QUÉBEC-MONTRÉAL (2002)
Ricardo Trogi
Par Louis-Jérôme Cloutier
Ahhhh l’amour! Pour certain, c’est ce qu’il y a de
plus beau. Pour d'autres, c’est un cauchemar. Tout le monde a
son opinion sur l’amour et ça ne laisse personne indifférent.
Québec-Montréal traite de ce sujet et de la sexualité
des gens à notre époque au Québec. C’est
une réflexion teintée d’humour, mais qui possède
un fond de réalisme et de vérité . Le film raconte,
en fait, l’histoire de diverses personnes qui doivent faire le
voyage entre Québec et Montréal sur une des autoroutes
les plus plates : la 20.
La réalisation de Québec-Montréal est
archi simple: plans presque toujours unique dans les autos, budget modeste.
La beauté du film réside dans ses dialogues. Tous les
acteurs jouent très bien leur rôle respectif, même
s’il y a un certain manque d’émotion parfois. Je
ne m’attarderai donc pas sur l’ensemble de l’oeuvre,
mais plutôt en décrivant chaque mini-histoire à
l’intérieur du film.
Je parlerai du film en critiquant séparément chaque mise
en situation. Chacune d’entre-elles aborde, en fait, certains
thèmes bien précis. Tout d’abord, il y a le jeune
programmeur de jeux vidéos qui se rend en voiture à une
présentation avec une collaboratrice. Il en est amoureux et n’arrive
pas à le lui dire. Elle, est une très belle femme, mais
qui a toutes les qualités de l’agace . Elle se colle sur
lui, lui donne de faux espoirs et avoue même ne pas se préoccuper
de ce que les gens pourraient interpréter de ses actions. On
connait tous ce genre de fille. Vous savez, celle qui est belle, qui
le fait savoir et qui donne de faux espoirs à tous les gars.
Le personnage dans le film affirme: «Ce n’est pas ma faute
si les hommes pensent qu’ils peuvent coucher avec moi parce que
je suis gentille avec eux.» Celui qui en est amoureux la voit
débiter ses théories sur l’amour. Selon elle, la
séduction est un jeu. Tout cela prouve son caractère agace
: tous les gars s’essayent au jeu, mais seulement quelques uns
réussissent. L’homme finira par craquer, mais la belle
bitch démontrera bien ce qu’elle est. Cette petite
histoire me rappelle des faits et des personnes. Ce n’est pas
le genre de chose que l’on ne voit que dans un film, ce sont des
réalités de la vie. Certaines filles prennent plaisir
à être gentilles avec les gens, faibles de ce côté,
pour ensuite leurs briser le coeur. Une bonne réflexion sur la
question et sur le «jeu» de la séduction.
L’autre histoire, qui prend beaucoup de place, est celle des trois
amis qui partent vers le Sud en prenant l’avion à Montréal.
Les trois gars représentent trois personnalités: le macho
réaliste, l’homme rose et le naïf. Ce sont des amis
d’enfance, celui au volant sort avec une fille qui semble correcte,
mais le problème est que les deux autres ont fait un «trip
à trois» avec elle. C’est d’ailleurs le thème
de l’histoire, que représente un «trip à trois»?
Peut-il y avoir de l’amour d’impliqué? Je ne peux
malheureusement pas évoquer de situation personnelle (snif),
mais la réflexion est également intéressante. Les
trois gars ne parlent pas uniquement de ça, mais aussi de ce
qui arrive dans les relations hommes/femmes. C’est surtout drôle,
mais ça amène aussi à réfléchir.
La troisième histoire commence avec un jeune couple qui déménage
à Montréal. Leur vie semble extrêmement plate, ils
ne se disent que des choses insipides. La vérité est que
le gars ne veut pas aller s’établir à Montréal,
mais n’a jamais réussi à le dire à sa blonde.
Je crois que cette partie évoque la difficulté de conjuguer
besoins personnels et la nécessité d’être
en couple. Il est difficile parfois de ne pas pouvoir faire tout ce
que l’on voudrait et suivre le chemin de notre choix dans une
relation. L’histoire prend ensuite deux chemins et l’on
suit principalement le gars qui part pour Montréal avec un avocat
qui l’a recueilli sur le bord du chemin. Celui-ci accumule les
maîtresses, bien qu’il adore sa femme. Le thème abordé?
Est-ce qu’une seule femme peut vraiment nous combler? Est-ce possible
de tromper et d’aimer?
Bref, Québec-Montréal traite de divers sujets
que chacun peut vivre dans sa vie, mais ce qui est commun à chaque
situation, c’est l’impossibilité de pouvoir vivre
le bonheur complet dans une relation. Le film n’a pas vraiment
de début ni de fin. C'est surtout une exposition des relations
hommes/femmes au 21e siècle. Une relation jamais facile et où
les points de vue divergent. C’est un très bon film, tourné
avec peu de moyens, mais avec beaucoup d’imagination et d’idées.
Une belle réussite, mais tout de même un peu trop exagéré
par la critique pour sa valeur.
Version française : -
Scénario : Jean-Phillipe Pearson, Patrice Robitaille, Ricardo
Trogi
Distribution : Patrice Robitaille, Isabelle Blais, Stéphane
Breton, Benoît Gouin
Durée : 104 minutes
Origine : Québec
Publiée le : 1er Juillet 2003
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