bien plus réussie dans les éléments historiques
et de suspense que dans la romance. Le film n’arrive pas vraiment
à bien démontrer la tragédie des évènements
et l’histoire d’amour prend parfois des tournants un peu
trop invraisemblables. Par exemple, bien que Fowler sache très
bien que Pyle est amoureux de sa maitresse, il le laisse venir chez
lui et déclarer son amour à sa douce moitié. Aussi,
il n’est pas très jaloux et ne semble pas se préoccuper
du fait que Phuong voit souvent Pyle. J’ajouterai que les moments
plus dramatiques et romancés ne m’ont pas vraiment touché
bien que je ne sois pas insensible à ce genre de cinéma.
Je pense cependant que le problème se situait plutôt dans
l’interprétation des acteurs.
En effet, Do Thi Hai Yen, qui incarnant la maitresse de Fowler, joue
très mal son personnage. Elle ne cesse d'être frigide,
dit ses répliques comme si elle était une enfant de cinq
ans et ne transmet aucune émotion. Son visage est toujours froid
tout comme ses gestes et la façon dont elle parle. Afin d’offrir
une histoire d’amour touchante, il faut des acteurs et actrices
pouvant donner vie à leur personnage afin de nous éloigner
du fait que l’on est devant un film. Ici, Do Thi Hai Yen m’empêchait
totalement d’avoir la moindre émotion par rapport à
son personnage. Je me demande bien comment elle a réussi à
obtenir ce rôle. Par chance, Micheal Caine dans le rôle
de Fowler est absolument magnifique. Sa nomination pour l’Oscar
du meilleur acteur fut sans aucun doute parfaitement justifiée.
Il joue avec une belle fragilité, mais aussi avec conviction.
Brendan Fraser, dans le rôle de Pyle, m’a également
impressionné par la façon dont il incarnait sans exagération
ce personnage qui peut être tout de même délicat
à interpréter.
Bref, la confrontation, mais aussi l’amitié entre ces deux
comédiens au sommet de leur forme, font de The Quiet American
un film solide. J’ai beaucoup aimé l’aspect historique
du film qui n’est pas qu’une toile de fond, mais qui sert
surtout à faire progresser le fil du récit. Ce film m’a
permis d’en savoir davantage sur la naissance de la guerre du
Vietnam. Il y a même une morale à en tirer. C’est
un film tout en nuance qui donne une leçon d’humanité
tout en nous servant un bon suspense. L’histoire d’amour
n’est malheureusement pas des plus réussies. Je vous recommande
de voir ce film, si ce n’est que pour la prestation de Micheal
Caine ou pour les paysages du Vietnam.
Version française :
Un Américain bien tranquille
Scénario :
Christopher Hampton, Graham Greene (roman)
Distribution :
Michael Caine, Brendan Fraser, Do Thi Hai Yen,
Rade Serbedzija
Durée :
101 minutes
Origine :
États-Unis
Publiée le :
2 Août 2003