A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z #
Liste complète



10 - Chef-d'oeuvre
09 - Remarquable
08 - Excellent
07 - Très bien
06 - Bon
05 - Moyen
04 - Faible
03 - Minable
02 - Intolérable
01 - Délicieusement mauvais



Cotes
Décennies
Réalisateurs
Le Cinéma québécois
La Collection Criterion



2005
2006
2007
2008
2009

THE PASSION OF THE CHRIST (2004)
Mel Gibson

Par Louis-Jérôme Cloutier

The Passion of the Christ est l’un des films ayant engendré le plus de controverse parmi les communautés religieuses depuis Dogma. Mel Gibson, un fervent croyant catholique, a effectivement soulevé plus d’une fois le tollé suite à la production de son film. Les groupes juifs sont ceux ayant le plus manifesté leur désaccord. Selon eux, The Passion of the Christ allait pointer le peuple d’Abraham comme responsable du déicide. Cependant, en tournant son film entièrement en latin et en araméen, deux langues aujourd’hui éteintes, Mel Gibson a surtout démontré qu’il cherchait à récréer d’une façon très méthodique les dernières heures de la vie du Christ. Il a été difficile pour lui de trouver un distributeur, mais c’est finalement la compagnie New Market (Memento) qui a accepté de commercialiser The Passion of the Christ. Cette décision risque fort d’être lucrative puisque la controverse entourant le film pourrait bien lui valoir davantage de succès qu’initialement prévu par les producteurs. Il est maintenant à l’affiche dans tous les cinémas nord-américains depuis le mercredi des Cendres. Quel est le verdict?

Et bien, le premier commentaire que l’on peut avancer est que Mel Gibson a très certainement réussi à atteindre les objectifs qu’il s’était fixés et que son film risque de faire parler de lui pour un bon moment. La violence contenue dans le long-métrage risque d’être au coeur de la plupart des conversations. Plusieurs personnes pourraient être surprises par l’acharnement de Gibson à montrer la souffrance par laquelle a dû passer le Christ. Cependant, cette violence n’est pas gratuite, elle ne sert pas à vendre le film. Elle sert plutôt à démontrer la folie de l’homme et sa brutalité inhérente. Ce que Gibson montre n’est que la stricte et dure réalité. Et c’est pourquoi on ne peut qualifier ce film d’antisémite. Certes, les Grands Prêtres juifs ne sont pas dépeints avec compassion, mais les romains ne le sont pas davantage. De plus, un Juif aide le Christ à porter sa croix et va même à son secours lorsqu’il se fait ruer de coups par les soldats romains. Ne serait-ce pas là l’antipode de l’antisémitisme? Une fois cette controverse réglée, on peut maintenant s’avancer sur la qualité technique du film. Bien évidemment, rien ne sert de s’attarder trop longtemps au scénario déjà connu de tous. Comme je le mentionnais, Gibson a gagné en assurance et possède davantage de maîtrise derrière la caméra. Sans franchir de nouveaux horizons, il parvient à assurer la qualité visuelle de son film. Son travail est souvent concentré sur un seul but : témoigner de la douleur du Christ. Le son et l’image sont utilisés de façon efficiente à cette fin. De plus, des flashbacks, brillamment insérés, viennent rappeler quelques moments importants de la vie de Jésus et la façon dont il a préparé ses apôtres à son départ tout en fournissant des moments riches en émotions.

Toutefois, The Passion of the Christ n’est pas un film très spirituel. Il va sans dire que Gibson veut nous faire croire en son histoire et a celle qui a inspiré de nombreux humains. Mais même la plus athée des personnes, telle que moi, ne sera dérangée par le désir du film de glorifier le christianisme puisque cette volonté est quasi inexistante. Le film est surtout centré sur le personnage de chair et de sang au-delà de l’homme envoyé sur la Terre par Dieu. Ce sera pour certains une grande force, pour d’autres, une amère déception. Personnellement, j’ai été touché par le récit des dernières heures d’un homme qui a sans aucun doute existé et dont la philosophie est des plus inspirantes même si des gens ont repris ses enseignements de la mauvaise façon et les ont transformés en une religion à laquelle je n’adhère pas. Cet homme est incarné par l’excellent Jim Caviezel qui brille dans sa prestation partagée entre sagesse, tristesse et souffrance. L’ensemble de la distribution joue également dans le ton voulu et avec suffisamment de retenue pour rendre leur personnages plus vrai que nature. Unique bémol dans le travail de Gibson : la décision d’utiliser et de représenter des démons, et même Satan. Bien que cela soit amené avec concision et réalisme, à l’image du film entier, on ne peut que se questionner sur la pertinence de cette décision. Je n’ai pas apprécié cet ajout qui cadrait mal dans le film et auquel je cherchais la réelle utilité, autant symbolique que cinématographique.

En conclusion, The Passion of the Christ est un très bon film qui peut être apprécié même par ceux n’adhérant pas au christianisme. Mel Gibson s’est surtout acharné à dépeindre les dernières heures de souffrance et de douleur d’un homme qui tentait d’enseigner une nouvelle philosophie. Même si on reste souvent au premier degré, il est intéressant de voir que le film s’attarde surtout à démontrer la mesquinerie de l’homme plutôt que de glorifier le christianisme. Sans révolutionner le cinéma, le récit est inspirant et suffisamment accompli sur de nombreux plans pour assurer la réussite de ce film.




Version française : La Passion du Christ
Scénario : Benedict Fitzgerald, Mel Gibson
Distribution : Jim Caviezel, Maia Morgenstern, Monica Belluci
Durée : 126 minutes
Origine : États-Unis

Publiée le : 26 Février 2004