PREMIER JUILLET : LE FILM (2004)
Philippe Gagnon
Par Alexandre Fontaine Rousseau
Triste exemple d'un projet ne sachant aucunement quel ton adopter ou
quelle direction prendre, la première production de l'Inis Premier
juillet: Le Film est une comédie franchement ratée
qui semble plus ou moins vouloir suivre les traces de Québec-Montréal,
sans toutefois arriver à en recréer le charme. On y utilise
tout comme dans le film de Ricardo Trogi une espèce de tradition
québécoise bien ancrée dans l'esprit du public,
ici la vague de déménagements du premier juillet, comme
tremplin pour mettre en scène diverses histoires prétendument
drôles ou dramatiques. Mais à la différence de l'amusante
comédie de Trogi qui explorait par l'entremise de ses anecdotes
le thème des rapports amoureux modernes, Premier juillet
ne semble pas s'intéresser à exposer quoi que ce soit
d'autre que quelques aventures anodines, de surcroit mal racontées,
qui plongent irrémédiablement le spectateur dans les affres
de l'ennui.
C'est à s'en demander comment le film a pu être financé
tant le projet ne tient aucunement debout. À un drame familial
insipide et terriblement cliché, le scénario agrafe une
histoire d'adolescents évincés sans avertissement qui
s'avère indigne d'un épisode de Watatatow. Le
moins mauvais des segments du film aligne les réflexions convenues
sur la nature de l'amour et la force du couple dans un décor
de boites de carton et de meubles en mouvement. Relatant les hauts et
les bas d'un couple qui s'apprête à eménager ensemble,
c'est le seul tiers du film qui se mérite de façon très
intermittente le titre peu impressionnant de vaguement divertissant.
Dans l'ensemble, toutefois, le film de Gagnon n'arrive jamais à
piquer l'intérêt du spectateur, diluant sa charge en alternant
entre des histoires indignes de notre attention et s'étirant
inutilement sur des situations sans grand potentiel humoristique. En
résumé, Premier juillet n'est absolument pas
drôle et manque de rythme. C'est à peine si l'on peut en
soutirer quelques échanges vaguement amusants ou quelques situations
faiblement cocasses. Mais les dialogues tout comme la direction d'acteurs
sont carrément défaillants, et c'est la crédibilité
des personnages qui en prend pour son rhume. On nous ressert des lieux
communs et des réflexions mille fois faites sur une foule de
sujets épuisés sans faire preuve d'un quelconque esprit
de synthèse. Outre leur association au fameux concept de déménagement
qui sert de raison d'être au film, on arrive difficilement à
comprendre pourquoi quelqu'un a voulu unir au sein d'une seule et même
entité ces tranches de vie sans intérêt.
Il n'y a pas que le film de Gagnon qui est à remettre en question,
mais cette tendance de plus en plus répandue à faire de
prétendus longs-métrages en raboutant autour d'une esquisse
de point commun des histoires qui ne gagnent aucunement à être
livrées dans le même emballage. Difficile de sauver du
naufrage quoi que ce soit de valable. Sautant sans raison entre le mauvais
drame et la piètre comédie, Premier juillet se
présente comme un divertissement manqué dont l'existence
même est intrigante et frustrante. Qui plus est, la musique s'avère
carrément méprisable. Mais de toute façon, vous
n'y serez pas exposé si vous suivez ce conseil simple et précis
qui est d'éviter Premier juillet: Le film.
Version française : -
Scénario :
Mylène Lauzon, Jean-François Lepage
Distribution :
Christian Brisson-Dargis, Bénédicte
Décary, Matthew Dupuis
Durée :
90 minutes
Origine :
Québec
Publiée le :
8 Mars 2005