PIRATES OF THE CARIBBEAN : DEAD MAN'S CHEST
(2006)
Gore Verbinski
Par Frédéric Rochefort-Allie
Le vent dans les voiles, le Capitaine Jerry Bruckheimer a vite senti
le gros butin que recelait la série des Pirates of the Caribbean...
et avec raison! Étonnement, le film a battu le record du plus
gros week-end de l'histoire du cinéma, délogeant ainsi
la sacro-sainte trilogie des Star Wars! Bruckheimer se lance
donc de nouveau à l'abordage de nos salles de cinéma en
nous offrant non pas qu'un seul « Pirates... », mais bien
deux réalisés simultanément. Il faut battre le
fer quand il est chaud, tel est le dicton.
Il va sans dire qu'avant même les pirates, les duels d'épées
incessants et les singes zombies, le principal intérêt
de toute cette trilogie repose sur les épaules de ce cher Johnny
Depp. Pour la première fois dans sa filmographie, cet acteur
qui se veut un peu une antistar, a accepté de reprendre son mythique
Jack Sparrow, à moitié calqué sur Keith Richards
et son interprétation d'Hunter S. Thompson dans Fear and
Loathing in Las Vegas. Par le fait même, il confirme par
sa popularité qu'il est l'une des rares légendes du cinéma
actuel, mais au grand désarroi de plusieurs fans, Depp ne nous
surprend plus ! Jack Sparrow est peut-être encore plus maîtrisé
et approfondit dans ce second volet, mais malheureusement, on y retrouve
le même personnage, les mêmes mimiques. Cette légère
déception est heureusement compensée par la force du personnage,
qui fait carburer le reste de cette production.
Il semblerait que l'échec monumental de Legend of Zorro
ait réveillé les quelques chimpanzés attachés
aux dactylos de l'infâme duo de scénaristes Ted & Terry
pour produire un scénario plus divertissant que le précédent,
mais d'autant plus incohérent. Ce manque de cohésion que
l'on retrouve dans cet univers de capes et d'épées n'est
pas dû à la nature fantastique du récit, mais bien
de l'inexplicable parcours de certains personnages et de l'inutilité
crasse de d'autres. Quand on y ajoute une durée de pas moins
de deux heures, il est évident que certains passages auraient
pu nous être épargnés. Heureusement, contrairement
à Legend of Zorro, ici leur style série-b tiré
par les cheveux colle à l'univers qu'ils ont créé
et les scénaristes en sont même arrivés à
récupérer de vielles légendes d'époque pour
servir l'aspect fantastique.
Gore Verbinski, quant à lui, semble s'être profondément
ennuyé aux passages dramatiques, ne leur laissant qu'une place
assez minime dans son oeuvre. Il n'a pris son pied que dans les scènes
d'actions aux cascades spectaculaires, lesquelles dominent carrément
l'ensemble du film. Tout est plus spectaculaire cette fois, des duels
d'épées plus dynamiques aux effets spéciaux hallucinants
(voir le très tentaculeux Davy Jones), mais après deux
heures de pirateries, même les fans les plus avides risquent de
s'y emmerder.
Tout au mieux, ce film nous aura permis de découvrir les talents
de la jeune Naomie Harris en sorcière, qui nous surprend encore
plus que Depp, mais qui n'apparaît que dans quelques petites scènes.
À en juger par son grand talent, ce petit rôle devrait
normalement lui être un véritable tremplin et devenir beaucoup
plus important dans le dernier volet de la saga.
Dead Man's Chest se résumerait donc en l'équivalent
d'un récit de saoulons : à la fois bruyant et extravagant,
l'histoire est divertissante, mais trop complexe pour qu'on puisse véritablement
suivre le navire. En fait donc, même si la réalisation
de Jerry Bruckheimer comprend mieux son public cible, cette suite amplifie
toutes les qualités et les défauts du premier film du
même nom. Reste à voir si At World's End saura
prendre la relève de façon aussi divertissante, car à
présent Pirates of the Caribbean est devenu l'une des
plus importantes séries de films d'aventure depuis la fin des
Indiana Jones et l'un des rares films des dernières
années qui correspond vraiment à la définition
d'un vrai et idéal blockbuster Hollywoodien.
Version française :
Pirates des Caraïbes : Le Coffre
du mort
Scénario :
Ted Elliott, Terry Rossio
Distribution :
Johnny Depp, Orlando Bloom, Keira Knightley, Bill
Nighy
Durée :
150 minutes
Origine :
États-Unis
Publiée le :
16 Juillet 2006