PULP FICTION (1994)
Quentin Tarantino
Par Louis-Jérôme Cloutier
Après Reservoir Dogs, Tarantino allait en surprendre
beaucoup avec un second film que plusieurs considèrent comme
étant son meilleur. Pulp Fiction a même été
jusqu'à remporter la Palme d’or du meilleur film à
Cannes tout en rapportant plus de 100 millions au boxoffice. Selon moi,
il mérite amplement tous ces honneurs. Ce film reste dans mes
préférés des années 1990 de par la qualité
de la réalisation de Tarantino ou par l’excellente distribution
du film. Le scénario de Tarantino et de Avary est rempli de discussions
mémorables qui à elles seules, établissent ce film
comme un classique d’Hollywood.
En effet, tout comme pour Reservoirs Dogs, Pulp Fiction
se distingue par des dialogues de très haut calibre. En fait,
la plupart sont très superficiels et tournent autour de discussions
à propos de choses banales, mais c’est précisément
cette franchise qui donne un humour bien dosé aux échanges
entre les protagonistes. Le moindre dialogue devient extrêmement
accrocheur et les magnifiques répliques restent imprégnées
dans la tête. Sans compter que le film est entièrement
composé d’acteurs de premier plan dont Samuel L. Jackson,
John Travolta, Bruce Willis et Uma Thurman pour ne nommer que ceux-là.
D’ailleurs, Pulp Fiction a permis à Travolta de
se sortir du cercle de navets dans lequel il s’était embarqué.
Il y est revenu de nos jours, il ne serait donc pas étonnant
qu’il manifeste un désir de retravailler avec Tarantino.
Tous les autres acteurs présents dans le film jouent mémorablement
leur personnage. Nous n’avons qu’à penser à
celui de Jules qui récite la bible avant de tuer quelqu’un.
D’ailleurs, l’un des points forts de cette production réside
dans les interactions entre les personnes, un peu comme pour Reservoirs
Dogs, et la façon dont ils ont été construits.
Chacun possède ses caractéristiques et son attitude. On
pourrait les qualifier d’unidimensionnels sans se tromper. Mais
c’est précisément tout ce côté gangster
infaillible qui donne un ton humoristique absolument jouissif.
L’histoire elle-même est excellente à travers les
idées que l’on a pu trouver, dont les personnages de Butch
et de Marcellus qui se retrouvent, c’est le cas de la dire, dans
une mauvaise position. Donc, contrairement à Reservoirs Dogs,
on ne suit pas une histoire unique qui retourne parfois en arrière,
mais plusieurs petites histoires ayant toutes un lien les unes envers
les autres. À ce niveau, la structure du film revient parfois
en arrière ou va vers l’avant dans la progression du temps.
Le tout est parfaitement bien utilisé évidemment. C’est
encore une autre démonstration d’un film dont la seconde
écoute peut se révéler encore plus intéressante.
Une fois de plus, la violence urbaine est omniprésente tout comme
l’humour noir et grinçant caractéristique de Tarantino.
Cependant, j’aurais tendance à trouver certains moments
inutilement longs comme la conversation entre Butch et la chauffeuse
de taxi qui contient en fait une seule bonne ligne de texte. Évidemment,
cela ne représente qu’un petit point faible dans un produit
quasi parfait à tous points de vue. Tarantino a acquis une plus
grande maturité dans son travail et cela se voit à l’écran.
Tout y est supérieur à Reservoir Dogs, bien que
certains pourraient regretter que Pulp Fiction ne prend jamais
la tournure dramatique de ce dernier. C’est plutôt une énorme
caricature violente.
Sans aucun doute, Pulp Fiction continuera à faire parler
de lui au cours des années. Ce film représente le summum
de la carrière de Tarantino. La réalisation est exemplaire,
les dialogues sont jouissifs tout comme la distribution. Reste à
savoir si Kill Bill arrivera à surpasser ce film en
popularité et en qualité.
Version française :
Fiction pulpeuse
Scénario :
Quentin Tarantino, Roger Avary
Distribution :
John Travolta, Samuel L. Jackson, Uma Thurman,
Bruce Willis
Durée :
154 minutes
Origine :
États-Unis
Publiée le :
11 Octobre 2003